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  • Test Ghost of Tsushima Director's Cut : Le jeu de samouraï ultime

    By DonBear
    Published in Tests
    September 04, 2021
    9 min read

    Ghost of Tsushima, c’est l’une des plus grosses exclues de la PlayStation 4 en termes de ventes. En novembre dernier, soit quatre mois après sa sortie, le jeu s’était déjà écoulé à 5 millions d’exemplaires, faisant de lui le titre s’étant distribué le plus rapidement parmi ceux développés par un studio interne de Sony. Un beau palmarès donc, totalement justifié par la qualité de l’œuvre. Son contexte original, son ambiance unique et son gameplay maîtrisé en font l’un des meilleurs open world à ce jour. Mais Sucker Punch n’a pas dit son dernier mot, puisque le studio propose dorénavant la version Director’s Cut, qui ajoute un DLC et des fonctionnalités supplémentaires. Alors, vrai ajout ou contenu anodin ?

    Avant toute chose, faisons un petit point sur les prix. Les possesseurs de la version PS4 du jeu de base peuvent acheter la version PS4 de la Director’s Cut pour 19,99 €. Pour passer de la version originale PS4 à la version Director’s Cut sur PS5, il faudra débourser 29,99 €. Pour l’upgrade de la version Director’s Cut PS4 à la version PS5, ce sera 9,99 €. Pour ceux n’ayant pas le jeu, ce sera 69,99 € sur PS4 et 79,99 € sur PS5. Oui c’est pas simple, mais voici un moyen mémo-technique : quoi que vous fassiez, faut allonger la monnaie.

    Les sushis coupés du directeur

    Il n’y a pas si longtemps encore, les « versions complètes » s’appelaient des Definitive Edition, ou Enhanced Edition. Sony semble vouloir changer cette habitude en popularisant le terme Director’s Cut, avec son utilisation pour cette nouvelle version de Ghost of Tsushima, et celle à venir de Death Stranding. Si cette désignation ne convient pas au jeu de Kojima comme il l’a affirmé lui-même, elle prend ici tout son sens. L’île d’Iki n’est pas un ajout comparable à la ville de Toussaint pour The Witcher 3 ou l’Irlande pour Assassin’s Creed Valhalla, car elle se constitue comme un complément qui s’intègre au scénario originel. Le DLC approfondit le passé de Jin, donnant au joueur une meilleure compréhension du personnage. Le terme Director’s Cut – tel qu’il est employé dans l’industrie cinématographique – se justifie donc parfaitement pour Ghost of Tsushima.

    Comme sur l’île de Tsushima, le DLC demandera à Jin Sakai de repousser l’envahisseur mongol. Sauf que cette fois, l’antagoniste passe au second plan, le rôle principal étant accordé aux tourments psychologiques de Jin. Et on ne parle pas de trancher entre pain au chocolat et chocolatine, mais bien de vrais traumatismes pas sympas à affronter. Tout commence par la découverte d’un camp mongol où les prisonniers japonais ont sombré dans la folie. Décidé à tirer ça au clair, Jin se rend sur l’île d’Iki et se fait malencontreusement capturer. Il se fait empoisonner après avoir rencontré l’Aigle – une cheffe mongole un peu flippante – et se met à avoir des hallucinations. Il y revit des souvenirs douloureux, et tandis qu’il s’évade, il se rend compte que la voix de son ennemie l’accompagne partout.

    Ghost of Tsushima Screenshot

    Si le scénario reprend la même formule – à savoir libérer une île du joug de l’envahisseur –, il a néanmoins le mérite d’être efficace. Pas de circonvolutions, pas de lenteurs inutiles : il va droit au but avec des enjeux clairs et rapidement posés. Forcément, il se termine tout aussi vite – comptez 5 h pour en voir le bout –, mais jouit d’un rythme soutenu qui tient en haleine jusqu’à son final. Le passé de Jin y est central et offre un approfondissement plus personnel du personnage : on comprend mieux les épreuves qu’il a dû traverser et sa relation avec son père. Certes, l’Aigle est une ennemie charismatique, tout autant que Khotun Khan. Mais elle ne sert que de catalyseur au développement de Jin. Si le jeu de base en faisait un héros sans peur, ce DLC utilise les hallucinations pour explorer en profondeur ses craintes et ses traumatismes. En plus de les intégrer intelligemment en fonction de nos actions, ces hallucinations sont d’autant plus saisissantes qu’elles peuvent aussi bien apparaitre pendant une quête principale qu’une quête secondaire.

