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  • Test Final Fantasy 7 Remake - Un excellent jeu pour un mauvais portage

    By DonBear
    Published in Tests
    January 05, 2022
    7 min read

    Lors de son annonce pendant la conférence de Sony à l’E3 2015, Final Fantasy 7 Remake avait galvanisé la foule en leur rappelant à quel point elle voulait replonger dans son univers. Et à raison : avec 18 millions de copies vendues depuis sa sortie, on se trouve face à un mastodonte de l’industrie. Un jeu qui a marqué son époque, et qui a su s’inscrire dans la culture populaire. Mais au-delà de la qualité du remake, la vraie question à se poser concerne plutôt son utilité : a-t-on vraiment besoin de redécouvrir les aventures de Cloud et sa joyeuse bande sous un nouveau jour ?

    Final Fantasy 7 fait partie du cercle restreint des jeux cultes, qui a marqué autant les critiques que les joueurs. Et à raison : il fait partie des révolutions de la génération PS1, apportant au médium une richesse narrative et une approche cinématographique jamais vue jusque là. Son univers, ses personnages, son histoire et plus globalement sa narration étaient tous d’une qualité exemplaire. Mais c’est surtout sa mise en scène, ses décors et leurs diversités, sa carte du monde immense et le nombre de détails hallucinants disséminés un peu partout qui en font un des jeux les plus plébiscités de son époque. D’autant plus que son gameplay est lui aussi dense, notamment par la gestion des materia qui offre une richesse et une profondeur encore rarement atteintes de nos jours.

    Rien d’étonnant donc à la volonté de Square Enix de capitaliser sur la nostalgie de millions de joueurs en proposant un remake, 23 ans plus tard. Le parti pris de découper l’histoire de l’original en plusieurs parties plus étendues en décevra sûrement certains, mais il permet en réalité d’étoffer l’univers et d’approfondir les personnages — au prix de certaines longueurs dispensables. Ce qui aurait pu être un outil pour faire de l’argent facile grâce une unique mise à jour graphique se révèle être un nouveau jeu à part entière.

    FF7 Remake Intergrade Screenshot

    Un remake qui fait plaisir

    Déjà, et c’est bien entendu l’aspect qui frappe dès la première seconde, Final Fantasy VII Remake est tout bonnement sublime. Chaque Final Fantasy est exemplaire visuellement, voire en avance sur son temps, et ce remake n’échappe pas à la règle. Vous vous souvenez de Final Fantasy VII Advent Chidlren ? Et bien là c’est pareil, sauf que l’on a une manette dans les mains. Le jeu regorge de détails, de visages expressifs et réalistes, de décors à tomber par terre, d’effets de lumières chatoyants, d’animations fluides. S’il y a bien quelques textures ici et là qui tirent un peu la tronche, on les oubliera rapidement face à la beauté qui se dégage de chaque élément du jeu. Il y a néanmoins quelques soucis sur la version PC, mais on y reviendra.

    Quant à la direction artistique, elle est aussi plaisante que celle de l’original. Cependant, le fait de rester à Midgard tout au long du jeu restreint forcément la diversité des décors que l’on apprécie tant dans l’original. Ceci étant dit, les environnements retranscrivent à la perfection les thématiques abordées, et offrent largement de quoi s’émerveiller. Les musiques ont elles aussi été retravaillées, et démontrent plus que jamais la virtuosité de Nobuo Uematsu. Chaque morceau, orchestral ou non, est un véritable chef d’œuvre. La bande-son transmet admirablement chaque émotion recherchée, et s’écoute en boucle avec un plaisir indéniable.

    FF7 Remake Intergrade Screenshot

    Côté gameplay, Final Fantasy VII Remake propose des nouveautés pour le rendre plus dynamique. Les fans de combat au tour par tour pourront être déçus par la direction prise, mais on est face à un juste milieu parfait. On peut taper, esquiver et se mettre en garde, tout en étant obligé de passer par une pause active pour utiliser les sorts, objets et compétences. Comme dans l’original, la possibilité de faire tout ça dépend d’une jauge ATB, qui se charge avec le temps. Sauf que là, elle peut être accélérée en distribuant des beignes aux adversaires. On se retrouve donc avec un système de combat qui mélange fluidité, nervosité, et stratégie, le tout enrobé par une interface efficace et des effets de particules soignés. Parfois même un peu trop, tant elles peuvent manquer de lisibilité. L’autre seul point noir venant ternir le tableau concerne l’IA des alliés, qui reste souvent là à rien faire, empêchant ainsi le chargement de leur barre ATB et la possibilité de lancer des sorts. Certes, on peut contrer le problème en jouant simultanément les personnages, mais il aurait été appréciable d’avoir des IA capables de se gérer elles-mêmes.

