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    Par DonBear
    Publié dans Tests
    6 juil. 2021
    10 min de lecture
    Test Ratchet & Clank : un jeu d'animation

    La PlayStation 5 a démarré avec un nombre d’exclusivités non pas anormal, mais rempli de jeux éloignés du grand public. Quand on y regarde de plus près, il y a Demon’s Souls, un remake d’un jeu datant de 2007 considéré comme peu abordable; Spider-Man Miles Morales qui, aussi bien soit-il, ne reste qu’une extension stand-alone du premier et Returnal, un roguelite AAA qui reste un genre de niche. Voici donc venir Ratchet & Clank Rift Apart, un jeu d’action aventure saupoudré de plateforme. Accessible pour tous – même les moins de 7 ans selon l’organisme PEGI –, il se présente comme l’une des exclusivités démontrant les capacités de la console. Mais est-ce que ça en fait un bon jeu pour autant ?

    Ratchet & Clank fait partie des licences emblématiques de Sony. Sans raconter toute l’histoire, le premier opus fit son apparition en 2002 sur PS2. Depuis lors, la saga compte onze jeux canoniques, dont un remake. Si d’autres développeurs ont aussi eu l’occasion de proposer leur propre vision des deux compères, c’est bien Insomniac Games qui développe les épisodes principaux de la série. Comme je n’ai eu aucune console PlayStation excepté la PS1 (oui, mon adolescence est remplie de tristesse sur Wii Sports et Pikmin), je n’ai jamais pu m’essayer à la licence. Elle était de mon œil lointain en rivalité à Jax & Dexter, dans un genre commun. L’obtention (la lutte fut rude) de la PS5 me permet enfin de me frotter à l’une des licences iconiques du jeu vidéo. Si vous cherchez l’avis d’un néophyte de la série, bienvenue dans cette critique.

    Bienvenue dans la Next Gen

    Mais commençons par le commencement. Rift Apart est beau. Magnifique même, à en pleurer. Servant sans aucun doute de vitrine graphique à la PS5, il remplit à merveille son rôle. Dès sa cinématique d’introduction, le titre nous hurle au visage : « Bienvenue dans la nouvelle génération » avec ses graphismes foisonnants de détails. Des textures soignées, un nombre ahurissant d’éléments à l’écran, des animations aussi fluides que l’eau d’une rivière, des effets de lumières ébouriffants et des temps de chargements incroyablement rapides : voilà tout ce que propose visuellement cette aventure. Demon’s Souls et Miles Morales nous le faisaient déjà bien sentir, mais Rift Apart finit d’enfoncer le clou. On assiste là à une prouesse technique qui montre le vaste potentiel de la 9e génération de consoles, au point presque d’en devenir tape-à-l’œil. Extravagant, le titre va toujours plus loin dans la surenchère pour impressionner les joueurs, et on ne peut qu’être ébahi devant une telle maîtrise technique. À dire vrai, on se sent presque face à un film d’animation tant la fluidité et les visuels nous emportent dans l’histoire lors des cinématiques, magnifiquement mises en scène. Même les personnages profitent des capacités de la console. Les visages retransmettent avec subtilité les émotions des personnages. Un regard, un petit mouvement du visage suffisent à comprendre les non-dits. Le jeu n’a clairement pas à rougir face aux productions Dreamworks ou Pixar en termes de qualité visuelle.

    Ratchet & Clank Screenshot

    C'est sublime. Que dire de plus ?