    Ghost of Tsushima Screenshot

    Néanmoins, la mise en scène n’est pas plus convaincante que celle du jeu de base, la faute à des plans peu travaillés lors des dialogues. Les cinématiques se laissent suivre grâce aux excellents doublages, mais restent trop économes en termes de réalisation en se basant essentiellement sur des champs/contrechamps et des cadres larges. Cependant, l’ambiance de l’île d’Iki se différencie nettement de celle de Tsushima. Les phases hallucinatoires rappellent fortement celles de Far Cry 3 et Batman : Arkham Asylum. Distordant la réalité, fluides et merveilleusement mises en scènes, elles reflètent avec brio les traumatismes du samouraï. Ses angoisses sont palpables, et ces séquences font assurément partie des meilleurs passages du DLC. La poésie reste présente grâce à certains décors somptueux et quelques activités annexes, mais elle se voit globalement remplacée par la noirceur qui habite l’âme de Jin. D’autant plus que ce dernier n’est pas le bienvenu sur l’île, les samouraïs étant eux aussi considérés comme des envahisseurs suite aux attaques du clan Sakai. Cette animosité déclenche une rupture de ton très nette avec l’île de Tsushima, où Jin est perçu par les habitants comme un seigneur et représente l’esprit vengeur des Japonais. Le jeu de base était déjà lugubre dans sa manière de dépeindre les conséquences d’une invasion; le DLC l’est encore plus en enrobant le tout avec la folie engendrée par le poison de l’Aigle.

    Ghost of Tsushima Screenshot

    Belle île en mer

    L’île d’Iki a beau être plus compacte que la plus petite partie de celle de Tsushima, elle apporte tout de même quelques innovations. L’exploration conserve le même fonctionnement, à savoir moult activités comme réfléchir à la vie dans des sources chaudes, écrire des haïkus en pensant à la mort ou au printemps, trouver des sanctuaires ou encore suivre des renards tout mignons. À la liste initiale s’ajoutent quelques nouveautés, comme les temples d’animalerie, où il faudra réussir à jouer de la flute avec le gyroscope de la manette, des défis d’archerie, une arène, etc. Bien que cette liste ne soit pas exhaustive, les nouveautés du côté de l’exploration ne sont pas légion : un nombre plus conséquent d’activités inédites aurait été appréciable et permettrait à l’île d’Iki de se démarquer d’autant plus de l’île de Tsushima. Celles qui sont présentes restent bienvenues, et de toute façon, on ne s’ennuie jamais avec la tonne de choses à faire. Mais l’ajout de contenu reste toutefois assez faible pour ceux ayant déjà fait le jeu de base.

    Ghost of Tsushima Screenshot

    De toute manière, pas besoin d’excuse pour se perdre dans les magnifiques paysages du jeu. Si techniquement Ghost of Tsushima ne brille pas parmi les AAA actuels, sa force réside en réalité dans sa direction artistique qui lui confère une identité unique. Et l’île d’Iki ne fait pas exception. Sublimes, remplis de poésie et de drames, les environnements offrent à chaque regard un effet carte postale, poussant le joueur à s’arrêter pour simplement admirer ces formidables panoramas. Sucker Punch ne cherche pas à retranscrire des environnements réalistes, mais plutôt à utiliser un minimalisme stylisé avec un ensemble de couleur homogène en fonction des régions. Si vous voulez plus de détails à ce sujet, l’excellente vidéo de Nostalgeek explique la signification des couleurs et leur utilisation dans le jeu. Concernant l’île d’Iki, les visuels sont pour la plupart plus sombres, avec dès notre arrivée sur l’île des ossements et des épaves de bateaux échoués. Le ton est vite donné, et si certains lieux restent empreints de poésie grâce à la présence de couleurs vives, la tendance générale ira plutôt vers le gris, et aux bâtiments abandonnés recouverts de lauriers. Une ambiance morose et pas rose, mais toujours aussi plaisante à contempler.

