Vous avez toujours rêvé d’aller à Woodstock mais vous n’étiez pas nés ? Vous rêvez d’un road trip ambiance années 70 avec vos potes ? Et bien, vous pouvez en avoir un bref aperçu grâce au studio français Glee-Cheese Studio. Un nom qui ne doit pas vous dire grand-chose, et ce, pour une bonne raison : c’est un jeune studio, qui n’a à son actif qu’un seul jeu. Et vous vous en doutez, c’est de lui qu’on va parler aujourd’hui.
Commençons par le commencement : A Musical Story est un jeu de rythme assez basique dans son fonctionnement. Vous n’aurez besoin que de deux touches, à savoir les flèches gauche et droite de votre clavier (ou LB/RB sur une manette). Bien entendu, il y a quelques variations comme appuyer sur les deux en même temps ou maintenir une touche appuyée un certain temps, mais c’est globalement très accessible. Là où il se démarque de ce qui se fait habituellement, c’est que la musique est réellement au cœur du gameplay. Il est impossible de parvenir à progresser avec le seul support visuel. Le rythme des touches se mélange parfaitement à celui de la musique et demande ainsi de se focaliser sur l’écoute, bien plus que sur ce qu’affiche l’écran. Et ce n’est pas tout.
Ce qui est vraiment très bien pensé, c’est la construction progressive de la musique. Chaque boucle de gameplay correspond donc à une boucle musicale : on commence par exemple par suivre le rythme de la batterie, puis celui de la basse, celui de la guitare, etc. L’effet direct est qu’on voit la musique s’enrichir à chaque nouvelle boucle, apportant une énorme satisfaction dès lors que l’on accroche aux riffs. Chaque morceau s’intensifie au fur et à mesure des réussites, et cette montée en puissance devient instantanément enivrante.
Pas de panique pour ceux qui ont laissé le sens du rythme sur le bas-côté : une aide est disponible et s’enclenche dès que l’on rate plusieurs fois un passage. Elle consiste à ajouter un repère visuel permettant de ne pas se reposer uniquement sur la musique. Ceci étant dit, et c’est là pour moi le plus gros problème du jeu (comme quoi ils sont vraiment anodins), la première note est généralement assez difficile à avoir. À partir du moment où on loupe une première fois, choper le rythme à partir de la première note devient parfois un casse-tête un peu agaçant. Rien de dramatique, loin de là, mais à noter malgré tout.
Bon, c’est pas tout ça, mais parlons quand même de musique ! Autant dire les choses simplement, c’est tout bonnement excellent. Un vrai délice pour les oreilles, du moins pour celles qui sont bercées par les Pink Floyd, Funkadelic, Deep Purple et autres groupes des années 70. On parle ici de riff de guitare avec de la grosse disto, de synthés psychédéliques, d’ambiance vaporeuse et pourquoi pas de drogues dures. Les inspirations de Charles Bardin et Valentin Ducloux, les compositeurs, sont très nettement affichées, et c’est franchement pas plus mal ! Quiconque apprécie le style musical trouvera dans A Musical Story une bande son à écouter en boucle.
Cependant, pour les autres, vous pouvez passer votre chemin, car on reste dans le même cadre tout au long du jeu. Tout comme le gameplay, on pourra peut-être reprocher une certaine impression de répétitivité dans les riffs. Mais pour ceux qui aiment, ça n’en est que meilleur. Le jeu vise assurément un groupe bien spécifique de joueurs, et les fans de rap/techno/metal/musique classique et tout style musical autre que le rock des années 70 restera sur le carreau.
Ce choix musical s’explique grandement par le scénario et l’ambiance du jeu. Ou peut-être est-ce l’inverse ? Qui de l’œuf ou de la poule ? Dans le fond, peu importe. A Musical Story raconte l’histoire d’un jeune guitariste bien décidé avec ses potes à aller à Pinewood, une sorte de Woodstock fictif. On avale avec eux les kilomètres, on entrecroise nos destins avec d’autres, et bien sûr, on fait de belles sessions de jam avec le volume à fond. Le tout avec une ambiance hippie, autrement dit drogue sexe et rock’n’roll (ou synthé planant en fonction des moments). Bien évidemment, le style du personnage principal évoque Jimi Hendrix et le jeu sonne comme un hommage touchant.
L’histoire se laisse suivre avec plaisir grâce à l’ambiance musicale mais aussi par la grande beauté visuelle du jeu. Au cours de la vingtaine de chapitres que dure l’aventure (dont un en bonus à condition de réussir parfaitement les autres), on découvre à chaque étape une ambiance bien particulière grâce aux peintures souvent sublimes. Après, pour être totalement transparent, je n’ai pas non plus été transporté par l’histoire, qui, pourtant, fait le choix audacieux de se raconter sans aucun dialogue. Mais pour les deux heures que durent A Musical Story, il n’y avait pas besoin d’un scénario accrocheur. Juste d’une musique porteuse et d’un gameplay suffisamment bien huilé pour avoir envie d’écouter la suite. Et là-dessus, le jeu est irréprochable.