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    Par DonBear
    Publié dans Tests
    17 oct. 2021
    6 min de lecture
    Test Astria Ascending - une belle promesse, mais...

    Si je vous dis que le gratin du JRPG s’associe avec un studio canadien pour créer un jeu en 2D avec des mécaniques proches des classiques aimés de tous, j’ai normalement déjà attisé votre curiosité. Voilà ce qu’est Astria Ascending, le dernier jeu d’Artisan Studios. Inspiré de celui de Zodiac : Orcanon Odyssey, l’univers semble riche et le gameplay méticuleusement travaillé pour donner au joueur un contrôle total sur son équipe et la gestion des combats. Alors, la grande question, c’est comment un jeu de cet acabit pourrait-il s’avérer décevant ?

    Développeur : Artisan Studios - Éditeur : Dear Villagers

    Sorti le 30 septembre 2021 sur PC, PS4/5, Xbox One/Series et Switch au prix de 34,99 €.

    Testé sur PC grâce à un code fourni par l'éditeur.

    Ça donne envie

    Astria Ascending, c’est avant tout une belle promesse. On retrouve dans l’équipe de développement des grands noms de l’industrie, comme Kazushige Nojima (Final Fantasy VII, Final Fantasy X, Kingdom Hearts, et la liste est encore longue) au scénario et Hitoshi Sakimoto à la musique (Vagrant Story, les jeux Vanillaware, etc.). Combiné avec le savoir-faire d’Artisan Studio à qui l’on doit Super Neptunia RPG, l’annonce paraissait presque idyllique. Surtout que, comme dit en introduction, Astria Ascending a des airs de reboot de Zodiac : Orcanon Odyssey, un JRPG au tour par tour sorti en 2015 sur mobile qui cherchait à éveiller la nostalgie des joueurs à l’ancienne. Tout est là pour créer un grand jeu, un titre qui perdurera dans les esprits et glorieusement mis en avant dans les ludothèques des fans de JRPG.

    En plus, l’univers dépeint donne sacrément envie de s’y plonger. L’histoire a l’air complexe et riche, avec ce groupe de huit demi-dieux dont le devoir est de veiller au bon équilibre entre les différentes contrées du monde d’Orcanon. Au service de la déesse Yuno, ils ont pas mal de boulot pour réussir à faire cohabiter les cinq races pas toujours amicales entre elles, surtout qu’il ne leur reste que trois ans à vivre – la vie de demi-dieu, c’est aussi accepter de réduire son espérance de vie à seulement trois ans. Les harmelons – des fruits un peu bizarres – ont beau avoir été mis en place pour canaliser les émotions de chacun et améliorer cette entente globale, certains n’hésitent pas à mettre fin à leur consommation pour laisser libre cours à leurs émois. C’est notamment ce que font les Réfractaires, un groupe qui cherche à renverser ce qu’ils dénoncent être une tyrannie. Peut-on les blâmer de ne pas avoir envie de se gaver de Xanax toute la journée ? Le jeu pose la question. Le système politique d’Astria Ascending semble bien fragile, et tout part à vau-l’eau dès le début de l’aventure. Notre 333e génération de demi-dieux aura donc du pain sur la planche, surtout que le groupe n’est lui-même pas doté d’une cohésion inébranlable.

    Astria Ascending Screenshot

    Pour mettre en scène cet univers si riche, la direction artistique utilise des visuels dessinés à la main et de toute beauté. Les villes sont magnifiques et font pour chacune d’elles d’excellents fonds d’écran, non sans rappeler les productions Vanillaware – en particulier Odin Sphere et Dragon’s Crown. On voit plein de détails partout, des effets de lumières sublimes, et un chara design très réussi. Globalement, c’est très beau, et on prend vraiment plaisir à parcourir le monde d’Arcanon, simplement pour s’émerveiller face aux différents lieux. En plus, les musiques de Hitoshi Sakimoto sont parfaites, comme à son habitude. Que voulez-vous, le talent c’est le talent.

