Mount & Blade II Bannerlord, c’est un peu ce vieux pote que l’on n’attendait plus et qui vient à l’improviste se rappeler à notre bon souvenir. Enfin, pas tout à fait, parce que force est de reconnaître que j’ai attendu fiévreusement pendant 10 ans une suite à l’un des bacs à sable les plus extraordinaires jamais pensés. Qui combe jeu de rôle, de gestion, de stratégie avec une capacité à générer des histoires que seul Crusader Kings peut égaler. De streams en annonces, l’accès anticipé a paru interminable, et maintenant que voici la bête, l’heure est venue de savoir si ça valait l’attente ou si finalement il va tenir du coitus interruptus.
« Mount & Blade, c’est quoi ? », demanderez-vous si vous faites partie des gens de peu de foi qui ne savent pas encore ce qui est bon. Ça consiste à présider au destin d’un seigneur médiéval et de sa lignée, dans les moindres détails, ce qui va par exemple permettre d’administrer vos terres, de chercher épouse, de chercher la gloire et, bien sûr, de péter la mouille des petits camarades et néanmoins voisins et rivaux.
Ce dernier point mérite qu’on s’y attarde, puisque l’on est physiquement plongé au cœur de la bataille, entouré d’unités alliées et adverses, à donner des ordres tout en dessoudant à tour de bras les clampins d’en face. À noter d’ailleurs que l’un des rares problèmes du jeu précédent était que votre Seigneur était quand même un peu un Terminator, problème qui, s’il n’est pas tout à fait résolu, a bien été corrigé. Et le système en lui-même a gagné en précision et en finesse.
Disons-le tout de go : Bannerlord est avant tout une mise à jour de Warband, le premier M&B. Mais soyons honnêtes : il ajoute quand même quelques petites choses bien sympathiques, comme des lieutenants plus dégourdis, et surtout un vrai poids dans les décisions du monde grâce à l’influence, une nouvelle ressource qui renforce un jeu déjà richissime. À noter d’ailleurs que le territoire est le même que dans Warband, mais en plus grand, plus riche, et avec un sacré nombre de factions antagonistes au milieu desquels il conviendra de louvoyer.
Il faut s’imaginer sonner la charge dans la rosée matinale, descendre dans l’arène affronter le champion local, capturer un seigneur adverse pour en tirer rançon, et tout ça avant le petit-déjeuner ! Et si vous voulez simplement faire du commerce ou effectuer quelques quêtes, c’est possible aussi ! Tout cela pour finalement écrire l’histoire de votre famille. Serez-vous un tyran sanguinaire qui écorche ses prisonniers ou un commerçant à la langue de velours qui tiendra tout le monde par son sabir ?
Cela étant, il faut tout de même l’avouer, le ticket d’entrée est un peu costaud : M&B II est un jeu qui ne s’improvise pas. Entre une maniabilité qui peut exiger un petit temps d’adaptation, des voisins belliqueux au possible, des unités dont il faut apprendre le fonctionnement pour optimiser ses batailles, une économie qui requiert un peu de doigté (au début), il faut du temps pour devenir un bon joueur. Mais le jeu en vaut la chandelle car ce petit frère est bien plus abouti que son aîné. Gérer de la sorte un territoire toujours croissant, veiller à chaque détail avec minutie, tout cela est évidemment grisant.
Alors bien sûr tout n’est pas rose : la traduction est aux fraises, et je suis poli. De nombreux bugs émaillent encore les parties et, plus grave, les sauvegardes (même si c’est rarissime). Et nous jetterons un voile pudique sur les versions consoles (voir encadré). Mais ça ne doit pas vous détourner de cet excellent jeu, vous savez, ce genre de jeux qui vous laisse finir la bave aux lèvres au milieu de la nuit, à être incapable d’arrêter. Il y a toujours quelque chose à faire, un point à améliorer, et un sentiment d’accomplissement qui se répète encore et encore, constituant un circuit de récompense courte hyper addictif. Et les plus velus pourront aussi chercher le défi en multijoueur, avec trois modes différents dont la stabilité est variable (manifestement du P2P) mais qui restent très divertissants (tant que le huitième Ragnar de la soirée ne vous a pas mis une pilée).
Et sur console alors ?
C’est non. Et c’est dommage. Déjà parce que la manette, ça ne cadre pas très bien avec tout ce qu’il y a à faire. Mais aussi, et peut-être surtout, parce que les bugs sont plus nombreux sur les versions consoles que sur les versions PC, et que les machines soufflent comme des bœufs quand il s’agit d’afficher des myriades d’unités ou de calculer tout ce qui se passe sur cette immense map.