• Tests
  • Coulisses
  • Archives
  • Analyses
  • Test Rogue Waters : un roguelite tactical qui prend l'eau

    By DonBear
    Published in Tests
    October 17, 2024
    6 min read

    Au même titre que les zombies, les vampires et les samouraïs, les pirates ont, depuis longtemps, une place centrale dans la culture populaire. Pirates des Caraïbes, Black Sails, L’Île au trésor, One Piece, les exemples ne manquent pas. Et même s’ils se font plus rares, ils sont bien présents aussi dans le jeu vidéo avec Monkey Island, Assassin’s Creed Black Flag, Sea of Thieves, et même le prochain Yakuza a choisi de nous emmener en mer. Parmi tous ces noms cultes, Rogue Waters semble bien confidentiel. Pourtant, il faut le dire, il ose quelque chose de jamais vu auparavant. Un jeu de pirate, oui, mais pas n’importe lequel : un roguelite tactical. Forcément, ça m’a rendu curieux, d’où la présence de cette critique. Mais si une bonne idée suffisait à faire un bon jeu, il sortirait des classiques tous les deux jours. Alors, qu’en est-il ?

    Un gameplay efficace

    La première chose qui frappe lorsqu’on joue à Rogue Waters, c’est l’efficacité de sa boucle de gameplay. Tout d’abord, on arrive face à un arbre avec différents chemins possibles. Comme dans Slay The Spire, on peut éviter les combats d’élite, privilégier les événements et les rencontres pacifiques, ou inversement.

    Mais on ne peut pas esquiver indéfiniment les combats, et c’est là qu’arrive la deuxième phase : la bataille navale. Face à un bateau adverse, deux éléments primordiaux sont à prendre en compte. Le premier, c’est votre arsenal d’attaque : limité en nombre, les canons seront votre principale force de frappe. Il en existe des tonnes : certains font plus de dégâts, d’autres encore plus mais ne peuvent viser qu’une partie spécifique du bateau en face, d’autres seront plus coûteux à utiliser, etc. Trouver un équilibre entre force de frappe et précision est loin d’être aisé, mais c’est tout ce qui fait le sel d’un bon équipement. Le deuxième, c’est de savoir quoi viser. En plus de vous-même et votre équipage, vous possédez sur votre bateau différents objets qui procurent des bonus durant l’abordage : pouvoir se déplacer sur une plus grande distance, gagner un point de vie supplémentaire ou obtenir de la régénération, etc.

    Screenshot Rogue Waters

    Pendant que vous bombardez l’adversaire, celui-ci ne reste évidemment pas inactif. Lui aussi va vous attaquer, et c’est là que vous devrez faire des choix : préférez-vous détruire le canon qui va vous infliger des dégâts, celui qui pourrait blesser un membre de votre équipage, ou encore celui qui menace de détruire un objet précieux ? Ou bien, êtes-vous prêt à encaisser tous ces dommages pour infliger un maximum de dégâts à l’équipage ennemi ? Tant de questions qui dépendent de plusieurs facteurs uniques à chaque partie.

    Bien sûr, étant un jeu de stratégie, vous pouvez prendre tout le temps nécessaire pour réfléchir. La bataille navale se déroule en trois tours : vous tirez, puis c’est au tour de l’adversaire, et ainsi de suite. Cependant, vous êtes limité en munitions : au début, vous ne pouvez tirer que trois boulets de canon. Certains de ces boulets, plus puissants, consomment deux tirs. Cela commence à donner un aperçu du grand nombre de possibilités présentes dans chacune de ces batailles. Sans prétendre qu’elles sont profondes — car elles finissent par se ressembler rapidement — elles offrent un avant-goût intéressant de ce qui vous attend lors de la phase suivante tout en vous permettant d’obtenir un avantage réel. La réussite de la bataille navale est souvent déterminante pour l’abordage.

