J’attendais ce Battlefield 2042 avec beaucoup d’impatience, et ce, pour deux raisons. La première : c’est le seul opus qui m’ait vraiment donné envie de me remettre à la série depuis Battlefield 3. La deuxième, c’est que les trailers me rappelaient les moments incroyables que j’ai vécu sur le 3, et que ça faisait un bail que je ne m’étais pas éclaté sur un FPS multi. Autant dire que mes espoirs étaient nombreux et plaçaient la barre assez haute.
Battlefield 2042 a la lourde tâche de contenter les joueurs avec un contexte futuriste (bien que relativement proche de notre époque), chose qui ne s’est vu que très rarement jusque-là pour la licence. À vrai dire, le seul autre opus que j’ai en tête, c’est Battlefield 2142 en 2006, qui a été à sa sortie un énorme flop. Qui plus est, ce nouvel opus se passe de campagne et se concentre exclusivement sur du multijoueur. De quoi surprendre, certes, mais rien de très grave non plus : le mode solo n’ont jamais été le fort de la série. On se retrouve donc avec un contenu articulé autour de trois modes de jeux, à savoir le All-Out Warfare, le Hazard Zone et le mode Portal.
Le mode Warfare correspond à ce qu’on a l’habitude de voir dans du Battlefield : de la prise de position stratégique dans des cartes immenses avec le mode Conquête, et de l’attaque contre de défense de position avec le mode Ruée. La Conquête a cependant changé quelque peu, puisqu’elle demandera cette fois aux équipes de récupérer différents points pour gagner une des zones de la carte. Chacun de ces deux modes se déroule dans des parties à 128 joueurs. Et arrive déjà un problème de taille. Un souci qui sera probablement résolu au fur et à mesure des patchs. Mais en l’état, le netcode est mauvais, très mauvais. Le jeu devient rapidement injouable à cause des lags et des tirs perdus, au point même de remettre en question notre capacité à tuer nos adversaires. On a l’impression de vider un chargeur sur un ennemi, pour se rendre compte une seconde plus tard qu’en fait non, puis on meurt.
Enfin, si on ne succombe pas avant par un obus ou en passant sous les chenilles d’un tank – ou sous un aéroglisseur. L’impression de chaos permanent est très réussie dans Battlefield 2042. On a vraiment le sentiment d’être dans un film d’action à grande échelle. Un vrai bordel où ça fuse dans tous les sens, ça tire de tous les côtés, au point de ne plus rien y comprendre à certains moments. Mais s’il se montre parfois jouissif, il en devient trop souvent frustrant à cause des véhicules. Trop nombreux et trop rapides à revenir, ils viennent régulièrement gâcher la fête, en plus d’être increvables. Il manque certaines cartes plus restreintes, dans le style Métro ou Grand Bazar de Battlefield 3. Des lieux propices aux affrontements rapprochés, aux côtés de maps plus grandes pour diversifier les parties.
Si le moteur Frostbite continue d’émerveiller grâce aux sublimes visuels et aux environnements agréables à contempler, les cartes n’en restent pas moins immenses, probablement trop grandes pour leur propre bien. Difficile d’établir une tactique efficace face à des points aussi éloignés, malgré la possibilité de se faire livrer un véhicule d’une simple pression sur la touche B du clavier. Enfin, quand le quota n’a pas été déjà atteint et qu’on doit se farcir une course vers la mort sans aucune couverture possible et bien trop longue pour être amusante. On se retrouve donc avec une stratégie en retrait comparé aux précédents jeux de la licence, et bien plus orienté sur l’action.
Apprécier le mode Warfare n’est pas une sinécure. Heureusement, on peut se rabattre sur les deux modes de jeu restants, plus intéressants. Le mode Hazard propose un affrontement entre plusieurs escouades de 4 joueurs, dans un simili extraction royale d’Escape From Tarkov. L’objectif consiste à récupérer le plus de disques de données à l’insu de vos adversaires puis de vous extraire avec la venue d’un hélicoptère. Plus intimiste et donc plus concentré sur la stratégie que sur les échauffourées, le mode Hazard ne s’apprécie vraiment qu’en compagnie de potes. Les parties ne durant qu’une petite vingtaine de minutes, elles s’enchaînent rapidement et sont une vraie bouffée d’air frais. Du moins, jusqu’à ce qu’elles ne finissent par lasser, puisque le nombre restreint de cartes et le manque de diversification d’objectifs vous feront vite tourner en rond.
