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  • Test Road 96 : Mile 0 – Toujours plus de politique

    By DonBear
    Published in Tests
    April 13, 2023
    4 min read

    Les Français de DigixArt ont réussi à créer un très bon jeu avec Road 96. Pour fuir le totalitarisme d’un chef d’État, notre personnage cherche à atteindre la frontière. Lors du voyage, de nombreuses rencontres s’enchainaient aléatoirement et donnaient lieu à une narration procédurale. Si le jeu n’a pas tout pour lui, les personnages étaient attachants, et c’est justement l’un deux qui va nous intéresser aujourd’hui. Zoé, jeune fille que l’on rencontre dans un camping et nous fait jouer une version torturée de Bella Ciao à la trompette, a en fait bien plus à raconter que ce qu’on découvre dans le jeu. Alors DigixArt propose aujourd’hui la préquelle de son jeu : Road 96 Mile 0.

    O partigiano, portami via

    Dans Road 96 : Mile 0, on se retrouve aux commandes de Zoé et Kaito. Deux adolescents aux situations antinomiques : l’un est fils d’ouvriers, tandis que l’autre est fille de ministre. Mais ça n’empêche pourtant pas une belle amitié de se créer, ni le partage d’une conviction similaire quant au devenir d’un État qui devient totalitariste, chose qui se confirmera dans Road 96. Des discordances vont inévitablement poindre entre les deux amis, et leur amitié va être mise à mal quand des révélations vont changer la nature de leur relation. Étant une préquelle, Mile 0 explique le départ de Zoé sur les routes.

    Tout comme son prédécesseur, Mile 0 est un jeu qui parle ouvertement de politique. Le rapport à la pauvreté, la répression policière, l’utilisation de la démocratie aux dépens du peuple, l’ostracisation des pauvres qui vivent dans des quartiers délabrés : tout autant de sujets qu’aborde le jeu plus ou moins frontalement, avec parfois quelques références appuyées à des films comme Parasite. Certes, il ne fait pas dans la subtilité. Mais par les temps qui courent, force est d’admettre qu’il est plaisant de voir une proposition ludique qui fait écho aux événements se déroulant dans notre société. Mile 0 ne vous oblige pas à prendre parti puisque le scénario suivra le même chemin peu importe vos positions politiques, mais il n’en reste pas moins rafraichissant de voir un jeu qui ne camoufle pas ses propos derrière de la fantasy, du fantastique ou de la science-fiction, comme l’a fait un certain Disco Elysium avant lui.

    Road 96 : Mile 0 Screenshot

    Ceci étant dit, il n’a pas la même portée que le jeu estonien quand il s’agit des choix. Tout au long de l’aventure, Mile 0 vous laisse la possibilité de choisir vos réponses, que ce soit à des questions anodines ou à des problèmes plus importants, avec ce que ça peut impliquer en conséquence. Une liberté offerte au joueur mais dont découle régulièrement un conflit entre choix et narration. Certains choix semblent presque incohérents, quand ce ne sont pas des faux choix – les deux réponses donnant le même résultat. Qui plus est, le système de dialogue reste limité, avec généralement une légère différence entre deux réponses. Impossible donc de dévier de la réaction attendue des personnages, même si elle peut parfois nous paraître absurde.

    Par ailleurs, on peut aussi lui reprocher l’aspect répétitif de sa structure narrative. Non pas qu’elle soit désagréable, mais elle se répète inlassablement tout au long du jeu. On commence en étant dans le coin secret des deux compères, avant de choisir entre les trois lieux principaux où se dérouleront la majorité des événements. Puis péripéties, et enfin, glisse – j’en parle juste après. Si ça finit par évoluer vers la fin, sur les 6h que dure le jeu, c’est quand même souvent la même chose.

