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  • Test Stray : Un mélange étonnamment réussi

    Par DonBear
    Publié dans Tests
    12 août 2022
    5 min de lecture
    Test Stray : Un mélange étonnamment réussi

    On peut dire que Stray a fait une sacrée impression lors de sa première présentation en 2020. Et à raison, car le studio français BlueTwelve ose un pari risqué : incarner un chat dans un monde cyberpunk. Comment raconter une histoire attrayante ? Comment entremêler des thématiques aussi spécifiques que celles du cyberpunk avec les miaulements d’un félin ? Comment offrir une expérience qui vaut le détour avec deux éléments aussi détonnants ? Est-ce que le jeu utilise simplement l’amour du commun des mortels pour les chats afin d’intéresser les joueurs ? Aussi surprenant que cela puisse paraître, le pari est largement gagné et Stray fait partie des expériences incontournables de 2022.

    Des titres où on incarne un animal, ça existe déjà depuis un bail. On peut jouer une déesse sous forme de louve dans Okami, un renard dans Seasons After Fall, un gorille dans Donkey Kong Country, voire des animaux imaginaires comme un dragon dans Spyro. Mais je n’irais pas jusqu’à dire que ça court les rues, d’autant plus quand on parle de chats. À ma connaissance, Stray est le premier jeu permettant d’en incarner un. Un argument de taille pour beaucoup de joueurs, tant ils font partie des mascottes d’internet – et de l’humanité en général. Mais se baser seulement sur cette incarnation féline est loin d’être suffisant pour assurer la qualité d’un jeu. Est-ce que Stray réussit à proposer quelque chose de plus ?

    Tout le monde veut devenir un cat

    Dans un monde où les humains ont disparu et ne subsistent désormais que robots et animaux, on incarne un matou faisant tranquillement sa petite vie avec ses copains matou. Jusqu’au moment où une mauvaise chute le sépare du groupe, l’obligeant à traverser différents quartiers d’une ville pour parvenir à les retrouver. On se lance donc dans cette aventure avec curiosité. Et je dois dire que c’est très agréable de contrôler un chat, même pour quelqu’un qui ne les apprécie pas spécialement. Personnellement, je ne perds pas la moitié de mes neurones dès qu’un félin entre dans mon champ de vision. Pourtant, j’ai trouvé fascinant le fait de découvrir un monde à hauteur d’un chat, avec ses habilités, son incapacité à communiquer efficacement et ses petites manies. Mais le jeu place tout de même rapidement des limites. Déjà, sa construction est relativement classique avec un système de quête classique. On rencontre un personnage, il a besoin de tel objet, on part le chercher et on lui rapporte. Une structure surprenante en jouant un chat de gouttière, même si finalement assez prévisible.

    Stray Screenshot

    Parce que si le fait d’être un chat caractérise le protagoniste grâce à ses animations et ses réactions, c’est loin d’être le cas en ce qui concerne ses actions. On joue un chat mais on n’incarne pas un chat, qui demeure relativement interchangeable dans sa construction avec toute autre espèce intelligente de taille réduite. Oui on gratte aux portes, on ronronne quand on s’allonge, on pousse des objets sur un rebord d’un coup de patte malicieux et l’agilité féline aide constamment à se mouvoir. Mais, pour autant, on interagit avec les personnages comme un être plus intelligent qu’un chat ne devrait l’être, et on remplit nos objectifs comme un humain le ferait. Bien sûr, imaginer un jeu où incarner un animal pousserait le joueur à oublier sa propre condition grâce à sa capacité immersive reste du domaine de l’imaginaire – et ce n’est peut-être pas plus mal – mais pour un jeu dont le titre se traduit par le verbe « errer », on retrouve assez peu d’éléments qui pourrait caractériser la vie d’un chat de gouttière comme la chasse, la difficulté à survivre ou à s’adapter au monde qui l’entoure.

    Ceci dit, ne jetons pas la pierre au studio car sur l’aspect ludique, le pari est totalement réussi. On s’amuse autant des réactions du chat que de l’amusement procuré par les contrôles. Stray est dirigiste puisqu’on ne peut sauter et plus globalement interagir avec l’environnement que quand le jeu nous le permet, mais ça n’empêche pas de voir le monde comme un immense terrain de jeu où rien n’est inaccessible. Grâce à son univers cyberpunk, Stray alterne entre lieux lugubres et villes remplies d’éléments où un chat peut se promener, et ça donne lieu à un level design vraiment réussi. Malgré le fait que l’action manque de fluidité, la progression de saut en saut et offre une savoureuse sensation de liberté. Sensation aussi due aux animations du chat qui retranscrivent parfaitement les mouvements de l’animal jusqu’au moindre détail.

