• Tests
  • Previews
  • Coulisses
  • Archives
  • Analyses
  • Test AI Somnium Files Nirvana Initative - Murder on the way

    Par DonBear
    Publié dans Tests
    9 août 2022
    6 min de lecture
    Test AI Somnium Files Nirvana Initative - Murder on the way

    Le Visual Novel, c’est quand même un genre un peu particulier. Au-delà du fait que les jeux qui le constituent sont intégralement composés de textes, leur scénario est le principal intérêt qu’on peut leur porter. Des jeux vidéo qui, finalement, se savourent comme un livre dont vous êtes le héros, en profitant au passage en général de superbes illustrations et parfois de doublages de qualité. Et il ne fait aucun doute que le studio Spike Chunsoft a produit parmi ses plus beaux représentants.

    Un des meilleurs auteurs de VN

    Kotaro Uchikoshi fait partie de ces auteurs peu connus et pourtant dotés d’un talent unique. Sans rentrer dans le détail de toutes ses œuvres, certaines comme la série des Zero Escape ont propulsé l’écriture à un tout autre niveau. S’inspirant d’Asimov et Vonnegut, de la résonance morphique de Sheldrake ou encore de concepts philosophiques comme le dilemme du prisonnier, ses récits usent et abusent du twist. Si on n’est pas au niveau d’un 13 Sentinels, ceux ayant joué à ses précédents titres savent qu’une aventure créée par Uchikoshi s’annonce riche en rebondissements, frôlant toujours le ridicule mais conservant envers et contre tout une cohérence exemplaire.

    Alors quand AI Somnium Files a pointé le bout de son nez en 2019, c’était un immense plaisir pour les fans. Une licence originale avec des personnages attachants et un univers neuf, une histoire concentrée sur une enquête dans un monde de science-fiction où se côtoient les pires gags avec des intelligences artificielles très intelligentes. Et surtout, un récit bien construit et bien rythmé. Le jeu n’est pas exempt de défauts, loin s’en faut. Mais pour autant, il apportait un vent de fraîcheur et était digne des précédentes productions de l’auteur. Une suite ne pouvait être qu’une bonne nouvelle… non ?

    Vous reprendrez bien un peu d’AI

    Et bien, par certains aspects, oui. Déjà, retrouver les personnages qu’on a appris à connaître et apprécier est un vrai plaisir. AI Somnium Files : The Nirvana Initiative (qu’on appellera dorénavant Nirvana Initiative) prend place six mois après le premier opus. Alors que les personnages habituels et le nouveau venu Ryuki prennent part à un jeu télévisé diffusé en direct, un corps apparaît subitement. Du moins, la moitié, car le cadavre est coupé en deux avec une précision hallucinante – au niveau moléculaire, c’est pour dire –. Et ce n’est pas tout, puisqu’il est accompagné d’un panneau avec écrit dessus « Fray to free » et un QR code qui, une fois scanné, présente une vidéo incompréhensible. Mais le plus étrange, c’est que la deuxième partie du corps est retrouvée six ans plus tard au beau milieu d’un stade ! On va donc incarner Ryuki et Mizuki – oui oui, celle du premier – dans deux époques différentes pour résoudre ce mystère, en plus des meurtres qui vont suivre.

    Nirvana Initiative

    Il faut dire que ce scénario tiré par les cheveux est plaisant à suivre. Moins que le premier certes, mais j’y reviendrais plus tard. Bien sûr, on se demande comment tout ça est possible et les réponses finissent bien par arriver dans le dernier tiers du jeu. Dernier tiers qui est par ailleurs le plus intéressant, notamment grâce à un côté méta tantôt déjà vu, tantôt surprenant. En même temps, il n’est pas bien difficile à mettre en place avec la présence d’une secte qui croit dur comme fer que notre monde n’est qu’une simulation. Certains pesteront sans doute tant l’utilisation du brisage du quatrième mur est devenue monnaie courante, mais je trouve personnellement que son usage est suffisamment restreint et appuyé aux bons moments pour ne pas devenir lourdingue. J’en profite pour préciser que le jeu n’est qu’en anglais, et s’agissant d’un visual novel, comporte quasiment intégralement des séquences où il faut lire des dialogues. Le niveau est relativement accessible, mais fermera les portes aux anglophobes les plus retors.

