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  • Test Indiana Jones et le Cercle Ancien : la meilleure adaptation d'Indy

    By DonBear
    Published in Tests
    December 24, 2024
    8 min read

    L’annonce d’un jeu Indiana Jones ne m’a fait ni chaud ni froid. Je faisais hélas partie des sceptiques : le jeu vidéo possède ses propres icônes nées de l’imaginaire autour des archéologues aventuriers. Nathan Drake et Lara Croft nous ont déjà raconté d’excellentes histoires au fil des générations de consoles. Certes, Indy a son charme propre, mais comment ne pas donner l’impression d’être une sorte de doublon quand Uncharted et Tomb Raider ont déjà fait leurs preuves ? Aussi étonnant que cela puisse paraître, je suis bien forcé de le reconnaître : j’avais tort sur toute la ligne.

    La meilleure adaptation à ce jour

    La présence de séries cultes enfantées par l’imaginaire créé par Indiana Jones au sein du jeu vidéo n’était pas la seule raison de ma réticence. Les quelques trailers n’avaient pas su allumer la flamme de la hype dans mon petit cœur froid. Le trailer de gameplay me donnait l’impression que c’était mou et mal rythmé. La vue FPS ne me semblait pas adaptée, sans doute influencé par les autres jeux dans le même genre qui utilisent tous la vue à la troisième personne. Et puis surtout, qu’y avait-il à raconter qui n’aurait pu l’être dans un futur Uncharted ou Tomb Raider ?

    C’est là ma première grosse erreur. Pour donner un peu de contexte, je suis loin de me considérer comme un fan d’Indiana Jones. Le nombre de fois où j’ai vu les films se compte sur les doigts d’une main, et je n’ai même pas voulu assister à la débâcle qu’ont été les deux derniers films, sortis en 2008 et 2023. Je n’ai que quelques souvenirs flous du scénario de la trilogie, j’en garde surtout l’image d’une atmosphère agréable d’excellents films d’aventures, et quelques scènes cultes. Mais comme tout le monde – ou du moins, ceux de ma génération – j’ai grandi avec ces films. Je ne les ai certes pas revus moult fois, mais ils ont malgré tout bercé mon enfance, au moins autant que Star Wars. Et simplement entendre les premières notes du thème culte suffit à me plonger dans la nostalgie la plus douce qui soit.

    Screenshot Indiana Jones

    Et ça, Machine Games l’a bien compris. Ils se sont assurés de proposer une aventure vidéoludique proche des films. Ça passe par le moindre détail de mise en scène, la musique, le doublage, les références, et ainsi de suite. Et ça marche du tonnerre ! C’est simple : j’ai vraiment eu l’impression de vivre une nouvelle aventure d’Indiana Jones, à la hauteur de la trilogie. On découvre des lieux sublimes, on voyage, on rigole souvent, on vit des scènes d’actions intenses, on fait face à un « zeste » de surnaturel – un peu plus qu’un zeste en réalité – et on savoure chaque moment. C’en est presque au point où chaque fois que je posais la manette, j’avais l’impression que j’avais un film sous les yeux.

    C’est en partie dû aux graphismes très jolis. La modélisation d’Harrison Ford est excellente, celle de Tony Todd aussi, et celle des autres acteurs n’est pas en reste. Visuellement, ça fourmille de détails, la lumière est très jolie, bref c’est agréable à regarder. Saluons au passage l’excellente optimisation du jeu, qui tourne comme un charme. J’ai beau avoir eu quelques légers bugs ici et là, rien qui n’entache l’expérience. C’est devenu quelque chose de si rare qu’il est important de le préciser quand un jeu fonctionne parfaitement dès sa sortie.

