Dome Keeper est un petit jeu indé passé sous beaucoup de radars. Après un accès anticipé, il se lance dans sa version finale. Et autant le dire tout de suite, c’est peut-être l’un des meilleurs jeux de 2022.
Le concept de Dome Keeper est minimaliste : creuser, collecter, améliorer, survivre. Le jeu se déroule en deux phases : la première consiste à creuser avec une foreuse pour trouver des ressources. La deuxième, à défendre votre base pour vaincre les ennemis avant qu’ils ne parviennent à détruire le dôme. De cette boucle de gameplay simpliste ressort un jeu terriblement addictif.
Faisons simple et développons chacune de ces deux parties de gameplay. Lorsque l’on débarque sur cette planète inhospitalière, la première chose à faire va être de s’enfoncer sous terre pour trouver des ressources. Armé d’une foreuse, on commence à taper le premier bloc. Au bout de 3 coups, il disparaît. Puis un second, et un troisième, jusqu’à trouver une sorte de minerai d’or. Parce que oui, différents types de ressources peuvent être trouvés : on a l’or pour acheter des améliorations, des triangles rouges permettant de régénérer la vie du dôme, des boules bleues utilisées pour certaines améliorations spécifiques, et les puces octroient la possibilité de débloquer des modules très utiles.
On creuse donc, toujours avec l’espoir de trouver quelque chose. On est entouré de ce brouillard de guerre qui fait qu’on ne peut savoir à l’avance le contenu des blocs de pierre, alors on s’enfonce de plus en plus. Jusqu’au moment où on atteint une autre strate – qu’on remarque au changement de couleur des blocs – et là, ça devient une autre histoire. Il faut bien plus que trois coups pour réussir à détruire un bloc. Ça peut monter jusqu’à six, sept voire huit coups. En réalité, Dome Keeper est bien pensé, puisqu’on peut remarquer d’un simple coup d’œil la dureté d’un bloc. Si son motif est rempli de gros cailloux, ça sera difficile, alors qu’un bloc avec des petits cailloux peu nombreux se percera en un ou deux coups. Mais plus on plonge, plus cette propriété s’annule et n’importe quel bloc deviendra un enfer à traverser.
C’est à ce moment qu’interviennent les améliorations. À chaque retour à la base et à condition de remplir les conditions, on peut acheter de meilleures protections, des boost de vitesse, une foreuse plus efficace, etc. Et ce, grâce aux ressources durement collectées. Les possibilités sont nombreuses, tant dans l’aspect exploration que défense du dôme. On peut augmenter la puissance du laser, sa vitesse, améliorer la vitesse de déplacement du personnage ou la puissance de la foreuse, accroître le nombre de points de vie du dôme ou du bouclier, obtenir des armes supplémentaires, etc. Chaque choix impacte la façon de jouer de manière significative, et tout le sel de Dome Keeper repose justement sur les conséquences de chaque décision.
Et enfin, il y a les vagues d’attaques des monstres. Aux commandes du laser équipé sur le dôme, il va falloir repousser vos assaillants le plus rapidement possible pour éviter la catastrophe. La progression est plutôt juste, avec au début un seul monstre, puis deux, puis des monstres volants, puis des monstres au sol plus puissants, etc. Au bout d’un certain nombre de vagues, il faut bien avouer que le défi est corsé, et si les améliorations ont été mal choisies ou pas assez nombreuses, le dôme ne résistera pas bien longtemps.
De cette boucle de gameplay découle donc une prise de décision à chaque instant. Vais-je à gauche ou à droite ? Dois remonter les ressources à la base ou continuer à explorer ? Dois-je améliorer ma vitesse de déplacement, ma foreuse, la vitesse de mon laser ou le nombre de points de vie du dôme ? Chaque choix compte et peut amener à la victoire comme à la défaite. Et c’est selon moi ce qui rend Dome Keeper si addictif. Parce que si l’aléatoire existe avec la génération procédurale de la carte, il reste un facteur minimal dans le déroulement d’une partie. Le joueur impacte constamment lui-même sa progression. Oui, cette structure induit une certaine répétitivité puisqu’on fait toujours la même chose. Mais malgré tout, on ne voit pas les heures passer tant la rejouabilité semble infinie.
Et c’est sans compter la tonne de possibilités offertes au joueur. Lors de l’exploration, on peut par exemple tomber sur des puces, donnant le choix entre trois modules. Ça peut être un monte-charge qui ramène – lentement – les ressources à la base, un animal qui creuse à notre place – et s’endort régulièrement –, un téléporteur, un échangeur de ressources, etc. Dome Keeper est riche en retournements de situation, qui peuvent faire basculer une partie presque perdue à un succès inattendu. Il m’est arrivé plusieurs fois de savoir à l’avance que la prochaine vague serait mortelle, avant de tomber sur des triangles rouges me permettant de lui donner une seconde jeunesse en remettant ses points de vie au maximum. Le jeu est à la fois aussi stressant que relaxant, en fonction des situations.
Et une fois le mode de jeu initial gagné, il est possible de jouer en mode Prestige. Et alors là, vous ne verrez plus les heures passer. Plutôt que de vouloir atteindre un objectif permettant de finir la partie, le but sera ici de faire le plus gros score, chaque vague d’ennemi l’augmentant de un – avec la possibilité de multiplier ce chiffre en dépensant des ressources. Et comme si ça ne suffisait pas, débloquer le dôme Épée offre une toute nouvelle façon d’aborder le gameplay. Cette fois, pas de laser, mais une épée géante à abattre sur les ennemis, avec un grappin pour attaquer ceux à distance. Une difficulté relevée, qui saura renouveler l’intérêt de ceux s’étant lassés du dôme de base. Et c’est sans compter le fait qu’on peut aussi débloquer un autre ingénieur avec des capacités différentes. Bref, la personnalisation est immense et l’intérêt pour le jeu sans cesse décuplé avec un gameplay qui peut être modifié à chaque recoin.
Les joueurs les plus superficiels s’arrêteront probablement au pixel-art un peu grossier du jeu. Ce serait une immense erreur, d’autant plus que la direction artistique est raccord avec l’ambiance voulue. Dome Keeper ne respire pas la joie de vivre, mais instaure avec brio une atmosphère oppressante, grâce à une palette de couleur suffocante et une musique discrète mais toujours pertinente et agréable à écouter. Lorsque l’on plonge dans les profondeurs, on se sent petit et désemparé. Lorsque les monstres arrivent, on sent la pression monter. Le jeu est minimaliste, certes, mais totalement maitrisé.