Si Nintendo réussit bien une chose, c’est de rendre toutes ses licences aussi cultes les unes que les autres. Metroid ne déroge pas à la règle : rien que l’évocation de ce nom rappelle à tous les joueurs de grands moments de gaming. L’arrivée aussi soudaine que prématurée de Metroid Prime Remastered en a surpris plus d’un, et a été, pour moi, l’occasion de découvrir ce titre tant apprécié.
Surprise ! C’est lors d’un Nintendo Direct tout à fait banal que la firme japonaise a annoncé l’arrivée imminente de Metroid Prime Remastered. Imminente ? Oui et non… Clairement, personne ne s’attendait à voir un tel jeu dans une présentation aussi « classique ». C’est surtout sa disponibilité immédiate qui a surpris bien du monde. Dès l’annonce, le jeu était d’ores et déjà trouvable sur l’eShop de la Nintendo Switch. Pour les plus patients – et les collectionneurs –, une version boîte est disponible depuis le 3 mars 2023.
C’est dans ce contexte que j’en ai profité pour découvrir ce jeu culte, sur lequel j’ai entendu de nombreux éloges sans avoir eu l’occasion de mettre réellement les mains dessus. En effet, cela serait mentir d’affirmer qu’il s’agit de ma première fois. J’ai pu m’adonner à quelques minutes du jeu sur sa version GameCube il y a déjà quelques années, une durée trop courte pour profiter pleinement de l’expérience de jeu que propose Metroid Prime. Je connaissais donc déjà un minimum l’esthétique du jeu et sa démarche en termes de design. Cette sortie sur Nintendo Switch en version remaster a été l’occasion parfaite pour y mettre du cœur à l’ouvrage et enfin comprendre tous ces N-Sex qui ne jurent que par Samus Aran.
En allumant le jeu pour la première fois, beaucoup de choses sautent aux yeux, mais le changement majeur reste avant tout le passage du format 4:3 au format 16:9. Enfin, nous avons droit de découvrir ce FPS avec un champ de vision moins réduit que sur la plateforme d’origine, permettant ainsi de gagner grandement en lisibilité. Les menus et les polices d’écritures ont été revus pour ce passage à la haute définition, mais pas que !
Même si Retro Studios, les créateurs, ont décidé de conserver le même moteur pour concevoir ce remaster, les changements graphiques sont nombreux et clairement bienvenus. C’est avec une Samus en Full HD et de magnifiques reflets sur son armure scintillante que nous allons découvrir la planète Talon IV. La skybox (le ciel et les effets liés aux nuages) a été entièrement retravaillée pour donner un nouvel aspect au jeu sans pour autant s’éloigner de la vision originale. Les modèles 3D sont plus fins, plus nets, et même les effets de lumières comme sur le bras lanceur de missile de Samus ont été entièrement refait. Globalement, il s’agit d’un remaster extrêmement propre, mais qui ne porte pas l’appellation « Remake » puisque le jeu utilise toujours le même moteur. Si vous avez des souvenirs lointains de Metroid Prime sur Nintendo GameCube, essayez de le lancer et de le comparer à la version Switch pour voir les différences majeures entre les deux versions. Il s’agit là d’un remaster parfait pour découvrir Metroid Prime ainsi que tous les mystérieux recoins de Talon IV.
En termes de gameplay, Metroid Prime Remastered offre de nouvelles options pour découvrir le jeu avec un mapping des touches modernisé. Dans les options, le jeu nous laisse le choix entre le gameplay d’origine sur GameCube, une option pour le motion gaming avec un pointeur à l’écran, un modèle hybride pour le gyroscope, et celui remasterisé “comme sur Call of Duty”. Pour faire simple, la nouvelle méthode permet de se déplacer avec le stick gauche et de viser avec le stick droit. Ça peut paraître idiot de le préciser, mais cette norme n’existait pas encore à l’époque de la GameCube.
Retro Studios ne s’est pas contenté d’un bête et méchant remaster avec un lifting graphique et quelques petites améliorations de gameplay, une autre option un peu particulière a été ajoutée au jeu, et elle concerne la narration.