    FF7 Remake Intergrade Screenshot

    Là où les changements surprennent, ce sont les ajouts apportés au scénario. Les événements majeurs sont bien évidemment de la partie, mais les développeurs ont cherché à faire comprendre au joueur à travers l’histoire qu’il s’agit bien d’un remake. Final Fantasy VII Remake n’est pas un simple trip nostalgique, mais bien une relecture du scénario original. Les connaisseurs seront surpris face à certaines nouveautés, et peut-être déçus de ne pas seulement retrouver leur madeleine de Proust intacte. Pourtant, ces ajouts font du jeu un objet bien plus intéressant qu’un support technologique pour une histoire déjà vue.

    Bon, par contre, il faudra malgré tout composer avec quelques longueurs — le chapitre 6, quel calvaire inutile — et des éléments largement dispensables. Mais à côté de ça, l’approfondissement de certains personnages et situations permet une revisite de l’univers des plus appréciables. Revisite qui se conclut sur un affrontement surprenant, qui ne fait que poser plus de questions sur la partie 2 à venir.

    FF7 Remake Intergrade Screenshot

    Il fallait bien que le scénario soit intéressant pour rattraper le contenu annexe, qui lui manque cruellement de profondeur. Les quêtes secondaires se résument à du tabassage de monstres et des allers-retours, en faisant de parfaites quêtes Fedex. Et c’est bien dommage, car creuser certaines thématiques via les interactions avec la population des bidonvilles aurait pu s’avérer très enrichissant. À la place, on a simplement droit à Jean-Michel aléatoire qui nous demande d’aller retrouver des chatons perdus. Et en parlant de ce qui plombe un peu l’aspect narratif du jeu, les doublages sont un gros problème. Les vois françaises, pourtant doublées par des comédiens connus pour leur jeu d’acteur, frôlent parfois le ridicule. Ils brisent souvent l’immersion, en créant une dissension entre la dramaturgie des événements et l’exagération presque comique des dialogues. Mention spéciale à Frédéric Souterelle qui double Barett, et en fait peut-être légèrement trop en criant à chaque phrase.

    Inter en prend pour son grade

    Quelque temps après la sortie du remake est arrivée la version Intergrade, qui fournit quelques menues nouveautés, et surtout le DLC INTERmission qui propose d’incarner l’inénarrable Yuffie. La jeune ninja du Wutai cherche en effet à s’infiltrer à Midgard pour dérober la materia la plus puissante de la Shinra, histoire de leur faire les pieds.

    FF7 Remake Intergrade Screenshot

    Si l’histoire est agréable à suivre, elle ne vous tiendra pas en haleine longtemps puisque vous en verrez le bout après 4 heures de jeu environ. Les fans de l’original seront contents de retrouver Yuffie, toujours aussi attachante. Mais ne vous attendez pas à être bouleversé par le contenu du DLC : on retourne globalement dans les mêmes zones pour faire les mêmes choses. Il y a peu de contenu annexe — et c’est pas plus mal – permettant ainsi de se concentrer sur le scénario. A noter la présence d’un mode photo, et d’un nouveau mini-jeu sympathique.

    Qu’on se le dise sans détour, ce qui fait de ce DLC un must have, ce sont les combats. Parce que Yuffie, en plus d’être attachante, dispose d’une fluidité de mouvement qui faisait défaut aux protagonistes du jeu de base. Déjà parce qu’elle peut aussi attaquer à distance qu’au corps à corps, en plus d’instiller des effets élémentaires dans son shuriken. Avec ça, on peut cibler la faiblesse des adversaires pour les mettre en état de choc plus rapidement. Elle peut aussi se téléporter là où elle le lance, lui donnant une capacité de mouvement pratique pour enchaîner les ennemis volants. Les techniques Ninjutsu de Yuffie, qui ne consomment pas de points de magie, permettent d’étoffer les combats d’un aspect stratégique agréable. Bien entendu, on retrouve les transcendances – que ce soit pour Yuffie ou Sonon – et les invocations, dont je ne révélerais rien pour laisser la surprise.