    Road 96 : Mile 0 Screenshot

    Sol glissant

    Mais la grande nouveauté de ce Mile 0, ce sont les phases de glisse. Et de côté-là, c’est du tout bon, ou presque. Avant de se forger une belle réputation avec Road 96, DigixArt a développé un petit jeu moins connu du nom de Lost In Harmony, où un certain Kaito parcourait de bien beaux décors en glissant dans ses rêves. Une mécanique reprise donc dans cette préquelle. Et autant dire que c’est une excellente idée qui s’implémente à la perfection dans la narration. Oui, la plupart des parcours sortent totalement de la réalité du jeu, mais ils n’en expriment pas moins la pensée des personnages.

    Parce que la direction artistique est vraiment l’un des points forts du jeu, encore plus durant ces séquences. La ville est morne et pas très jolie, la faute à une technique largement en deça des standards actuels, même pour un jeu indépendant. Mais les passages de glisse sont follement réussis, avec de sublimes effets qui représentent à la perfection ce qui trottent dans la tête des personnages. Les parcours restent lisibles, mais nous emportent entièrement et se mélangent à la perfection avec la musique. Tout comme pour le premier Road 96, la bande-son est encore une fois excellente avec de grands noms comme The Midnight ou The Offspring. Éclectique à souhait, toujours enivrante et parfaitement cohérente avec le thème du niveau, chaque musique est un régal pour les oreilles.

    Road 96 : Mile 0 Screenshot

    Ceci étant dit, on reste très loin d’un Sayonara Wild Hearts. Les sensations manettes en main sont bien moins prenantes que celles ressenties avec nos yeux et nos oreilles. Les phases de glisses sont mollassonnes, malgré quelques passages impressionnants. Mais le tout reste malgré tout assez approximatif : jamais la sensation de vitesse ne devient grisante. Et n’espérez pas mieux des mini-jeux, qui sont au mieux passables, au pire inutile. En matière de gameplay, Road 96 était bien plus audacieux et immersif. Difficile d’en vouloir à la préquelle aux ambitions plus restreintes, mais il me paraît important de le préciser pour savoir où vous mettez les pieds.

    Néanmoins, je ne peux m’empêcher de me prendre d’affection pour ce Mile 0. Parce que les personnages sont attachants – surtout Kaito –, parce qu’on sent la passion des développeurs et leur investissement dans le jeu. Tout n’est pas parfait, comme on vient de le voir. Pour autant, ça n’en reste pas moins une aventure agréable à suivre, avec certes des rebondissements prévisibles et un gameplay peu intéressant, mais avec un message fort malgré tout. Et c’est sans doute ça le plus important.

    Road 96 : Mile 0 Screenshot

    Points positifs


    Le message politique frontal
    L'histoire prenante
    La jolie direction artistique
    La bande-son variée
    Kaito, un personnage attachant

    Points négatifs


    Les graphismes
    La structure répétitive
    La glisse un peu molle
    Le conflit entre choix et narration
    Les mini-jeux

    7
    C'est chouette
    Road 96 : Mile 0 est une bonne préquelle. Elle permet de se plonger un peu plus dans cet État totalitariste et diffuse son message politique avec toujours autant de ferveur. L'ajout des séquences de glisse apporte aussi du neuf et s'incorpore à la perfection dans le jeu. Néanmoins, Mile 0 reste un « petit » jeu, dans le sens où il n'a pas les ambitions de son prédécesseur. Les choix narratifs semblent superflus, au moins autant que les mini-jeux. On suit sans déplaisir cette aventure, tout en ayant l'impression qu'elle aurait pu être beaucoup plus.

    Tags

    NarratifPCDigixArtPLAION

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    DonBear

    DonBear

    Fondateur

    DÉVELOPPEUR :

    DigixArt

    ÉDITEUR :

    PLAION, Ravenscourt

    DATE DE SORTIE :

    4 avril 2023

    PLATEFORME :

    PS4/5, Switch, Xbox One/Series, PC

    PRIX À LA SORTIE :

    12,96

    Testé grâce à un code fourni par Plaion

    Table Of Contents

    1
    O partigiano, portami via
    2
    Sol glissant

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