Il fut un temps où les versions japonaises et occidentales n’étaient pas tout à fait les mêmes. Pour Metroid Prime, Retro Studios avait prévu à l’origine trois modes de narration : un pour le public japonais, un pour le public européen, et un pour le public américain. Concrètement, le seul changement réside dans le nombre de phrases doublées par le narrateur. Ces différentes options sont proposées dès le lancement de votre première partie, histoire d’adapter le jeu à vos goûts personnels.
Si ce remaster à l’allure de remake peut prétendre être l’une des meilleures refontes pour un jeu aussi culte, on retrouve techniquement le même jeu sur GameCube. Les niveaux ne changent pas d’un pouce (hormis graphiquement), et il vous faudra toujours arpenter les couloirs exigus des ruines et des cavernes en tous genres pour vous en sortir. C’est là que Nintendo frappe fort, puisque même 20 ans plus tard, le level design reste tout bonnement sublime. Les niveaux sont découpés en zones qu’il vous faudra explorer pour découvrir l’histoire de ces lieux mystiques. En prenant votre temps, et en scannant chaque objet marqué avec le scanner de votre combinaison futuriste, vous allez entrer en profondeur dans le lore ultra fourni de Metroid Prime. Attention toutefois, il ne faut pas avoir peur des allers-retours ! Metroid Prime vous invite à revisiter certains endroits afin d’obtenir de nouveaux pouvoirs ou profiter d’un chemin inédit grâce à une nouvelle compétence obtenue plus tôt.
Dès la fin de l’introduction, on comprend vite que Samus a perdu l’entièreté de ses pouvoirs. Après un atterrissage d’urgence sur la planète Talon IV, infestée par les pirates et créatures en tous genres, vous devrez premièrement vous frayer un chemin dans les nombreuses ruines afin de récupérer toutes vos compétences.
Missiles, bombes, boule morphing, grappin, votre arsenal va rapidement s’élargir au fur et à mesure de vos pérégrinations. Une salle qui titille votre esprit avec une mystérieuse porte fermée ne vous posera plus aucun problème puisque vous allez vite comprendre qu’elle nécessite une compétence spécifique pour être ouverte. Toute la narration de Metroid Prime réside principalement dans les messages laissés par les pirates et les Chozos un peu partout dans l’environnement. Quelques cinématiques vont ponctuer votre aventure pour marquer votre avancée dans le scénario. Le jeu regorge de nombreux secrets, notamment de salles spécifiques dans lesquelles vous trouverez certaines améliorations pour vos compétences – totalement facultatives – qui seront bien utiles pour progresser dans Metroid Prime.
Si Metroid Prime Remastered brille autrement que par son level design parfait et son lifting graphique impeccable, c’est notamment grâce à l’ambiance très particulière qui se dégage du jeu. Sur la planète Talon IV, vous êtes seule… Si vous ne considérez pas les créatures et les pirates hostiles comme une véritable compagnie, les dédales de cet univers vont vous permettre de vous rapprocher encore plus de cette sensation d’isolement. La découverte de nouveaux environnements se fait au compte-gouttes et vous aurez tout le loisir de redécouvrir chaque salle pour tenter de déceler de nouveaux secrets, voire des passages cachés.
On est bien loin du level design à la sauce « monde ouvert » que l’on mange matin, midi et soir dans les jeux AAA modernes. On se rapproche plutôt des sensations provoquées par un bon vieux Resident Evil et même certains passages narratifs d’un Subnautica pour le côté exploration.
Bien sûr, si vous êtes un grand habitué des jeux récents (tout comme moi), vous allez parfois avoir tendance à perdre patience quand il sera question de trouver LE chemin précis qui vous ramènera à la suite de l’aventure. Metroid Prime vient d’une autre époque et ça se ressent, en bien comme en mal. Samus reste encore très rigide au niveau de ses déplacements et certains moments de plateformes peuvent devenir redondants.
Il faut savoir dans quoi vous vous engagez quand vous lancerez pour la première fois Metroid Prime Remastered. Apprenez à prendre votre temps pour découvrir les environnements et vous verrez, vous n’allez jamais autant apprécier vous perdre.