    Ghost of Tsushima Screenshot

    L’aspect sonore accompagne à la perfection ces charmants visuels. Composée par Shigeru Umebayashi, la bande-son est un véritable plaisir pour les oreilles. Rythmant autant les combats avec frénésie que la contemplation avec douceur, elle mélange efficacement une ambiance japonaise marquée par la présence de flûte avec des musiques orchestrales. Les musiques apportent énormément d’impact aux moments cruciaux du scénario, qui perdraient de leur puissance narrative sans elles. Comme dit plus haut, les doublages ne sont pas en reste, avec des voix françaises qui font parfaitement le job et se montrent convaincantes. En même temps le casting est de qualité : Damien Boisseau (voix de Matt Damon et Edward Norton) double Jin Sakai, Éric Aubrahn double Shimura, Hélène Bizot (Voix de Naomi Watts, Tomoko dans GTO) double Yuna, etc. Mais pour ceux qui veulent une immersion complète, je ne peux que conseiller les voix japonaises, qui possèdent assurément la meilleure qualité. Jin est doublé par Kazuya Nakai, (Zoro dans One Piece), Shimura est doublé par Akio Ootsuka (Barbe Noire dans One piece), Yuna est doublée par Yufu Mizuno (Kani dans Gintama), etc. Que du beau monde, et un régal pour les oreilles.

    Ghost of Tsushima Screenshot

    Un jeu qui a du tranchant

    Au rang des nouveautés, le gameplay trône dans le haut du panier. On peut noter parmi les améliorations l’ajout de la sélection d’ennemis lors des combats. Ces derniers, d’ores et déjà excellents dans le jeu de base, deviennent ici d’autant plus agréables que la caméra ne part pas en vacances lorsque l’on se retrouve face à plusieurs ennemis. Le lock est rapide, tout comme le changement de cible une fois activé. Une nouveauté très utile lors des duels qui permet à Jin de ne plus balancer des coups de sabre dans le vent. Et même en dehors des affrontements en tête à tête, ils permettent une meilleure lisibilité de l’action, devenue indispensable face aux ennemis inédits du DLC. Les chamanes, des adversaires qui utilisent des chants martiaux pour booster leurs petits copains, sont de vraies crapules et font partie des pires ennemis du jeu. Toujours loin du champ de bataille, leurs alliés deviennent complètement hystériques et vous attaquent sans cesse, rendant les combats contre plusieurs opposants diablement plus difficiles. Il faut en priorité s’occuper des chamanes, mais comme ces derniers se postent loin de l’action, on a vite fait de se prendre un coup par ceux qui nous encerclent.

    Ghost of Tsushima Screenshot

    Surtout qu’ils ne sont pas les seuls à s’inviter à la fête, puisque de nouvelles brutes ont rejoint les rangs mongols sur l’île d’Iki. Ces adversaires sont particulièrement robustes, et tapent vraiment fort, au point d’enlever presque la moitié de la barre de vie avec un coup bien placé. Autant vous dire que la prise de camps ennemis ne ressemble en rien à une balade de santé. Quant au pauvre Jin, il ne bénéficie que de peu d’améliorations. Il y a bien la charge montée qui permet de dégommer du mongol à dos de cheval en consommant de la détermination, mais c’est la seule nouveauté présente pour le samouraï. Il aurait été intéressant de voir de nouveaux combos possibles, de nouveaux objets à utiliser, voire une nouvelle posture. Rien de tout ça, bien que certaines quêtes octroient de nouvelles pièces d’équipements, dont certaines disposant d’un concept sympathique. Par exemple, l’armure de Sarugami supprime les parades classiques pour ne laisser place qu’aux parades parfaites. Le timing est quelque peu élargi, mais demande toujours des réflexes aiguisés pour l’utiliser. En cas de réussite, Jin pourra alors trancher deux ennemis au lieu d’un seul. Ce changement de gameplay offre une nouvelle dynamique au combat, et apporte un vent de fraîcheur bienvenu, bien qu’il ne soit pas suffisant pour pallier au manque de nouvelles capacités.

    Ghost of Tsushima Screenshot

    Au cas où vous vous poseriez la question, l’infiltration – qui était déjà l’un des points faibles du jeu de base – ne dispose ici d’aucune amélioration. Les ennemis sont toujours aussi aveugles, le level design toujours aussi propice aux élminitations furtives, et la simplicité d’abattre un camp entier sans se faire repérer reste identique. Une infiltration souvent en dessous des combats en termes d’intensité et d’intérêt.

    Et sur PS5 alors ?