    Screenshot Indiana Jones

    Au-delà même de la technique, c’est aussi tous les choix de plans de caméra, le rythme, et tout un tas de détails qui font de cet Indiana Jones l’adaptation la plus réussie à ce jour. Et côté français, on a le plaisir de retrouver Richard Darbois comme voix de l’archéologue. Alors, certes, les années se font sentir à travers son timbre et ça crée un léger décalage entre la tête d’Indy encore jeune et son comédien de doublage, plus âgé. Mais qu’importe, la madeleine de Proust fait son effet à merveille. Et les autres doubleurs lui donnent la réplique à merveille. Ça vit, ça respire, c’est naturel : on y croit.

    Surtout que les dialogues sont eux aussi excellents, ils collent en tout cas parfaitement à ce qu’on attend d’une œuvre Indiana Jones. Des punchlines, des petites blagounettes, du nazi colérique, le cocktail parfait pour se détendre. L’acolyte d’Indy, une journaliste nommée Gina qui nous accompagne dans nos pérégrinations pour dévoiler le mystère autour de pierres censées former « le cercle ancien », crée une excellente dynamique. On pourra cependant reprocher au jeu d’être quelque peu léger sur l’aspect dramatique, où les émotions n’ont pas le temps de s’installer qu’on est déjà passé à la scène d’après. Mais qui s’attend à larmoyer devant Indiana Jones ?

    Screenshot Indiana Jones

    Et un excellent jeu ?!

    Bon, vous l’avez compris, je suis pleinement convaincu de la qualité d’Indiana Jones et le Cercle Ancien en tant qu’adaptation, jusqu’au point où j’aimerais presque l’adapter au cinéma, histoire de boucler la boucle. Mais la surprise ne s’arrête pas là – d’autant plus quand on était réticent comme je l’étais – car il frôle aussi l’excellence quand il s’agit d’expérience ludique.

    Quand on pense Indiana Jones, on pense décors variés, situations rocambolesques, fouet cinglant, temples et autres cryptes, nazis énervés, énigmes farfelues et pièges vicieux. Eh bien, tout ça, c’est dans le jeu.

    Bon, déjà, parlons de la vue FPS. On va faire court : elle est tout simplement excellente. Elle permet une immersion sans faille, que ce soit durant la découverte d’une ville ou d’un temple. Au contraire même, elle confère cette sensation d’être dans la peau d’Indiana Jones. Ce côté à la fois un peu lourdaud dans les phases de plateformes, cette façon de cingler son fouet, de regarder partout lors des énigmes, tout est parfaitement dosé pour nous faire comprendre qu’on ne joue pas un surhomme mais bien un aventurier avec ses forces et ses faiblesses. D’ailleurs, le fouet, acolyte iconique d’Indy, est utilisé à la perfection dans le jeu. Utile à la fois dans les combats et pour les phases de plateformes, Machine Games semble avoir compris ce qu’on s’attendrait tous à faire si on l’avait en main. Malheureusement, on ne peut pas en dire autant des armes, qui nécessitent plusieurs balles pour tuer un ennemi, même avec une visée parfaitement maîtrisée. C’est dommage, car ça nuit au réalisme du jeu. Mais c’est bien le seul bémol que je pourrais trouver à redire sur le gameplay. Mais là où je me suis pris une claque, c’est bien sur le level design.

    Screenshot Indiana Jones

    Quand je découvre le premier niveau, je suis éberlué. Je progresse à pas feutrés, histoire de ne pas attirer l’attention des fascistes dans le coin. C’est au fur et à mesure de ma progression que je me rends compte de quelque chose d’inattendu : j’ai l’impression de jouer à Dishonored. Non, on n’a pas de pouvoirs magiques, mais le level design utilise la même philosophie : des chemins alternatifs partout, dont certains à débloquer, des secrets planqués ici et là, plusieurs manières de progresser. Je pouvais tout à fait terminer le niveau sans jamais avoir aucun contact avec un ennemi. Bon, connaissant ma capacité proche du néant à m’infiltrer, ce n’était pas gagné, mais j’ai pourtant réussi à progresser relativement longtemps sans me faire voir.