    Une histoire valorisée par une mise en scène plutôt dynamique et bien fichue, à défaut d’être révolutionnaire. Il arrivera quelques fois lors de l’enquête qu’un groupe d’individus mal intentionnés cherche à vous évincer – physiquement parlant – et s’ensuivra logiquement une scène de baston. Dans ces moments-là, il s’agira de réussir un enchainement de QTE pour continuer la cinématique. Bon, au-delà de ce que je pense des QTE qui pour moi n’apportent rien en termes d’immersion ou de gameplay, j’ai plutôt été séduit par les chorégraphies lorgnant sérieusement vers le nanardesque mais fluides et agréables à regarder malgré tout. On se laisse entraîner dans l’action, on rigole un bon coup, et on passe à la suite.

    Nirvana Initiative

    Quant aux somnium, ces passages où on entre dans l’esprit d’une personne grâce à une machine pour révéler ses secrets les plus enfouis, ils font bien évidemment leur retour et le font plutôt bien. Dans le premier opus, certains somnium étaient un casse-tête sans queue ni tête dont la progression ne pouvait se faire qu’en essayant une à une toutes les possibilités. Dans Nirvana Initiative, ils sont beaucoup plus agréables grâce à une logique apparente et rarement capillotractée. Si on perd quelque peu de l’ambiance loufoque de ceux du premier, on gagne en fluidité et en accessibilité. Un mal pour un bien.

    AIe AIe AIe

    Mais cette suite présente aussi des défauts qui étaient moins percutants dans le premier opus. Celui qui m’a le plus exaspéré concerne les longueurs scénaristiques. Pour une raison que je ne saurais m’expliquer, il arrive plusieurs fois que le scénario exige d’explorer différents secteurs mais sans vraiment le justifier. Par exemple, on recherche à un moment un personnage, car on le suspecte de quelque chose. On se met donc en route, on explore six ou sept zones sans le trouver, et là on se dit que ça valait bien la peine. Surtout qu’on apprend peu de temps après qu’il nous avait envoyé un message pour nous signaler qu’il partait en camping loin du quartier… Message que l’on n’a bien évidemment pas vu pour une raison totalement incohérente puisqu’on possède une IA intégrée ! Ça n’a déjà pas de sens scénaristiquement parlant, mais on pourrait accepter la situation. Sauf que, en termes de jeu, ça pousse juste à faire des trajets… Pour rien. Alors, certes, ça sert à croiser d’autres personnages et discuter avec eux, permettant ainsi de les développer. Mais n’y avait-il pas une façon plus subtile, et surtout, plus intéressante d’y parvenir ?

    Nirvana Initiative

    Ces trajets éreintants, on va en devoir en faire plusieurs. Et le plus grave, c’est qu’ils découlent d’un problème plus grave encore : la résolution des mystères. Dans le premier jeu, l’enquête était bien rythmée et cohérente dans l’univers du jeu. On avait l’impression d’avoir les choses sous contrôle, ou du moins que les événements se déroulaient de manière assez logique. Mais là, dans Nirvana Iniative, j’ai plusieurs fois eu l’impression que le scénario avançait au hasard. Ou plutôt qu’il progressait parce qu’il fallait avancer mais sans avoir de réelle connexion avec les événements précédents. Pour vous donner un exemple parlant, on cherche quelque chose à un moment du jeu. La réponse ne naîtra pas d’intelligentes déductions ou de discussions endiablées. Non, non, l’indice vient simplement d’une voyante qui utilise des boules de cristal. Alors, en soi, ça pourrait renforcer le côté méta. Mais en l’état, c’est surtout une grosse ficelle difficilement justifiable. Et dans un jeu d’enquête, il n’y a pas pire sentiment que celui d’une construction scénaristique bancale. Attention, je ne dis pas que l’histoire racontée est mauvaise, mais simplement que la façon de résoudre certains mystères tient plus du hasard que d’une suite d’événements. Venant d’Uchikoshi, qui a par le passé prouvé ses talents de narrateur minutieux, ça n’en est que plus décevant.

