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  • Test Eastward : une incroyable aventure

    Par DonBear
    Publié dans Tests
    29 sept. 2021
    5 min de lecture
    Test Eastward : une incroyable aventure

    Ça faisait un moment que je l’attendais, ce Eastward (depuis 2018 pour être précis). Son magnifique pixel-art m’avait tapé dans l’œil dès son annonce en 2018, et j’escomptais impatiemment de savoir si le reste allait suivre. Et je peux désormais le confirmer : C’est un petit bijou que je chérirais longtemps.

    Développeur : Pixpil - Éditeur : Chucklefish

    Sorti le 16 septembre 2021 sur PC et Switch au prix de 24,99 €.

    Testé sur PC grâce à un code fourni par Warning Up.

    Une beauté estivale

    Eastward sent bon l’été. On ne dirait pas comme ça, quand l’aventure commence sur l’île Cocotte. Avec ses mines envahies par des limaces, son maire tyrannique, ses commères et l’absence de verdure. Mais très vite, les péripéties de John et Sam vont nous emmener à la découverte du monde extérieur, là où il fait bon vivre. Du moins, c’est ce qu’on croit avant de rencontrer une menace qui détruit tout sur son passage.

    Enfin, ça n’empêche pas notre duo composé d’apprécier ces moments de grâce. Ces petits instants où tout semble léger, loin des problèmes habituels. Ce temps passé à explorer un village rempli de gens bienveillants, avec qui l’on prend plaisir à discuter. Et de gens comme ça, Eastward en déborde. On apprécie chaque dialogue, qu’il serve à faire avancer l’intrigue ou à enrichir le monde. De gens à qui on s’attache, grâce à leur caractère haut en couleur ou simplement par une petite blague bien placée. On en oublierait presque ces moments tragiques, qui rendent certains souvenirs plus difficiles à se remémorer. Car ça aussi, Eastward en est rempli. Que ce soit de déchirants adieux ou des révélations qu’on voyait venir mais qu’on ne voulait pas croire, on est servi en termes de dramaturgie. C’est ce qui fait la force du jeu et montre la maitrise de Pixpil, cette alternance entre ambiance légère et accablante.

    Eastward Screenshot

    Si Eastward sent autant l’été, c’est aussi – et surtout – grâce à sa direction artistique. Dès lors qu’on découvre le monde extérieur, le vrai, celui qu’on nous cachait à l’île Cocotte, apparaît un sublime pixel-art entraperçu dans le prologue. Il n’est pas aussi beau que peuvent l’être ceux de Backbone ou Tales of the Neon Sea, entre autres. Mais il s’en dégage un charme unique, appuyé par une direction artistique renversante. Certes, des coins bucoliques ou champêtres, on en croise à la pelle dans le jeu vidéo. Mais Eastward à ce petit je-ne-sais-quoi, ce petit quelque chose en plus, qui lui donne une identité propre malgré l’impression de déjà-vu – et qui a même la décence d’être cohérent en ne mettant pas une grotte en plein milieu d’une plaine.

    Peut-être est-ce ses lumières en 3D, qui, mélangées au reste des décors, leur confère une tout autre dimension. Peut-être est-ce simplement la tonne de détails que l’on peut apercevoir dans les villes, leur prodiguant une ambiance unique. Ou peut-être est-ce dû aux animations des personnages, si parfaites qu’elles les vivifient et transmettent leurs émotions sans même qu’ils n’aient à les exprimer au travers des dialogues. Mais c’est probablement la somme de tous ces éléments qui font d’Eastward un jeu plaisant à contempler.

    En plus de ses visuels, les musiques aussi font sacrément plaisir. Joel Corelitz, le compositeur, a vraiment su trouver les bonnes tonalités pour accompagner les pérégrinations de John et Sam. Outre leur qualité intrinsèque, elles s’intègrent parfaitement au rythme du jeu et enveloppent les visuels dans une douceur musicale. Il en résulte une aventure d’autant plus marquante, en sus d’une bande-son à ajouter dans vos favoris Spotify, ou Apple Music, ou que sais-je encore. Encore une bonne pioche. On est gâté cette année côté bande-son de jeux vidéo !

    Eastward Screenshot

    Un gameplay simple et efficace

    Et si Eastward sent l’été, c’est aussi grâce à sa simplicité qui rappelle des après-midi dédiés à la bronzette. Les concepts intégrés dans la boucle de gameplay se réduisent à peau de chagrin, et c’est franchement pas plus mal. Le jeu se divise en deux phases : les phases narratives dans les lieux habités et les phases d’exploration dans les donjons. Les premiers servent donc à faire avancer l’histoire, sacrément bien écrite. Pixpil divulgue avec parcimonie les enjeux, et révèle leurs conséquences au compte-goutte. Suffisamment pour tenir le joueur en haleine, sans trop en dévoiler d’un coup. En fait, c’est tellement bien écrit que ça me rappelle Undertale. Déjà dans son humour omniprésent et subtil, mais aussi dans la profondeur dissimulée entre deux blagues. Eastward n’est assurément pas aussi novateur que l’étaient Undertale et ses combats pacifiques, mais il apporte pourtant les mêmes sensations quand on découvre ses personnages et son univers. En même temps, ils sont tous deux inspirés d’Earthbound, un JRPG innovant à son époque (1994) par son contexte contemporain. Ce n’est donc pas si étonnant.

