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    Par DonBear
    Publié dans Tests
    5 juin 2021
    5 min de lecture
    Test GetsuFumaDen Undying Moon : le Dead Cells japonais

    Les roguelites sont légion, mais peu parviennent réellement se démarquer. Certains réussissent néanmoins, comme Hades et sa narration, ou encore Dead Cells et son gameplay nerveux. GetsuFumaDen : Undying Moon fait partie de ceux-là et se crée une identité forte grâce à son univers ancré dans la mythologie japonaise.

    Il existe un premier GetsuFumaDen, sorti en 1987 sur NES. Inconnu en Occident, il s’agit pourtant d’un jeu culte sur l’archipel nippon. Il procurait des sensations nouvelles grâce à une alternance de différentes phases de jeu, dont une en vue en dos – chose rarement imaginée à l’époque. Rien d’étonnant donc à ce que Konami, à la recherche de titres indépendants originaux, aille piocher dans une licence restée dans l’ombre des Castlevania, qui n’a en plus jamais connu de suite. S’il y a bien un fait surprenant toutefois, c’est le choix de l’éditeur concernant l’accès anticipé : GetsuFumaDen : Undying Moon dispose d’une feuille de route et sortira en version définitive l’année prochaine. Une situation inédite pour un jeu japonais, justifiée par le succès des réussites de The Binding of Isaac, Dead Cells ou encore Slay the Spire, qui se sont bonifiés grâce aux retours des joueurs. À noter par ailleurs que ceux qui achètent le jeu lors de l’accès anticipé reçoivent en bonus un portage de l’édition Famicom, un artbook numérique et la bande-son originale.

    Un Dead Cells infernal

    GetsuFumaDen : Undying Moon raconte l’histoire de Getsu Fuma, un samouraï du clan Getsu – ça fait beaucoup de Getsu – obligé de descendre dans les enfers à la place de son frère disparu. Pourquoi s’infliger cette peine ? Pour fermer un trou ouvert par le démon, qui octroie aux esprits maléfiques la possibilité de se répandre dans notre monde adoré. Vous devrez donc arpenter des sentiers infernaux jonchés de bêtes pas très reluisantes. Un récit basique qui n’a en réalité aucun impact sur le jeu et sert bien plus de prétexte qu’autre chose. Mais si le scénario tient sur un post-it, l’univers quant à lui tient une place majeure dans l’identité du titre. Inspiré du folklore japonais, ces enfers regorgent de monstres mythologiques : wanyūdō (des grosses têtes volantes), oni (des énormes démons), nurarihyon et autres Yonkai en tout genre se mettront en travers de votre chemin. Les boss, dotés d’un design soigné, seront l’occasion de prendre part à des combats rythmés, difficiles et impressionnants. Chaque ennemi a sa spécificité et le bestiaire de manière générale est une franche réussite.

    GetsuFumaDen Screenshot

    Un petit tour en enfer, ça te chauffe ?

    Tout comme la direction artistique, le plus gros point fort du jeu. Inspirés par les œuvres d’Utagawa Kuniyoshi, Tsukioka Yoshitoshi et Kawanabe Kyosai entre autres, GetsuFumaDen : Undying Moon utilise l’ukiyo-e, un mouvement artistique de l’époque d’Edo comprenant des estampes japonaises gravées sur bois. Fourmillant de détails, les décors sont magnifiques, et il en va de même pour les effets visuels. Les animations sont cependant un peu rigides, mais rien qui n’empêche d’en prendre plein les yeux. Son identité visuelle forme la principale particularité du titre, qui ne s’apparente à aucun autre. D’autant plus que l’on a affaire à un univers rarement mis en avant dans le jeu vidéo, soufflant un réel vent de fraîcheur.

    GetsuFumaDen Screenshot

    Des décors sublimes et originaux

    Si son originalité réside dans ses choix artistiques, ses mécaniques de jeu ressemblent fortement à celles de Dead Cells : GetsuFumaDen propose un renouvellement basé sur la génération procédurale des niveaux à chaque essai infructueux. Ainsi, chaque mort modifie l’agencement des lieux, la position des monstres et les différents loot récupérables en chemin. Les armes et leurs statistiques, distinctes à chaque run, rendent ces dernières imprévisibles et surtout uniques. Comme son acolyte français, des téléporteurs posés ici et là permettent de se déplacer rapidement dans le niveau, sans s’infliger des allers-retours redondants. Cependant, la qualité du level design n’empêche pas une certaine répétitivité, le nombre de salles s’avérant pour l’instant assez restreint. Un sentiment de déjà-vu s’installe progressivement, malgré toutes les modifications apportées entre les différentes tentatives.