    Un jeu riche

    Et si ça ne suffisait pas déjà, les combats sont vraiment chouettes. Forcément, qui dit affrontements à l’ancienne dit tour par tour. Dans Astria Ascending, votre groupe est composé dès le départ de huit personnes, et tout le sel viendra donc de la stratégie à employer quant aux différentes possibilités en fonction de ceux présents sur le terrain. Car la victoire repose essentiellement sur deux aspects primordiaux : les points faibles des adversaires et l’utilisation des Focus Points. À la manière d’un Pokemon, chaque ennemi dispose d’un type et d’un point faible, qui lui inflige de gros dégâts s’il est utilisé contre lui. Si fait, le groupe obtient un point de Focus Point qui permet d’augmenter à chaque usage 50 % des dégâts infligés. Cumulable jusqu’à 5 points, on peut ainsi effectuer des offensives avec 200 % de dégâts en plus. Par contre, utiliser une attaque à laquelle l’ennemi est résistant enlève deux Focus Point. Vous l’aurez compris, la stratégie principale consistera donc à déceler les points faibles et à agencer les membres de l’équipe sur le terrain en fonction. Un système de combat à la lisière entre Persona et Bravely Default, pour une qualité assurée.

    Astria Ascending Screenshot

    Ajoutez à ces combats stratégiques une grande richesse dans le système de jeu, et vous obtenez un JRPG à l’ancienne en bonne et due forme. Chaque personnage possède un job qui lui permet de débloquer des capacités spécifiques. Un arbre de compétence proche du sphérier de Final Fantasy X, pour une composition d’équipe personnalisable à souhait. En plus, chacun des protagonistes peut par la suite débloquer d’autres jobs et ainsi se spécialiser au gré du joueur. Comme ils sont définitifs, ils impliquent une vraie réflexion sur la stratégie voulue pour chaque membre du groupe, et poussent le joueur à conserver une vision d’ensemble. L’équipement entre bien entendu dans les paramètres, et couplé aux spécialisations offre un contrôle absolu sur les statistiques des personnages. De quoi faire plaisir aux maniaques des belles stats.

    Astria Ascending Screenshot

    Puis il y a tout le reste. Les énigmes dans les donjons deviennent intéressantes au fil du jeu car elles demandent de maitriser au fur et à mesure la synergie entre les différentes capacités des membres du groupe. Le J-Ster, un jeu à la croisée entre jeu de cartes et jeu de plateau présent dans Astria Ascending, se montre vraiment addictif et amusant. La difficulté peut être réajustée à souhait, avec la possibilité de désactiver les rencontres aléatoires, de partager les points d’expériences ou non avec les membres de la réserve, etc. Les doublages japonais sont excellents, avec la participation de doubleurs connus et reconnus comme Shunichi Toki (Tokyo Revengers, Kimetsu no Yaiba), Kanehira Yamamoto (Overlord, Haikyuu), etc.

    Mais…

    J’aurais aimé terminer mon test ici et simplement conclure « voilà, c’est tout, allez-y les yeux fermés ». Toutefois, si Astria Ascending dispose d’un immense potentiel pour devenir aussi bon que les jeux dont il s’inspire, sa mauvaise exploitation lui confère des défauts difficiles à oublier. Car le jeu nous fait de belles promesses d’entrée de jeu – et même avant qu’on ai posé nos mains dessus –, mais elles se retrouvent vite noyées dans des problèmes majeurs. On va reprendre les points précédents dans le même ordre, pour créer une symétrie du plus bel effet.

    Si l’univers est riche, le rythme en dent de scie du scénario risque d’en perdre plus d’un. Les ennuis ont beau arriver rapidement, l’histoire met du temps à développer son propos. La faute à des cinématiques parfois longues, et surtout des dialogues qui sont – pour beaucoup d’entre eux – dans l’exposition et l’explication à outrance. Plus globalement, la structure du récit en elle-même ne fait que réappliquer le même schéma à chaque race sans réellement poser ses enjeux, ce qui entraine nécessairement une sensation d’incompréhension. Ce qui est vraiment dommage, car les thématiques, quant à elles, sont assez matures pour un JRPG, avec notamment une réflexion autour du racisme, de la perte d’un proche ou encore du difficile équilibre entre sécurité et liberté dans la société.