    Concernant les donjons, c’est simple : on joue John, qui fout des tartes avec sa poêle – voilà ce qui arrive quand on aime faire la cuisine et dézinguer du monstre – et Sam, qui possède de mystérieux pouvoirs capables de figer les ennemis. Les deux utilisent la même barre de vie, alors autant dire que certains passages sont parfois cotons. Surtout que les adversaires sont quand même vicieux, comme ces piafs intouchables dans les airs qui nous foncent dessus à peine posée la patte à terre. Bon, après, le jeu est globalement accessible et pas difficile. C’est comme les énigmes : on a pas besoin de trop de matière grise pour les comprendre, mais elles demandent de temps à autre un peu de réflexion pour s’en sortir. Eastward se situe dans le juste milieu entre challenge et simplicité, et je crois bien que c’est de là que découle ce sentiment agréable de maitrise. Parce que, même les passages où John et Sam sont séparés et doivent coopérer pour faire avancer l’autre sont vachement réussis, en plus de donner un peu de variations aux donjons.

    Eastward Screenshot

    Du neuf avec du vieux

    Et puis si vous en avez toujours pas assez, ou que vous en avez marre de faire la même chose – il faut bien avouer que la boucle de gameplay se répète pas mal – vous pouvez toujours faire une partie de Earthborn. C’est quoi Earthborn ? Un jeu complet auquel vous pouvez jouer dans Eastward. Un RPG à la sauce Dragon Quest, où on incarne un héros lambda à la rescousse d’une princesse tout aussi banale. Et d’ailleurs, c’est rigolo, car le jeu s’ouvre justement sur l’introduction du dit jeu et nous fait croire qu’on va encore jouer à un JRPG classique. Sauf qu’en fait, c’était faux, on joue bien un mineur muet et une petite fille sous speed comme le montraient les trailers. Il y a un vrai côté méta dans le jeu, rempli de références et de clins d’œil plus ou moins subtils. Certains apprécieront, d’autres pas; mais ce qui est sûr, c’est qu’Eastward transpire l’amour des développeurs envers la pop culture. À tel point que ça en dégouline presque, et lui apporte un cachet en plus. En fait, Eastward, c’est un jeu rétro à la Zelda, avec l’écriture d’un Undertale, mis au goût du jour avec un gameplay bien ficelé et une jolie direction artistique. Ça n’invente rien, mais ça le fait tellement bien que ça serait idiot de ne pas lui pardonner.

    Eastward Screenshot

    Bon, ceci étant dit, j’ai quand même quelques réserves à émettre. Déjà, les allers-retours. Certains objectifs du genre « Tu peux aller voir si untel, bidule et truc vont bien ? » vous demandent d’aller voir chaque personne une à une, de régler leur compte aux monstres qui les menacent et de revenir voir l’individu qui vous a assigné cette fastidieuse tâche. C’est pas folichon, on est bien d’accord. On doit aussi faire face à quelques longueurs scénaristiques, notamment dans le chapitre 3, avec par exemple un défi qui prend beaucoup trop de temps pour pas grand-chose.

    Et puis dans les combats, la hitbox des ennemis est parfois exaspérante. Il m’est fréquemment arrivé de croire être trop loin d’un ennemi pour pouvoir le toucher, tout comme ils m’ont souvent surpris à m’infliger des dégâts alors que je m’imaginais suffisamment éloigné. Ce qui concerne aussi les combats de boss. Sympathiques sur le papier, exigeant tous une stratégie unique pour les vaincre, ils peuvent être frustrants dans la pratique. Déjà parce que certains représentent un gros pic de difficulté, comme l’avant-dernier boss qui demande un sens du timing divin pour en triompher. Et aussi parce que la stratégie à employer est parfois casse-pied. Mais je pense que nous serons d’accord pour dire que ces légers défauts n’entachent pas la pléthore de qualités du jeu.

    Points positifs


    Un pixel art aux petits oignons
    Une jolie direction artistique
    Les personnages attachants
    Le duo John/Sam et leur synergie dans le gameplay
    Une histoire qui joue avec nos émotions
    L’alternance entre légèreté et drame
    La montée en puissance, surtout vers la fin
    Earthborn, un jeu dans le jeu
    Des mécaniques bien agencées
    La bande-son

    Points négatifs


    Le mutisme de John
    L’ergonomie des combats
    Beaucoup d’allers-retours

    9
    Indispensable
    Pixpil dévoile avec leur premier jeu une maitrise incroyable et place la barre très, très haute. Eastward est un jeu fait avec le cœur et ça se ressent à chaque instant. Que ce soit avec ses sublimes visuels, ses personnages attachants, son histoire haletante ou son gameplay accrocheur, tout est fait pour embarquer le joueur dans une belle aventure. Il y a bien des allers-retours éreintants et des combats de boss trop difficiles, mais rien qui ne vienne faire de l’ombre à sa myriade de qualités. Un de mes coups de cœur de l’année.

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    EastwardPixpilAventure

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    1
    Une beauté estivale
    2
    Un gameplay simple et efficace
    3
    Du neuf avec du vieux

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