Pour finir, le mode Portal est sans aucun doute le plus intéressant des trois. Il est utilisé comme une plateforme sur laquelle les joueurs peuvent créer et éditer leur propre mode en piochant parmi des éléments présents dans les anciens épisodes. On peut choper les avions de Battlefield 3, les mélanger avec les tanks de Bad Company 2 pour finalement jouer sur une carte de Battlefield 1942. Les nombreuses manipulations s’effectuent simplement en quelques clics à partir du site officiel et laissent libre cours à la créativité des joueurs. Une excellente idée pour intégrer la communauté au processus créatif, et ainsi la fédérer autour du jeu.
Le studio en charge de ce mode, Ripple Effect (anciennement connu comme le studio de DICE à Los Angeles) n’a pas hésité à mettre les mains dans le cambouis pour proposer quelque chose de bien construit. Ils ont été jusqu’à récupérer l’architecture du netcode sur les jeux en question pour retrouver les sensations des précédents opus. On peut donc jouer aux anciens Battlefield, dotés d’une mise à jour graphique des plus appréciables. Tout reste à l’identique, que ce soit les armes, les classes, les cartes, etc. Une bien belle vague de nostalgie m’a envahi en allant de nouveau carapater dans les cartes Caspian Border ou les Canaux de Noshar que j’avais vu tant de fois lors de mes parties de Battlefield 3.
Voilà qui appuie un peu plus le paradoxe de Battlefield 2042 : là où j’ai le plus apprécié mes parties, c’est lorsque je jouais aux précédents opus. Ce mode Portal représente à la fois une excellente idée et le dernier clou du cercueil. En offrant aux joueurs la possibilité de parcourir les cartes mieux construites, les affrontements moins frustrants – grâce à un meilleur netcode – et en leur laissant l’opportunité de retrouver les sensations des précédents jeux, ils en viennent à tourner en ridicule les modes Warfare et Hazard. Ils finissent par rapidement souffrir la comparaison. Une excellente initiative donc, mais qui ne fait qu’appuyer le manque de sérieux du petit dernier de chez DICE.
Côté gameplay, on trouve du bon, et surtout du moins bon. Le changement le plus notable réside dans la disparition des classes habituelles, au profit de spécialisations. À l’inverse des précédents opus, on peut cette fois customiser notre soldat comme on le souhaite. Choisir un spécialiste parmi la dizaine disponible va seulement modifier le gadget que vous aurez. Vous pouvez par exemple jouer un sniper capable de hacker les véhicules ou un médecin avec une tourelle pour se protéger lorsqu’il réanime ses alliés.
L’idée est loin d’être dénuée de sens et marche même plutôt bien. Battlefield 2042 fait appel à la créativité des joueurs pour imaginer le soldat parfait, et leur confère une belle amplitude de mouvements pour y parvenir. Mais le revers de la médaille se dévoile rapidement : à l’instar de la stratégie dans le mode Warfare, l’esprit d’équipe pâtit de ces spécialisations. Car oui, si tout le monde peut faire à peu près tout pendant une partie, la stratégie en escouade fonctionne beaucoup moins bien. Certes il y aura bien quelques spécificités, mais vu que tout le monde peut soigner par exemple, le besoin d’avoir un médic dans son équipe devient inexistant. Ça fluidifie l’expérience, mais l’ampute d’un aspect très appréciable des précédents.
Au niveau des armes – composante plutôt primordiale quand on parle de FPS, on est d’accord –, on conserve la même formule que celle des derniers opus. Les sensations de tirs n’ont jamais été le point fort des Battlefield, mais elles m’ont semblé d’autant plus adoucies dans ce Battlefield 2042. Les armes manquent globalement de punch, excepté quelques snipers et fusils à pompe. Le gros point faible cependant réside dans l’absence de diversité : seulement 22 armes sont disponibles. Pas de quoi sauter au plafond, loin de là. C’est plutôt l’inverse, puisqu’en plus d’avoir assez peu de possibilités dans le choix des armes, elles ne disposent pas d’un équilibrage approprié. De fait, le choix s’oriente rapidement vers quelques armes seulement. Par exemple, les SMG ont tellement peu de reculs qu’elles surclassent totalement les fusils d’assauts. En somme, si le jeu ne pêche particulièrement par son gameplay, il n’en reste pas moins largement sujet à de gros défauts.