    Indiana Jones et le Cercle Ancien propose une difficulté parfaitement ajustée pour ceux qui, comme moi, ne sont pas les rois du silence. C’est probablement dû au fait que l’IA des ennemis est totalement aux fraises. Les ennemis sont tout simplement à côté de la plaque en toute circonstance, et ça se traduit donc par une difficulté qui agacera probablement les amoureux de la discrétion. Dans mon cas, ça n’a rien enlevé au charme de l’expérience : que c’est agréable de découvrir un niveau, de comprendre ses ramifications et de réussir à créer une carte mentale. Encore une fois, ce n’est absolument pas sur le level design que j’aurais misé une pièce, mais force est de constater que Machine Games a su s’inspirer des meilleurs sur ce point.

    Alors, quelle ne fut pas ma surprise quand il a fallu enfiler un déguisement. Attendez, parce qu’en plus de Dishonored, maintenant on va aussi faire du Hitman ?! Bon, finalement ce ne fut pas le cas, même si l’idée est la même. En arrivant au Vatican, on nous propose d’enfiler une soutane pour pouvoir se déplacer plus aisément, et le changement de tenue est d’autant plus simple qu’il est automatique. Qu’à cela ne tienne, le plus important réside dans la découverte de nouveaux lieux. Et c’est encore une fois une surprise totale ! Le Vatican est grand, explorable dans tous ses recoins et doté d’une verticalité inattendue. C’est un vrai bonheur d’utiliser son fouet pour grimper sur le toit d’une maison, découvrir une fenêtre ouverte et trouver des secrets bien cachés. La plupart sont totalement optionnels : si on est pressé, on peut se contenter de l’histoire principale qui se fait relativement rapidement. Mais ce serait dommage, car toute la maestria du jeu se trouve justement dans l’ingéniosité de son level design.

    Screenshot Indiana Jones

    Du moins, c’est ce qu’on pense au début. Indiana Jones et le Cercle Ancien finit par doucement se refermer et proposer une aventure beaucoup plus linéaire par la suite. L’impressionnant Vatican laisse place à des niveaux beaucoup plus pensés en couloir par la suite, avec une verticalité largement amoindrie. C’est à la fois un point positif et négatif : voir l’expérience se recentrer sur le scénario confère au jeu un rythme soutenu, malgré les quelques quêtes secondaires toujours présentes. Le fait d’avoir une exploration réduite à quelques bonus octroie la capacité de se concentrer pleinement sur l’aventure. Cependant, on ressent aussi une frustration : on a l’impression de perdre quelque chose en cours de route, de ne presque plus jouer au même jeu. J’exagère un peu, mais on perd totalement l’aspect immersive sim découvert au Vatican. Comme si on passait de Dishonored à Call of Duty, en tout cas durant certaines séquences entièrement tournées vers l’action.

    Néanmoins, on ne perd pas au change : l’aventure prend son envol, on est transporté dans une expérience digne des films. On visite différentes régions, dont certaines totalement incongrues, comme ce bateau se trouvant au sommet de l’Himalaya. L’une des grandes forces du jeu, c’est aussi de continuellement nous étonner grâce à ce zeste de surnaturel qui permet des choses toujours plus folles. Et c’est sans doute là où le jeu brille le plus : dans sa capacité à nous émerveiller.