    FF7 Remake Intergrade Screenshot

    Quant à Sonon qui l’accompagne, il ne peut être contrôlé par le joueur. On peut simplement lui donner des indications, et profiter comme dans l’original d’une IA quelque peu aux fraises.

    PC Master Race ? Pas vraiment, non

    Bon, ce n’est pas nouveau, les portages PC c’est un peu la loterie. Certains octroient la redécouverte d’un jeu tant il apporte des nouveautés et une technique impeccable, tandis que d’autres viennent souiller le souvenir douillet qu’on avait d’un jeu. Si Final Fantasy VII Remake n’entre pas dans la seconde catégorie, on reste bien loin de la première malgré tout.

    En premier lieu, les options graphiques tiennent à peau de chagrin. Je n’ai vu que très rarement aussi peu de personnalisation disponible. Ne comptez pas sur la présence d’antialiasing, d’effet de particules spécifique, ou quoi que ce soit de ce genre. On ne peut même pas désactiver le flou de mouvement ! Du coup, vous vous doutez bien qu’on peut aussi oublier la possibilité d’utiliser le DLSS de Nvidia, ou le ray-tracing. Les seules maigres options disponibles, ce sont le choix de la résolution — encore heureux —, la qualité des textures et des ombres, et du lock des FPS à 60, 90 ou 120. Rien de très enthousiasmant, pour un portage qui s’annonce déjà fainéant. Heureusement, les moddeurs n’ont pas perdu de temps pour pallier au manque de possibilités — entre deux mods pour changer les tenues de Tifa et Aerith.

    FF7 Remake Intergrade Screenshot

    Un peu léger, c’est l’euphémisme parfait pour parler des nouveautés au nombre pas très impressionnant de zéro. C’est simple : les possesseurs de la version PS5 n’auront absolument rien à découvrir avec cette version PC. Mais, comme nous sommes dans une période compliquée quand il s’agit d’obtenir la dernière console de Sony, les joueurs PS4 pourront au moins profiter de la version Intergrade s’ils ont un PC capable de faire tourner le jeu.

    Et justement, concernant l’optimisation, on est sur un jeu plutôt solide, sans pour autant être accessible à tout le monde. Sur ma config, le jeu s’est porté comme un charme. Heureusement, parce qu’elle est plutôt musclée (RTX 3080, AMD Ryzen 7 3800x, 32 Go de RAM, installé sur un SSD). Mais l’absence de DLSS empêchera ceux avec des cartes graphiques plus vieilles de profiter du jeu dans de bonnes conditions.

    FF7 Remake Intergrade Screenshot

    Points positifs


    Combats dynamiques
    Les nombreux builds avec les materia
    Musiques somptueuses
    Visuellement impressionnant
    Les personnages attachants

    Points négatifs


    Lisibilité dans les combats
    Peu compréhensible pour les nouveaux venus
    Quelques longueurs
    Doublage raté
    Une version PC au rabais

    8
    Incroyable
    Si la version PC de Final Fantasy VII Remake a une note aussi élevée, c’est parce que le jeu initial est incroyable. Et l’édition Intergrade d’autant plus. Mais ne nous voilons pas la face : ce portage PC est fainéant, voire raté sur plusieurs aspects. Techniquement, c’est loin de vendre du rêve, et les ajouts sont réduits à peau de chagrin. Si vous n’avez pas de PlayStation 5, vous pouvez y aller les yeux fermés. Mais si c’est le cas, oubliez cette version PC et chouchoutez la console de Sony, qui propose le meilleur FF7 Remake à l’heure actuelle.

    Tags

    PS5Square EnixFinal FantasyJRPG

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    DonBear

    DonBear

    Fondateur

    DÉVELOPPEUR :

    Square Enix

    ÉDITEUR :

    Square Enix

    DATE DE SORTIE :

    16 décembre 2021

    PLATEFORME :

    PC, PS4 et PS5

    PRIX À LA SORTIE :

    79,99

    Code fourni par Lu61 et l'éditeur

    Table Of Contents

    1
    Un remake qui fait plaisir
    2
    Inter en prend pour son grade
    3
    PC Master Race ? Pas vraiment, non

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