    J’ai beau être matinal, j’ai mal

    Si les structures de GetsuFumaDen et de Dead Cells constituent un élément commun, ils s’opposent radicalement par leur jouabilité. Avec son gameplay nerveux, le roguelite de Motion Twin offre une aventure qui va à 100 à l’heure, contrairement à celui de GuruGuru, bien plus lent dans son rythme. Le protagoniste, Getsu Fuma, aime prendre son temps et le fait savoir : ses déplacements sont lourds, ses esquives sont raides, et ses sauts parfois périlleux. Que l’on apprécie ou pas, le parti pris du titre gage avant tout sur le calcul des actions. Les décisions téméraires coûtent cher en points de vie et les potions se font rares et foncer dans le tas mène plus souvent à la mort qu’à la victoire. Et ce n’est pas la transformation démoniaque – qui apparaît lorsque l’on inflige un certain nombre de dégâts sans en recevoir –, permettant d’être plus puissant, qui changera cet état de fait. Le gameplay n’en reste pas moins agréable, tant il varie en fonction des armes équipées. De ce côté-là, l’éventail des possibles est large : épées, massues, arc, tromblons, mines, shuriken, composent un arsenal riche en alternatives. Que ce soit les armes principales ou secondaires, faire le tour des différentes combinaisons demandera de multiples heures.

    GetsuFumaDen Screenshot

    On a beau se sentir puissant, la punition n'est jamais loin

    De nombreuses heures à mettre aussi sur le dos de la difficulté : le titre s’adresse aux joueurs aguerris et patients. La mort frappe fréquemment, et ce, même dans le mode de difficulté le plus bas. Et pourtant GetsuFumaDen n’est jamais injuste : l’échec provient systématiquement d’une erreur de la part du joueur. Mais la progression du personnage, qui s’effectue à l’aide d’améliorations, se montre bien trop lente pour avoir un réel impact. Il est possible d’augmenter son nombre de potions, ses points de vie, les dégâts de ses armes, à un prix trop élevé pour la peine ressentie à récolter les ressources nécessaires. Ces dernières apparaissent rarement, et farmer devient obligatoire pour réussir à avancer.

    GetsuFumaDen Screenshot

    Des boss impressionnants

    Un dernier point important à souligner : l’accès anticipé de GetsuFumaDen est d’une qualité exemplaire. Je n’ai subi aucun bug après la dizaine d’heures passées sur le jeu, et le contenu s’avère suffisamment complet pour donner l’impression d’être face à un produit fini. Les retours des joueurs apporteront probablement des évolutions au titre – baisser le nombre de ressources nécessaires pour les améliorations ne serait pas du luxe –, sans compter la feuille de route, qui annonce déjà un nouveau personnage, Getsu Renge. Un grand bravo au studio GuruGuru pour cet accès anticipé, qui on l’espère, inspirera d’autres studios.


    GetsuFumaDen : Undying Moon souffle un vent de fraîcheur autant qu’il repose sur des mécaniques bien connues des fans de roguelite. Sa direction artistique et son univers le démarquent de la concurrence, apportant ainsi une réelle innovation visuelle. Son gameplay, bien que doté d’une lourdeur parfois gênante, reste agréable grâce à la grande variété de combinaisons possible. Néanmoins, il n’est pas à mettre entre toutes les mains : seuls les joueurs aguerris arriveront à venir à bout d’une difficulté retorse, notamment due à la lenteur de la progression, induite par la rareté des ressources nécessaires. GetsuFumaDen dispose d’une esthétique soignée, d’un gameplay riche, et d’un challenge élevé. Gageons que son accès anticipé permette au titre de se bonifier grâce au retour des joueurs, et c’est tant mieux.

    Éditeur : Konami Digital Entertainment - Développeur : GuruGuru

    Sorti le 13 mai en accès anticipé sur PC et en 2022 sur Switch

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