    Personnellement, j’ai toujours été un grand fan des temples perdus. Que ce soit dans Tomb Raider ou Uncharted, j’ai toujours aimé découvrir des secrets découverts après des siècles d’oubli. Des lieux grandioses, bourrés de mécaniques improbables et qui n’existent que pour le goût de l’aventure, parce qu’il faut bien l’avouer, personne n’irait inventer ça et l’utiliser quotidiennement. Dans Indiana Jones et le Cercle Ancien, les temples ont donc naturellement été mes parties préférées du jeu. Les ambiances sont folles, avec des décors majestueux, et surtout les énigmes sont agréables. Jamais très difficiles, elles nécessitent uniquement de l’observation pour être résolues. Pour autant, ça faisait bien longtemps que je n’avais pas eu ce genre d’expérience dans un AAA. Et surtout, pour mon plus grand plaisir, on a enfin un personnage qui ne résout pas l’énigme tout seul en disant bien entendu la réponse à voix haute. La frustration constante que j’ai vécue dans Horizon Forbidden West ou God of War Ragnarök était ici inexistante. J’étais vraiment dans la peau de cet archéologue, qui devait réfléchir pour comprendre comment pouvaient penser les gens qui ont construit ces mécanismes il y a des siècles. Bon, j’ai toujours un doute sur le fait que quiconque les ait jamais utilisés, mais au moins j’ai pris du plaisir à les découvrir.

    Screenshot Indiana Jones

    Pour toutes ces raisons, cette nouvelle adaptation d’Indiana Jones est aussi rafraîchissante qu’agréable. Durant la dizaine d’heures qu’a duré mon aventure, j’ai été totalement immergé, et l’esprit des films est tellement respecté que j’en viens presque à espérer que le jeu sera adapté au cinéma – même si Harrison Ford commence à se faire vieux pour rentrer dans le rôle. Bien sûr le jeu n’est pas parfait, et on a quelques fois des instants où la magie n’opère plus. Ça arrive notamment lorsqu’on discute et/ou marche avec un PNJ : leur comportement est erratique, tout autant que leur façon de se déplacer. Le fait que les dialogues ne prennent pas en compte la distance entre nous et le personnage rend parfois la scène un peu ridicule, où on parle comme si de rien n’était alors qu’on est à 100 mètres l’un de l’autre. Cette inégalité dans les niveaux, notamment au niveau du level design, en laissera probablement certains sur leur faim. Les phases d’action ne sont pas l’excellence incarnée, mais fort heureusement elles sont peu nombreuses dans le jeu. Bref, vous l’avez compris : même s’il n’est pas parfait, Indiana Jones et le Cercle Ancien est le meilleur jeu vidéo porté sur Indy à ce jour, et une excellente surprise. J’ose penser que même avec des attentes plus élevées, le pari aurait été réussi haut la main.

    Points positifs


    L’ambiance des films
    La VF
    Les musiques
    Très joli et bien optimisé
    L’humour d’Indy
    La modélisation des personnages
    Ultra immersif
    Les décors
    Les temples et les énigmes
    Le level design

    Points négatifs


    Les PNJ rigides hors cinématique
    Level design inégal
    L’IA aux fraises
    Les sensations de tir

    8
    Incroyable
    Pour les fans d'Indy ? Un indispensable. Pour les fans d'immersive sim ? Le début les convaincra certainement, la suite un peu moins. Parce que oui, le premier niveau se différencie tellement des suivants qu'il risque potentiellement d'en décevoir quelques-uns. Pour autant, l'expérience proposée est sans doute la meilleure possible pour un jeu Indiana Jones. L'esprit des films est respecté tant au niveau des musiques que des dialogues, avec une ambiance propice à de bonnes tranches de rigolades et un sentiment d'aventure bien présent. L'IA est certes aux fraises, mais elle n'empêche pas d'être continuellement surpris par la richesse des décors et ce mélange entre infiltration et action dans des séquences parfaitement maîtrisées. Malgré quelques défauts ici et là, Indiana Jones est assurément l'un des meilleurs jeux de 2024.

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    DonBear

    DonBear

    Fondateur

    DÉVELOPPEUR :

    Machines Games

    ÉDITEUR :

    Bethesda

    DATE DE SORTIE :

    9 décembre 2024

    PLATEFORME :

    PlayStation 5, Xbox Series X|S et PC

    PRIX À LA SORTIE :

    69,99

    Testé sur PC grâce à un code fourni par l'éditeur

    Table Of Contents

    1
    La meilleure adaptation à ce jour
    2
    Et un excellent jeu ?!

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