Les jeux d’horreur spatiaux, ça ne court pas les rues. Il y a bien Dead Space et Alien Isolation, et d’autres moins connus comme Stasis, mais ça reste rare. Alors quand Glen Schofield, alias le créateur de la franchise la plus populaire du genre, annonce un nouveau jeu, les fans sortent le champagne et l’attendent avec impatience. Et maintenant qu’il est là, on se demande s’il pouvait être autre chose qu’un Dead Space remis au goût du jour.
Il ne pouvait en être autrement. La comparaison avec Dead Space est inévitable. Parce que Glen Schofield fait du Glen Schofield. Alors oui, Callisto Protocol propose des choses en plus et diffère sur quelques points. Oui, il s’appuie sur des mécaniques de gameplay qui n’existent pas dans Dead Space. Oui il est beaucoup plus beau. Mais son fantôme est là malgré tout. Dans chaque mur, chaque jumpscare, chaque rencontre. Tout fait penser à Dead Space constamment. Au point presque où le jeu semble manquer d’inspiration et ne réussit jamais à s’envoler complètement de l’image d’un « Dead Space like ».
Cela dit, Callisto Protocol réussit à s’en séparer par certains aspects et s’appuie justement sur eux pour se créer sa propre identité. À commencer par le système de combat, qui change drastiquement la manière d’aborder les ennemis. Dans Callisto Protocol, le combat au corps à corps prend une place primordiale et s’avère plus important même que les armes à feu. Lorsqu’un ennemi s’approche de vous, un script se déclenche et vous entrez dans une sorte de mode de combat. À ce moment-là, on utilise la gâchette pour taper, et le stick gauche pour esquiver. Le concept est simple : dès que le monstre commence son geste, vous devez bouger le stick vers la gauche ou vers la droite. À la deuxième attaque, vous devez placer le stick dans la direction inverse, et répéter le même schéma jusqu’à avoir une ouverture pour contre-attaquer.
Ce choix de game design rend les combats beaucoup plus nerveux et intenses. Avec la caméra placée très proche du personnage, on ressent l’impact de chaque coup et les affrontements deviennent rapidement grisants. L’idée est excellente parce qu’elle rend chaque confrontation brutale. Du moins, quand il n’y a qu’un seul adversaire en face. Dès lors qu’on se retrouve face à plusieurs monstres, c’est une autre histoire. À cause de cette même caméra rapprochée, la lisibilité est aux fraises et il devient presque impossible d’anticiper une attaque venant de derrière. Et fuir est tout aussi difficile, puisque le moindre ennemi proche de vous déclenche le script de combat.
Au-delà de ces problèmes techniques, les combats modifient également la peur. Vous me voyez sans doute venir, mais pourquoi auriez-vous peur si vous pouvez venir à bout de chaque ennemi à coup de matraque ? L’horreur de ce survival horror est inexistante, et ce ne sont pas les quelques jumpscares qui vont y changer quoi que ce soit. De fait, la gestion de l’inventaire devient elle aussi moins stressante : oui on peut être à court de balles, mais le problème est minime puisqu’on est capable de se défendre. Avec suffisamment de soins, on progresse malgré la taille restreinte de l’inventaire. Pour être totalement transparent, je suis une grosse flipette qui a eu un mal fou à terminer Dead Space et qui a même eu les chocottes devant Bioshock et Resident Evil 4. Pourtant, Callisto Protocol ne m’a opposé aucune difficulté pour le terminer de ce côté-là.
Je précise bien « de ce côté-là », parce que de l’autre, j’ai morflé. La plus grande peur que m’a apportée le jeu, c’est de devoir me farcir encore et encore le même groupe d’ennemi à force de morts frustrantes. Et ce fut le cas. Callisto Protocol est vraiment, vraiment difficile. Mais comme je viens de l’expliquer, pas pour les bonnes raisons. Un groupe de monstre va rapidement devenir ingérable à cause du système de combat, et l’arsenal débloquable avec des plans n’y changera pas grand-chose. Même le gant gravitationnel qu’on récupère au début de l’aventure – qui rappelle le gravity gun de Half-Life – qui s’avère d’une grande aide pour envoyer des ennemis sur des murs remplis de piques n’est pas suffisant. Et je ne vous parle pas des boss, qui m’ont fait suer comme jamais. De gros sacs à PV increvables, au design grotesque et aux attaques dévastatrices. Un enfer.