    Stray Screenshot

    Comme cyberpunk et chat

    Et justement, parlons-en des environnements. Si les égouts et autres couloirs glauques sont réussis sans être renversants, le tour de force se trouve véritablement dans les différentes parties de la ville qu’on va parcourir. Au-delà des graphismes très réussis – notamment les lumières –, ce qui frappe la rétine, c’est surtout cette direction artistique. Ces portions de ville dégagent quelque chose d’unique et appuient l’ambiance, lui confèrant toute sa personnalité. On ressent à chaque recoin la principale inspiration des développeurs, à savoir la citadelle de Kowloon. Et j’en suis parfois venu à me rappeler certains extraits de Ghost in the Shell, ce qui ne peut être qu’une comparaison positive. Cette beauté visuelle couplée aux magnifiques musiques de Yann Van Der Cruyssen (Seasons After Fall) offre la plus grande qualité : son atmosphère si particulière.

    Après, l’univers dépeint est en soi relativement convenu. Les habitués de la science-fiction n’y trouveront pas de grandes surprises. Je vais éviter de rentrer dans le détail, mais pour faire simple, on retrouve des poncifs éculés et peu approfondis. À aucun moment je n’ai été stupéfait, et j’irais même jusqu’à dire que certaines ficelles sont visibles à des kilomètres. Néanmoins, ce défaut est compensé par la narration qui est, elle aussi, subtilement maîtrisée. Le monde se raconte à travers l’environnement et les interactions avec les personnages qui en dévoilent toujours assez mais jamais trop. Finalement, ce monde qui respire le déjà-vu emporte le joueur quel que soit son bagage culturel concernant le cyberpunk grâce à son écriture qui rythme parfaitement la progression. Ça en devient presque frustrant arrivé à la fin du jeu tant on aimerait en voir plus. Néanmoins, les divers objectifs secondaires gonflent la durée de vie initiale – d’environ 4h – et octroient la possibilité de profiter un peu plus de l’univers.

    Stray Screenshot

    Cependant, je ne peux être aussi dithyrambique concernant la caméra. Incarner un chat rime nécessairement avec le fait de sauter partout. Et là, la caméra trop proche de l’animal n’aide pas à y voir clair. Sans aller jusqu’à dire qu’elle est handicapante, il m’est parfois arrivé de mal cerner les éléments à portée de saut justement parce que mon champ de vision était obstrué par le – certes très joli, mais quand même – pelage du félin. Au point où ça en devient quelquefois frustrant. Et l’autre gros problème, c’est la simplicité des énigmes. Dans Stray, vous devrez régulièrement résoudre un problème pour ouvrir un passage ou éviter les bestioles étranges qui vous cherchent des puces. Si l’idée sur le papier est intrigante puisqu’on pourrait imaginer un tas de casse-tête portant sur les capacités féline du protagoniste, dans les faits les « puzzles » sont tous très simples et pas toujours pertinents. Quant aux quelques phases d’infiltration, elles n’apportent pas grand-chose non plus et donnent plus l’impression d’être là pour habiller le gameplay que pour réellement appuyer une profondeur.

    Mais ces quelques défauts n’entachent pas le plaisir ressenti en jouant à Stray. D’ailleurs, sur PlayStation 5, la DualSense fait encore une fois des merveilles. Les retours haptiques sont très efficaces et les gâchettes adaptatives offrent une satisfaction sans pareil lorsqu’il vient le temps de faire ses griffes sur le tapis d’honnêtes gens qui ne méritait pas un tel sort. Certes, le haut-parleur intégré à la manette ne fait pas honneur aux miaulements du chat, mais tout le reste est impeccable et octroie d’excellentes sensations de jeux. À l’annonce des fonctionnalités de la manette, je remettais en doute l’intérêt d’éléments que je considérais comme étant des gadgets ; je vois désormais tout le potentiel de ces améliorations.

    Stray Screenshot

    Points positifs


    Visuellement très réussi
    Une direction artistique à tomber
    Une ambiance sublime
    La bande-son
    Incarner un chat, c'est plutôt cool
    Un gameplay simple mais efficace
    Un rythme narratif maîtrisé

    Points négatifs


    La caméra trop proche du chat
    Un univers convenu
    Jouer un chat comme un humain
    Des énigmes souvent trop simples

    8
    Incroyable
    Pour un premier jeu, BlueTwelve s'en sort avec les honneurs. L'expérience proposée par Stray se rapproche du sans-faute tant il excelle dans tous les domaines. Même son défaut majeur, sa caméra, n'empêche en rien de profiter d'un univers bien écrit et visuellement très réussi. Jouer un chat est une expérience rafraîchissante, mais c'est loin d'être le seul atout du jeu. Le jeu peut paraître un peu court, son univers un peu convenu, et sa portée ludique assez réduite. Mais ce serait passer à côté du principal : Stray est un jeu qui respire la maîtrise et la passion.

    Tags

    NarratifAnnapurnaPS5

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    Fondateur

    DÉVELOPPEUR :

    BlueTwelve Studio

    ÉDITEUR :

    Annapurna Interactive

    DATE DE SORTIE :

    19 juillet 2022

    PLATEFORME :

    PC, PS4 et PS5

    PRIX À LA SORTIE :

    29,99

    Testé sur PS5

    Sommaire

    1
    Tout le monde veut devenir un cat
    2
    Comme cyberpunk et chat

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