    La PlayStation 5 se dévoile comme une console permettant aux développeurs de mettre en forme de nouvelles idées. Dans une vidéo YouTube publiée par Sony, le directeur créatif d’Insomniac Games, Marcus Smith, déclare que les voyages entre les failles dimensionnelles auraient été impossibles sans le SSD de la PlayStation 5. « Ratchet & Clank : Rift Apart est un jeu qui utilise les dimensions et les failles dimensionnelles, et cela n’aurait pas été possible sans le SSD de la PlayStation 5. Le SSD est très rapide. Il nous permet de construire des mondes et de projeter les joueurs d’un endroit à l’autre à une vitesse quasi instantanée ». Simple argument marketing ? Au vu de l’incroyable technique du jeu, assurément pas. Et pourtant, en novembre 2020, le directeur de la technologie d’Insomniac Games, Mike Fitzgerald, rapporte à Matt T.M. Kim de chez IGN que l’équipe avait le sentiment de seulement « effleurer la surface de ce qu’elle peut faire avec la PS5 », que ce soit pour Spider-Man : Miles Morales ou Rift Apart. Ce qui explique peut-être l’unique point négatif du titre sur l’aspect technique : devoir choisir entre la résolution 4K ou un framerate de 60 fps. Ainsi, privilégier la fluidité avec le mode Performance amène une résolution 4K upscalée, tandis que le mode Fidélité propose du 4K natif à 30 FPS avec du ray tracing. Un compromis entre les deux peut être choisi, à savoir le mode Performance RT, qui fournit un rendu 4K upscalée à 60 fps mais avec du ray tracing. Vous l’aurez compris, rien de dramatique donc et un choix suffisamment large pour contenter tout le monde. Mais je ne peux m’empêcher de trépigner d’impatience de voir enfin du 4K/60 fps avec ray tracing sur console.

    Ratchet & Clank Screenshot

    Le nombre de détails est juste ahurissant

    Si la technique est presque irréprochable, la direction artistique n’est pas en reste, loin de là. Car oui, un jeu propre visuellement n’en demeure pas moins lambda si les décors n’inspirent rien de plus qu’un intérêt restreint. Et on peut dire qu’ils provoquent de sacrées émotions dans Rift Apart. Diversifiés, les mondes que l’on traverse font tous preuve d’une esthétique travaillée et diablement réussie. On passe, entre autres, d’un monde presque cyberpunk truffé de néons et de robots à un monde couvert de faune et de flore sauvage, en passant par les restes d’une planète détruite. Globalement, les décors procurent un pur plaisir et on ne se lasse pas de les admirer. On se retrouve souvent dépaysés et les transitions sont à chaque fois parfaitement exécutées. Les nombreuses inspirations varient les ambiances pour toujours plus d’agréables surprises. Par exemple, je ne m’attendais pas du tout à voir figurer parmi ces inspirations Alien. Et pourtant, il y a bien un passage qui ferait presque froid dans le dos, si le jeu n’adoptait pas un ton enfantin.

    Ratchet & Clank Screenshot

    Des ambiances variées

    Un scénario sans surprises

    De ce que j’ai pu en voir, la série a toujours adopté un ton simple et plutôt à destination des enfants. Insomniac ne déroge pas à la règle avec Rift Apart, qui semble poursuivre l’héritage des précédents opus. L’histoire tient sur un post-it : la cérémonie de remerciement pour Ratchet et Clank, mis à l’honneur pour leur énième victoire contre Néfarious, se voit interrompue par le retour de ce même vilain. Il a cette fois échafaudé un plan machiavélique à base de voyages dimensionnels, amenant par la même occasion son lot d’ennuis. Les deux compères vont donc se retrouver dans une réalité alternative – après en avoir traversé d’autres – et vont par la suite tomber sur leur double dimensionnel. Un bon moyen d’introduire Rivet, un excellent personnage au caractère bien trempé et très attachant. Le gros problème que me pose le scénario, c’est sa prévisibilité et surtout son ton. Je n’ai rien contre les histoires pour enfants, qui selon moi sont dans certains cas les terreaux les plus fertiles pour des messages adultes, comme Vice Versa l’a démontré avec brio. Rift Apart, lui, loupe totalement le coche en proposant un récit banal aux twists vus et revus, et surtout inefficaces, du fait de la faible surprise qu’ils engendrent. Les thématiques sont appuyés très fortement, parfois trop. Il n’y a rien de mal à prôner des valeurs nobles comme la tolérance et l’amitié, mais il découle des dialogues un ton mièvre qui m’a quelquefois laissé pousser un soupir. Il faut voir dans le scénario de Rift Apart l’écriture d’un blockbuster, léger en surface et peu profond mais qui accompagne bien tout le reste. Un peu comme celui des Uncharted, mais adapté aux enfants.