Justement, en parlant de design, celui des monstres est ridiculement banal. De simples zombies classiques avec quelques variantes. C’est sans doute là où la comparaison avec Dead Space fait le plus mal : l’un avait des ennemis vraiment effrayants, tandis que l’autre propose de simples humanoïdes un peu dégoutants, sans aucune particularité. Au bout d’un moment, certains d’entre eux se transformeront en monstre si on ne leur tire pas sur les tentacules qui leur sortent du ventre. Un autre type d’ennemi grimpe sur les murs. Mais ces quelques monstres et leurs variants ne suffisent pas à rendre le jeu pertinent de ce point de vue. Par contre, je tiens à souligner qu’ils aiment tous sans distinction vous tuer de la pire des manières. Et ce goût pour le gore à outrance m’a quelque peu surpris, surtout que voir son personnage mourir pendant 20 secondes dans d’atroces souffrances n’apporte rien de plus. Je vous laisse imaginer ma surprise et mon facepalm lorsque j’ai appris qu’un DLC avec des façons de mourir supplémentaires avait été annoncé.
Mais alors, qu’est-ce qu’il raconte, ce Callisto Protocol ? On pourrait résumer à une histoire oubliable, mais développons un peu. On incarne Jacob Lee, pilote du vaisseau le Charon, qui va malencontreusement s’écraser. Manque de bol, le lieu est inhospitalier puisqu’il s’agit d’un centre pénitentiaire qui n’hésite pas à l’incarcérer. Encore pire, la prison va devenir un véritable cauchemar lorsqu’une étrange épidémie se propage et transforme tout le monde en zombie.
En voilà un scénario de série B qui ne brille pas par son originalité. Et c’est peu de le dire, car Callisto Protocol ne fait aucun effort pour plonger les joueurs dans son univers. Les péripéties sont inintéressantes, les dialogues sont grotesques et les punchlines dignes des films d’action des années 90 n’aident pas à relever le niveau. Les personnages secondaires sont tous oubliables, et le tout s’empêtre dans des révélations tirées par les cheveux. Bien sûr, on ne joue pas à un survival horror pour son scénario. Les Resident Evil sont au mieux nanardesques, Silent Hill dispose d’une excellente narration mais d’une histoire relativement banale. Et Dead Space ne faisait pas beaucoup mieux de ce côté-là. Mais tout de même, rien dans le scénario ne semble être une bonne idée et touche un peu plus le fond à chaque cinématique.
Pourtant, Callisto Protocol a bien quelques cartes en main, à commencer par quelques séquences assez fortes. Difficile de trop en dévoiler sans gâcher la surprise, mais certaines scènes se déroulant en extérieur s’avèrent particulièrement réussies, en plus de quelques passages qui font mouche en matière de mise en scène. D’autant plus que le jeu est vraiment à la pointe techniquement, avec des personnages modélisés à la perfection et des décors impressionnants, pour peu qu’ils soient ouverts. Parce que oui, la majorité de l’aventure se déroule dans des couloirs qui font rapidement oublier qu’on est dans une station spatiale. Certes ils sont beaux, bien modélisés, bénéficient d’une belle lumière et de jolies textures, mais ça ne reste que des couloirs remplis de câbles.
Sur PlayStation 5, le jeu tourne merveilleusement bien, que ce soit en mode performance à 60 images par seconde avec une résolution tournant autour de 1440 p, ou en mode qualité en 4K à 30 images par seconde. Cependant, les autres versions ont de gros problèmes de stabilité, qui seront sans aucun doute résolus au fur et à mesure des mises à jour. Cependant, pour la dernière console de Sony, il est à noter que la DualSense n’est que peu utilisée, exception faite du haut-parleur qui permet une meilleure immersion en simulant les communications par radio.