
Lorsque j’étais plus jeune et que Ninja Gaiden 2 est sorti, je mourais d’envie d’y jouer. Malheureusement, je faisais partie de l’équipe Nintendo – à l’époque où la guerre des consoles avait encore un sens à mes yeux – avec la GameCube et la N64 avant elle. Alors je regardais les screenshots dans les magazines, puis plus tard des trailers sur YouTube, et ma frustration n’en était que plus grande. Ce ninja trop classe, cette mise en scène, tout ce gore et cette adrénaline qu’on devait ressentir manette en main ! Alors grâce à ce Ninja Gaiden 2 Black, j’ai un peu l’impression de prendre une revanche sur la vie. Surtout que… c’est vraiment le même jeu.
C’est peu dire que le revival de la franchise est aussi inespéré qu’attendu depuis belle lurette par les fans. Les Ninja Gaiden ont fait les beaux jours des fans d’action brutale au début des années 2000, avant de disparaître complètement des radars. Du moins, jusqu’à ce revival avec l’arrivée de ce Ninja Gaiden 2 Black et l’annonce du prochain opus qui devrait sortir cette année. Reste alors à savoir si la licence pourra de nouveau briller ou devra se contenter de la communauté – engagée, mais pas bien grande. Dans tous les cas, ce Ninja Gaiden 2 Black a de beaux arguments.
À commencer par son lifting graphique grâce à l’Unreal Engine 5. On tient là le plus beau jeu Ninja Gaiden, en 4K60FPS. Tout est très beau, et mis en valeur par la mise en scène impressionnante du jeu. Chaque environnement, qu’il s’agisse des toits éclairés par la lune, des temples anciens ou de ce Tokyo qui semble peu enviable, est sublimé par des textures en haute définition et des jeux de lumière très agréables à l’œil. Les effets de particules lors des combats, combinés aux gerbes de sang stylisées, renforcent l’intensité des affrontements tout en offrant un véritable spectacle. Il en va de même pour les animations, renforcées par ces 60 fps stables. La transposition sur les consoles actuelles de ce jeu sorti en 2008 est parfaite, et en fait assurément la meilleure porte d’entrée à l’heure actuelle. Parce que finalement, le jeu peut s’appuyer sur une excellente direction artistique, musclée par des graphismes remis au goût du jour.
Mais… Ce n’est qu’une transposition. Parce qu’en réalité, Ninja Gaiden 2 Black est un portage avant tout. N’imaginez pas un game design repensé ou des changements profonds : c’est exactement le même jeu. C’est même littéralement le cas : dans les coulisses, les développeurs ont pris le jeu original et l’ont branché à l’Unreal Engine 5. Après, attention, je ne dis aucunement que c’est simple. Ça demande un gros travail au niveau des assets et ce « branchement » ne se fait pas en un claquement de doigts. Je dis simplement que c’est purement et simplement le même jeu, avec des graphismes améliorés.
Reste alors à savoir si c’est un problème. La réponse est non, assurément : Ninja Gaiden 2 est un titre phare de Koei Tecmo, et pour des raisons évidentes. Et ça l’est peut-être plus encore aujourd’hui, à une époque où le remplissage artificiel pour gonfler la durée de vie est devenu la norme.
Ninja Gaiden 2 Black est un jeu qui va à l’essentiel. Des niveaux linéaires, des gros couloirs remplis d’ennemis, avec une richesse dans le gameplay apportée par sa diversité, sa technicité, sa nervosité et son exigence. Le jeu n’est pas aussi difficile qu’un Souls grâce à la barre de vie qui se régénère partiellement une fois les ennemis vaincus, mais on peut très vite se faire surprendre par un ennemi véhément. Et les boss, eux, sont plutôt coriaces. En plus, il y en a pas mal, et ils représentent des murs de difficulté parfois complexes à surmonter. Donc, s’il n’est pas un jeu centré sur l’échec, Ninja Gaiden 2 Black exige malgré tout une certaine concentration, et c’est un très bon équilibre !
Peut-être parce qu’en réalité, cette version Black se base largement plus sur la version Sigma, remaster du Ninja Gaiden 2 originel. Cette version Sigma a été largement adoucie, proposait de nombreux changements – dont certains passés outre dans la version Black – et aussi pas mal de contenu supplémentaire, comme la possibilité de jouer d’autres personnages. Cette nouvelle mouture de 2025 en reprend donc en grande partie les nouveautés, ce qui risque sans doute de faire grincer quelques dents chez les puristes, mais qui offre in fine plus de contenu et quelques ajouts intéressants, en plus de rendre l’expérience plus abordable pour les nouveaux venus.
Nouveaux venus qui vont donc pouvoir profiter de moult gerbes de sang et membres tranchés. Parce que Ninja Gaiden et le sang, c’est un peu indissociable. Tous les opus sont gores, violents, dépeignant des combats sans pitié. Face aux ennemis, on tranche des bras, des jambes, et lorsqu’ils rampent au sol, on les achève d’un coup d’épée – ou de toute autre arme équipée – pour éviter qu’ils ne tentent une dernière attaque kamikaze qui fait bien mal aux points de vie. Ninja Gaiden 2 Black ne cherche pas à sortir du lot et ravira les fans de beat’em all sanglants à la God of War.
En jouant à ce jeu, on est vraiment replongés à la fin des années 2000, une époque où le jeu vidéo était bien différent. C’est rafraîchissant, ça fait du bien sur plein d’aspects, et on se dit aussi que d’autres ont heureusement évolué. Je parle ici bien évidemment de la caméra, sempiternel némésis des joueurs à cette époque. Et comme Ninja Gaiden 2 Black est exactement comme l’original, on se retrouve une fois encore avec une caméra capricieuse, trop souvent aux fraises. Le goût du rétro, c’est sucré, mais ça peut aussi laisser un goût amer.
Reste alors peut-être une dernière question : est-ce le bon point de départ pour ceux qui veulent se lancer dans l’histoire de Ryu Hayabusa ? Oui, totalement. On ressent l’exact même feeling qu’en 2008 avec de meilleurs graphismes. Et pour l’histoire, il ne faut pas s’inquiéter : de toute façon, elle n’a aucun sens. Des événements qui n’ont ni queue ni tête, qui sont expliqués par des petits pavés de texte insipides ; clairement, Ninja Gaiden 2 ne brille pas par son scénario. La mise en scène a quelques fulgurances ici et là disons, mais c’est à peu près tout.