    Ratchet & Clank Screenshot

    Des relations bien mises en scènes mais très basiques

    Et pourtant, les personnages deviennent rapidement attachants. Si Ratchet et Clank restent fidèles à eux-mêmes, les nouveaux arrivants, et plus particulièrement Rivet, ont droit à un développement intéressant. Ne vous attendez pas à une évolution psychologique nuancé et bourré de contradictions, on parle toujours d’un jeu pour les enfants. Mais il reste cohérent et suffisamment bien écrit pour rendre le personnage touchant. Et les doubleurs n’y sont pas pour rien : ils réussissent à leur donner vie grâce à des interprétations qualitatives. Le casting français, rempli de noms connus, donne le meilleur de lui-même pour humaniser ses personnages et les rendre crédibles, ce qui ajoute à l’attachement ressenti envers eux. Ratchet est toujours doublé par Cyrille Artaux et Clank par Martial Le Minoux, tandis que Nefarious est doublé par Philippe Peythieu (la voix d’Homer Simpson) et Rivet est doublé par Barbara Tissier (voix française de Cameron Diaz, entre autres). Petite mention tout de même pour Zurkon Jr qui est doublé par Brigitte Lecordier (VF de Goku enfant et Gohan entre autres), que j’adore et qui a bercé mon enfance – qui a par ailleurs une chaîne YouTube, n’hésitez pas à aller y jeter un œil. Je ne peux donc que vous conseiller de mettre les voix françaises, qui m’ont personnellement plus charmé que les voix anglaises. Pourtant, le casting anglais ne démérite pas non plus et offre une formidable performance. Tant qu’à être sur le volet sonore, les musiques sont elles aussi excellentes, bien qu’un peu discrètes. Les compositions de Mark Mothersbaugh, spécialisé dans les musiques de film, remplissent à merveille leur rôle, mais n’en restent pas moins oubliables. Excepté la musique de fin, qui représente parfaitement l’humour du jeu et se loge dans la tête pendant des heures.

    Les liens sur les noms des comédiens renvoient vers leurs pages Wikipédia, si vous désirez connaitre leurs différents rôles

    Pan Pan Boum boum

    Je parlais plus haut de l’aspect visuel, mais ce n’est pas le seul apport de la PlayStation 5. La DualSense et ses fonctionnalités octroient aux développeurs de créer un gameplay riche, avec des sensations rarement ressenties. Comme Returnal, Ratchet & Clank tire intelligemment parti des spécificités de la manette. Ainsi, les gâchettes à double cran permettent d’effectuer une action différente par cran. Surprenant au début si l’on découvre les particularités du contrôleur, on s’y habitue néanmoins très vite, pour finalement apprécier cette particularité. Les retours haptiques s’avèrent quant à eux très immersifs, avec des vibrations millimétrées dans leurs intensités et dans leurs timings, octroyant ainsi la capacité de ressentir au plus près l’action se déroulant en jeu.

    Ratchet & Clank Screenshot

    Encore une claque visuelle

    N’ayant pas fait les autres jeux de la licence, je ne saurais confirmer ce que j’ai pu lire ici et là, à savoir que les armes sont moins fun dans Rift Apart que dans les précédents. Ce que je peux affirmer néanmoins, c’est que les différentes armes offrent un bon feeling manette en main, sans pour autant se montrer originales. Chacune d’entre elles se manipule d’une manière particulière, comme l’Éradicateur qui tire des éclairs à courte portée, ou le Champitron qui crée des petits champignons qui viennent vous aider à combattre. Mais si leurs utilisations diffèrent, on ne ressent pas de réelle nouveauté dans leur maniement. Un point un brin décevant, car leur design se montre quant à lui réussi et hétérogène. Les projectiles sont dotés d’une animation réussie – comme tout le reste me direz-vous –, parfois un peu trop : l’écran est tellement chargé de détails en tout genre qu’il est difficile de s’y retrouver. Il m’a fallu un long moment d’adaptation pour comprendre où se trouvaient les ennemis et lire leurs attaques. Le jeu se rattrape néanmoins sur les gadgets, qui fournissent des variations de gameplay intéressantes. Comme dans tout bon jeu d’aventure qui se respecte, on obtiendra au fur et à mesure de nouvelles capacités offrant de nouvelles possibilités. Ces nouveautés préservent de la sensation de déjà-vu et sont suffisamment nombreuses pour dynamiser les phases d’exploration ou de plateforme. Une petite précision d’importance : les affrontements contre les boss manquent de diversité, et on se retrouvera souvent face au même boss que celui abattu précédemment. Un manque d’imagination quelque peu décevant, bien qu’il ne soit pas un obstacle à l’appréciation globale du titre.