    Même la construction des personnages est moins poussée que celle du précédent jeu de la licence. Parce que dans celui-ci, on finissait par suspecter chacun de nos proches, ce qui venait effacer l’impression d’un caractère monolithique. Par exemple, Iris était représentée comme une starlette du net enfantine et trop naïve pour son propre bien. Le cliché de la nana qui oscille entre séductrice et gamine immature. Mais on la voit rapidement sous un autre aspect lorsque le scénario nous pousse à croire qu’elle est vraisemblablement la tueuse que l’on recherche. Et quasiment chacun des personnages y passe.

    Nirvana Initiative

    Alors que là, la recherche du meurtrier n’utilise jamais de potentiels suspects. Il y a bien quelques passages où on se dit « ah lui, il est vraiment louche » mais c’est désamorcé tellement vite que leur personnalité ne gagne jamais vraiment en profondeur. Notre perspective n’est jamais remise en cause et même pire : les meurtres sont finalement assez oubliables. Parce qu’ils ne touchent pas les personnages que l’on apprécie, mais plutôt ceux que l’on considère déjà comme des raclures ou des gens bizarres que l’on rencontre peu de temps avant. Mettre en danger des personnages avec qui on a discuté, que l’on a appris à découvrir et surtout que l’on apprécie, ça implique beaucoup plus que le meurtre de parfaits inconnus.

    Pour être honnête, j’ai dû me forcer pour arriver jusqu’au fin mot de l’histoire. Au-delà des défauts que je viens d’évoquer, la linéarité plus prononcée que celle du premier opus m’a fait moins accrocher, puisque j’avais l’impression d’être beaucoup plus guidé. Linéarité forcée par des branches bloquées tant qu’on a pas appris une information spécifique dans une branche parallèle. Et puis, bien sûr, les blagues en dessous de la ceinture presque omniprésentes qui alourdissent fréquemment les dialogues n’aident pas. On peut constater une amélioration par rapport au premier opus où c’était vraiment trop, mais ce sont des blagues qui sortent de nulle part en plus d’être rarement drôles. Tout ça cumulé fait que Nirvana Initative n’est pas un mauvais jeu et reste divertissant, mais marquera sans doute moins les esprits que son prédécesseur.

    Points positifs


    Retrouver les personnages du premier opus
    Une mise en scène plutôt réussie
    Une histoire bien ficelée
    Un côté méta intéressant
    Les phases de somnium

    Points négatifs


    Des circonvolutions scénaristiques
    Les nouveaux personnages monolithiques
    Des blagues toujours pas drôles
    Beaucoup plus linéaire que le premier
    Les révélations décevantes

    6
    Sympa sans plus
    AI Somnium Files - nirvanA Initiative partait du bon pied avec ses meurtres intrigants et le retour des personnages du premier opus. Mais des circonvolutions scénaristiques, des blagues lourdingues, et de nouveaux protagonistes relativement monolithiques ne lui permettent pas de surpasser son prédécesseur. Il n'en reste pas moins une aventure assez agréable à suivre si on est prêt à se farcir les quelques ventres mous qui ralentissent considérablement l'intérêt jusqu'au dernier tiers qui redynamise le tout.

    Tags

    Visual NovelSpike ChunsoftPCSF

    Ça pourrait vous intéresser :

    Test Kunitsu-Gami
    Test Kunitsu-Gami
    25 août 2024
    6 min
    DonBear

    DonBear

    Fondateur

    DÉVELOPPEUR :

    Spike Chunsoft

    ÉDITEUR :

    Spike Chunsoft

    DATE DE SORTIE :

    24 juin 2022

    PLATEFORME :

    PC, PS4, Xbox One, Switch

    PRIX À LA SORTIE :

    59

    99€

    Testé sur PC

    Sommaire

    1
    Un des meilleurs auteurs de VN
    2
    Vous reprendrez bien un peu d'AI
    3
    AIe AIe AIe

    Social Media