    Qui dit PlayStation 5, dit DualSense, dit manette incroyable. Mais qui dit manette incroyable ne veut pas forcément dire potentiel exploité. En l’occurrence, Ghost of Tsushima s’en sort bien, sans complètement tirer parti des capacités de la manette. Les gâchettes adaptatives, par exemple, ne sont utilisées que pour l’arc et une nouvelle utilisation du grappin dans le DLC. Ce qui est dommage, car ces gâchettes ajoutent de nouvelles sensations plaisantes, et elles auraient pu être utilisées pour renforcer l’immersion. On aurait pu imaginer par exemple une résistance plus forte au fur et à mesure des dégâts encaissés par Jin, qui lutterait pour soulever son sabre. Cependant, les retours haptiques sont quant à eux bien utilisés et confèrent vraiment une autre dimension à la façon de jouer. Lorsque Jin chevauche son fidèle destrier, l’intensité des vibrations diffère en fonction de l’endroit de la surface sous les sabots du cheval. Ça paraît être un rien, mais ça change totalement le ressenti lors des trajets.

    Ghost of Tsushima Screenshot

    À part ça et de manière logique, la PlayStation 5 offre une expérience largement supérieure à celle de la PlayStation 4. Déjà, la possibilité de jouer en 60 FPS améliore grandement les combats, qui deviennent d’une fluidité exemplaire. La 4K rend les panoramas d’autant plus beaux, et c’est un véritable plaisir de gambader sur les terres japonaises. Les temps de chargement, déjà pas bien long sur PS4, sont presque inexistants sur PS5. Si certains en doutaient encore, l’expérience se montre bien plus agréable et proche de la perfection sur la dernière console de Sony.

    Ghost of Tsushima Screenshot

    Petit point pour finir mais non négligeable : entre le moment où j’ai commencé le jeu et le moment où j’écris ces lignes (à savoir deux semaines), Sucker Punch a déjà publié quatre mises à jour. C’est un suivi exemplaire de la part des développeurs, qui ne se tournent pas les pouces et continuent à affiner l’expérience du jeu déjà très plaisante.

    Points positifs


    La direction artistique
    Les combats
    Les options d’accessibilité
    Une ambiance unique
    Les nouveaux ennemis
    Les musiques juste incroyables
    Les doublages français et japonais
    Le 4K/60 fps sur PS5
    La difficulté, accessible sans être trop facile
    Les séquences d’hallucinations très réussies
    Le développement de Jin
    Certains passages vraiment épiques
    Le scénario, simple et efficace
    Les nouvelles activités

    Points négatifs


    Des graphismes pas toujours incroyables
    L’infiltration, toujours pas ça
    Trop peu de nouveautés
    La mise en scène pauvre des cinématiques

    9
    Indispensable
    Le verdict est simple : si vous n’avez jamais joué à Ghost of Tsushima, cette version devient automatiquement un indispensable en ajoutant à l’excellent jeu de base du contenu supplémentaire d’aussi bonne qualité. Cependant, si vous avez déjà la version originale, l’intếret à porter à ce DLC dépendra de votre appréciation de vos aventures sur l’île de Tsushima. Les amoureux de Jin Sakai trouveront une aventure courte mais bien écrite à découvrir, les autres auront plus de mal à justifier le passage à la caisse pour seulement 5 à 15 h supplémentaires. L’île d’Iki est sublime, et l’histoire contée en ces terres permet d’approfondir le caractère de Jin et de le rendre d’autant plus attachant. Les nouveaux ennemis et les ajouts de quelques mécaniques (lock des ennemis, new game +, plus d’accessibilité) offrent une expérience globalement meilleure. L’exploration, quant à elle, n’apporte que peu d’éléments inédits. Cette version Director’s Cut de Ghost of Tsushima présente les mêmes qualités et les mêmes défauts que la version originale, ainsi qu’un DLC vite terminé mais maitrisé de bout en bout.

    Tags

    PS5Sucker PunchSonyMonde ouvert

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    DonBear

    DonBear

    Fondateur

    DÉVELOPPEUR :

    Sucker Punch

    ÉDITEUR :

    Sony

    DATE DE SORTIE :

    20 aout 2021

    PLATEFORME :

    PS4 et PS5

    PRIX À LA SORTIE :

    79,99

    Testé sur PS5 grâce à un code fourni par l'éditeur

    Table Of Contents

    1
    Les sushis coupés du directeur
    2
    Belle île en mer
    3
    Un jeu qui a du tranchant
    4
    Et sur PS5 alors ?

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