    Astria Ascending Screenshot

    Malheureusement, les demi-dieux composant le groupe n’aident pas vraiment à s’investir dans le scénario, tout simplement à cause du caractère détestable de certains. Un climat délétère s’installe rapidement entre les héros, avec une partie d’entre eux complètement toxiques et les autres qui se font victimiser. On pourrait bien sûr arguer que ces disputes servent le propos, mais elles ne font en réalité qu’atténuer l’empathie ressentie pour les personnages sans vraiment apporter quelque chose au sous-texte du jeu.

    Ceux qui passeront outre ces problèmes pour profiter de la très jolie direction artistique seront partiellement déçus malgré tout. Déjà parce que les animations sont loin d’être aussi qualitatives que les décors, mais surtout à cause de la répétitivité de ces derniers concernant les donjons. Forcément, Astria Ascending ne bénéficie pas d’un budget immense et n’est pas un projet à la taille démentielle. Des choix doivent être faits, et ce sont donc les donjons qui manquent d’originalité. Grosso modo, une fois qu’on en a vu un, on a à peu près vu l’entièreté de ce qu’ils proposeront par la suite, visuellement parlant. Sauf que cela crée une différence conséquente entre les magnifiques décors de villes, et ceux des donjons qui donnent l’impression de refaire la même chose en boucle.

    Astria Ascending Screenshot

    Ah, les combats. Ils ont beau être chouettes grâce à leurs mécaniques qui permettent de développer des stratégies intéressantes, ils n’en restent pas moins problématiques sur certains points. À commencer par le manque d’indication sur l’ordre des tours. Par exemple, vous abordez tranquillement un ennemi en vous disant « haha, j’en dézingue à la pelle depuis tout à l’heure, ça va être facile » et là, bim ! Vous vous prenez d’affilée l’attaque de sept adversaires et votre groupe est déjà à moitié mort. À ce moment-là, vous repartez la queue entre les jambes en marmonnant qu’il faudrait peut-être voir à ne pas pousser mémé dans les orties. Si ce n’est pas dans les orties qu’il vous pousse – après tout c’est un jeu vidéo, il ne peut pas interagir avec vous physiquement –, vos retranchements seront quant à eux vite atteints.

    Surtout que ce système de faiblesse est intéressant et incite le joueur à développer une stratégie unique en fonction de l’ennemi, mais il apporte aussi un gros souci : quand un seul de nos alliés possède le type désiré. Si une telle chose se produit, le combat se réduira simplement à lancer de vaines attaques avec les autres – ou pire, les faire passer leur tour – pour attaquer ensuite avec le personnage qui possède la bonne attaque. Et s’il vient à tomber au combat, tout devient tout de suite moins intéressant. Et le pire dans tout ça, c’est qu’aucune option ne permet d’accélérer les combats, leur conférant de fait des longueurs parfois exaspérantes. Au bout d’un moment, on en vient à esquiver le plus de combats possibles, preuve d’un problème dans leur construction.

    Points positifs


    Thématiques intéressantes...
    La direction artistique
    Les musiques
    Des mécaniques de JRPG solides
    La stratégie des combats
    Le J-Ster, jeu de cartes addictif

    Points négatifs


    ... Mais mal traitées
    Les donjons répétitifs
    La boucle de gameplay répétitive Le manque de clarté des combats
    L’équilibrage
    Manque d’options d’ergonomies
    Le manque de cohésion dans le groupe

    6
    Sympa sans plus
    Astria Ascending avait largement le potentiel pour devenir une référence du JRPG, surtout avec une équipe aussi talentueuse derrière sa création. Son univers riche, son système de combat bien foutu et son système de jeu très fourni, satisferont les fans du genre à l’ancienne. Cependant, derrière les mécaniques bien huilées se trouvent des défauts difficiles à mettre de côté. Ces soucis viennent entraver le plaisir de jeu, au point parfois de le rendre frustrant. En somme, un potentiel bien présent, mais mal exploité.

    Tags

    Astria AscendingArtisan StudiosJRPG

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