    Screenshot Rogue Waters

    Une fois que vous avez mis à mal le bateau adverse, il est temps d’en finir avec l’équipage ennemi. L’abordage consiste en des combats tactiques — imaginez X-COM ou Fire Emblem pour visualiser la scène. Comme tout bon jeu tactique, le début est assez restreint en termes de stratégie, mais le gameplay s’enrichit rapidement et demande une véritable réflexion avant de se lancer tête baissée. Il n’y a pas un grand nombre de classes différentes, mais chacune possède un arbre de compétences unique qui offre à chaque personnage un style de jeu particulier. Vous pouvez, par exemple, avoir deux lanciers, tous les deux capables de frapper sur deux cases en diagonale, et les faire progresser dans des directions opposées pour maximiser leur efficacité.

    Cependant, ce n’est pas tant dans la diversité que Rogue Waters excelle, mais plutôt dans l’intelligence de ses mécaniques. Le placement des unités est central et peut renverser une bataille qui semble perdue. Grâce à des mécanismes bien pensés, il est possible de renverser la vapeur dans des situations désespérées. Lorsque vous attaquez un ennemi, par exemple, vous vous déplacez tous les deux d’une case dans la direction opposée à votre position. Si un autre ennemi — ou un de vos alliés — se trouve sur la trajectoire, il subira également des dégâts. Et s’il y a un obstacle comme le mât du bateau, les dégâts sont doublés.

    Par exemple, le placement est central dans le gameplay de n’importe quel tactical, mais il est ici l’élément qui peut renverser n’importe quelle bataille. Via des mécaniques bien huilées, il est possible de s’en sortir même lorsque tout semble perdu. Par exemple, lorsque vous attaquez un ennemi, vous vous déplacez tous les deux d’une case, dans la direction inverse de celle où vous êtes par rapport à lui. En gros, si vous êtes à sa gauche, vous allez tous les deux bouger d’une case vers la droite. Sauf que, s’il y a un autre ennemi – ou un de vos marins – sur la route, lui aussi se prendra des dégâts. Et s’il y a un objet comme, disons, le mat du bateau, c’est double dégât pour sa pomme. Et rien qu’avec ça, chaque décision doit être judicieusement mesurée, à la fois pour ne pas vous saboter en faisant perdre bêtement des points de vie à votre équipage, mais aussi parce qu’un bon enchaînement est dévastateur. Si on rajoute à ça la capacité d’invoquer des monstres marins, les attaques à distance qui nécessitent pour la plupart d’avoir une bonne ligne de mire, les attaques de zone et autres joyeusetés, on se rend compte sans mal de la profondeur du gameplay. Malheureusement, elle n’est pas soutenue par le bestiaire qui est très limité. Ceci dit, l’IA m’a semblé adopter de bonnes stratégie, rendant les combats vraiment intéressants.

    Screenshot Rogue Waters

    Et donc, une fois que vous avez péri ou que vous êtes arrivé à bout du boss final de la run, vous revenez dans votre repaire. C’est là qu’on peut explorer l’aspect roguelite. Grâce aux ressources collectées durant la run, on peut engager d’autres pirates, améliorer le bateau, notre équipage ou notre personnage et qu’on repart de plus belle à l’aventure. Cette partie là du jeu reste très classique et manque d’un élan de folie, mais reste convenable dans l’ensemble. La progression est fluide, l’interface est claire, et les améliorations apportent de vrais changement dans les batailles.

    Et c’est sans doute ça qu’il faut retenir de Rogue Waters. Le coeur du jeu, son gameplay, est sans aucun doute l’aspect le plus réussi. Certes, le côté roguelite est très classique et ne risque pas d’émoustiller les fans du genre, mais il est suffisamment réussi pour mettre en valeur la vraie richesse du jeu, à savoir les combats. Les runs étant rapides, je me suis souvent surpris à en lancer deux ou trois d’affilée simplement pour pouvoir approfondir des stratégies. Et heureusement qu’on s’amuse, parce que le reste…

    Le reste, par contre…

    Bon, les histoires de pirate, c’est souvent la même chose. Un captaine vénal, des trahisons, des malédictions, des trésors cachés… Difficile de reprocher à Rogue Waters la pauvreté de son scénario. Cependant, à défaut d’être original, j’aurais aimé pouvoir dire qu’il est divertissant, sauf que ce n’est pas le cas. Les dialogues sont relativement bien écrit, et le capitaine Cutter qui nous sert de pendant virtuel a fort à faire pour se venger du capitaine qui l’a trahi, en plus de comprendre la mystérieuse créature qui s’est niché dans son oeil après avoir subi une terrible malédiction.