    Ratchet & Clank Screenshot

    Les combats de boss sont l'un des gros points noirs du jeu

    Quel dommage que Rift Apart se concentre autant sur les combats. Certes, on alterne entre plusieurs phases de jeu aux gameplays variés, mais les échauffourées occupent la majorité du temps – avec l’exploration. Car les autres points, notamment la plateforme et les puzzles, offrent un vrai vent de fraîcheur et brisent une routine parfois bien incrustée. Exclusivement réservées à Clank, les phases de réflexion exigent du joueur de réussir à créer un passage pour des doubles du robot à travers une série d’obstacles. Pour ce faire, certaines boules aux pouvoirs variés, comme le fait de permettre de meilleurs sauts ou d’aller plus vite, permettent de former des itinéraires. Des passages peu nombreux mais intéressants, sans jamais être difficiles au point de bloquer les joueurs les moins patients : il suffit en général de regarder autour de soi pour trouver des boules et ainsi deviner le chemin nécessaire pour terminer le niveau. Quant aux phases de plateforme, elles sont agréables mais trop peu récurrentes. Je crois bien n’en avoir raté aucune, tant leur difficulté est basse. Un challenge plus corsé n’aurait pas été de refus. D’ailleurs, les glissades sur des rails sont, elles, fréquentes dans le jeu, et très plaisantes – mais moins que celles d’It Takes Two, il faut bien l’avouer.

    Ratchet & Clank Screenshot

    Les phases de glisse sont impressionantes mais pas palpitantes

    Vous l’aurez donc compris : en mode de difficulté normale, Rift Apart se veut accessible à tous et relativement facile. On peut bien entendu augmenter la difficulté, disponible dans 4 modes différents. Une simplicité qui se retrouve en outre dans le game design. Le jeu alterne entre le point de vue de Rivet et Ratchet, et chaque mission sera l’occasion de contrôler un des deux personnages sur une nouvelle planète – planètes d’une taille imposante, donnant accès à de vastes mondes à explorer. Les deux protagonistes partagent le même inventaire : les armes débloquées avec Ratchet sont disponibles pour Rivet et l’argent récolté par Rivet peut être dépensé par Ratchet, etc. Un choix judicieux, qui montre bien la volonté d’Insomniac : proposer un jeu fluide et sans prise de tête. Ce qui est demandé au joueur avant tout, c’est de suivre l’histoire en tuant les ennemis sur la route. Bien entendu, les fans d’exploration pourront obtenir un certain nombre de collectibles disséminés un peu partout, dont certains délivrent quelques éléments de lore.

    Ratchet & Clank Screenshot

    VOUS COMPRENEZ LE PARALLÈLE OU PAS ?

    À noter la présence de quelques bugs. Sans pour autant nuire à l’expérience globale, ils peuvent parfois surprendre, comme lorsque le sol disparaît. J’ai aussi subi un crash, même si dans l’ensemble le jeu est parfaitement optimisé. Sur les 15 h de jeu que j’ai au compteur, je n’ai fait face à ces problèmes que 4 ou 5 fois.

    Ratchet & Clank Screenshot

    Même pas besoin de commentaire pour celle-ci


    Irréprochable sur de nombreux points, Rift Apart rejoint donc le groupe actuellement très fermé des exclusivités fortes de cette PlayStation 5. Insomniac a su manier les atouts de la console avec brio pour offrir une aventure riche et foisonnante, remplie d’émerveillement et de moments forts. Si son scénario et ses twists relèvent plus du film pour enfant, il en va aussi de ses graphismes, qui offrent une expérience proche des films d’animation. Un véritable plaisir pour les yeux, qui nous crie sans cesse que la next gen est bien là. Bien que son gameplay ne révolutionne pas le genre, les ajouts apportés par la DualSense offrent de bonnes sensations et démontrent rapidement leurs avantages. Que ceux qui ne connaissent pas la licence se rassurent : certes il vous manquera quelques références à l’univers, mais le titre reste malgré tout très abordable et ne vous laissera pas sur la touche. Assurément la meilleure exclusivité de la PlayStation 5 à l’heure actuelle, Rift Apart propose une aventure colorée et détendue. Il s’y mélange modernité avec des graphismes à la pointe et classicisme avec un gameplay aussi simple qu’efficace mais déjà vu.

    *Développeur : Insomniac Games - Éditeur : Sony*

    Sortie le 11 juin sur PlayStation 5

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