    Sauf que ça ne s’agence absolument pas avec le reste du jeu. Oui, le fait de recommencer des runs et mourir en boucle est intradiégétique grâce à l’immortalité des personnages. Oui, l’écriture est relativement sympathique, du moins, on sent l’effort des développeurs pour tenter de rendre les personnages crédibles. Mais pour autant, il n’y a rien de palpitant, rien qui nous pousse à vouloir savoir la suite. Y a un méchant capitaine, faut lui botter les fesses, et concernant la malédiction, on devine aisément où ça va.

    Screenshot Rogue Waters

    Et le pire, c’est que la traduction française est plutôt qualitative, et qu’on a même un doublage intégral en anglais. Pour un studio de cette taille, c’est vraiment un point positif. Mais malheureusement, rien n’y fait : la sauce ne prend jamais vraiment. Sans doute à cause de la direction artistique, qui ne fait rien de mal, mais rien de bien non plus. Qu’on ne s’y trompe pas : le jeu est loin d’être moche. Mais il ne brille jamais non plus visuellement, encore moins quand on le compare aux autres jeux de pirates. Même Skull & Bones, qui est pourtant pas un canon de beauté artistique, a plus d’identité que Rogue Waters. C’est ça le principal problème : Rogue Waters est visuellement banal.

    Il en va de même pour l’aspect sonore : aucune musique n’habille vraiment ce qui se déroule à l’écran. Je ne me sens pas embarqué à travers le sound design. Et l’autre élément nuisible à l’immersion, ce sont les trop nombreux temps de chargement qui viennent constamment ralentir le rythme. En dehors des combats, le moindre clic quelque part entraine quelques secondes d’attentes, ce qui, vous en conviendrez, alourdit fortement l’expérience. Et c’est dommage, parce que, encore une fois, on sent les efforts des développeurs pour créer une immersion, notamment via les doublages et l’écriture. Rogue Waters avait assurément du potentiel, et l’expérience n’est pas désagréable. Mais il est très loin de se hisser à la hauteur des tenors du genre, que ce soit dans le monde des pirates ou celui des roguelite/tactical.

    Points positifs


    L’aspect tactical
    Le doublage
    La boucle de gameplay agréable
    Les dialogues
    Le roguelite…

    Points négatifs


    La direction artistique banale
    Les trop nombreux temps de chargement
    Le scénario
    … Le roguelite

    6
    Sympa sans plus
    Si vous êtes fan de tactical, il y a de grandes chances pour que Rogue Waters vous plaise. Grâce à ses combats stratégiques et sa boucle de gameplay agréable, vous ne serez absolument pas déçus. Et puis, un tactical dans l’univers des pirates, ça vaut au moins le coup d’oeil pour son originalité. Par contre, pour le reste, c’est plus compliqué. A cause de sa pauvreté artistique, de son scénario anecdotique, de l’aspect roguelite sans éclat, Rogue Waters loupe le coche pour faire partie des jeux indispensables du genre.

    Tags

    RogueliteTacticalPCIce Code Games

    Partager :

    Ça pourrait vous intéresser :

    Test Neva : Un jeu sublime, mais...
    Test Neva : Un jeu sublime, mais...
    2 nov. 2024
    4 min
    DonBear

    DonBear

    Fondateur

    DÉVELOPPEUR :

    Ice Code Games

    ÉDITEUR :

    Tripwire Interactive

    DATE DE SORTIE :

    30 septembre 2024

    PLATEFORME :

    PC (Steam et Epic Games)

    PRIX À LA SORTIE :

    28,99

    Testé sur PC grâce à un code fourni par l'éditeur

    Social Media