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  • Test The Cosmic Wheel Sisterhood : Ma sorcière bien-aimée

    Par DonBear
    Publié dans Tests
    3 sept. 2023
    4 min de lecture
    Test The Cosmic Wheel Sisterhood : Ma sorcière bien-aimée

    The Red Strings Club est sans aucun doute l’un de mes jeux de cœur. Deconstructeam a réussi l’immense exploit de créer un jeu profond, d’une maîtrise magistrale de bout en bout alors qu’il s’agit d’un studio composé de seulement trois personnes. Autant dire que j’attendais Cosmic Wheel avec beaucoup d’espoirs. Tout en restant sur mes gardes, car le sujet du jeu – la divination – me passe largement au-dessus de la tête, et ce genre d’ambiance est loin d’avoir ma préférence face à un bar situé dans un univers cyberpunk. Et pourtant, malgré mes quelques appréhensions, le jeu en vaut largement la chandelle.

    Le pouvoir des trois sœurs sorcières

    The Cosmic Wheel Sisterhood raconte l’histoire de Fortuna, une sorcière mise en exil par sa loge lorsqu’elle a tiré les cartes et prédit un terrible destin. Deux cents ans plus tard, la sorcière isolée fait appel à un Béhémoth, une créature interdite, pour l’aider à sortir de sa prison cosmique. Abramar, nouvel allié de Fortuna, va lui permettre de créer un nouveau jeu de cartes plus puissant que celui du tarot classique, ce qui amène de terribles choix – ainsi que leurs conséquences, pas toujours bien heureuses.

    Screenshot Cosmic Wheel Sisterhood

    Voici le point de départ. Un jeu principalement narratif, où la grande majorité du gameplay consiste à faire des choix de dialogues et assumer leurs conséquences. J’insiste sur ce dernier point, puisque Deconstructeam a eu la bonne idée d’empêcher tout scum saving, c’est-à-dire la possibilité d’effectuer une sauvegarde rapide et la recharger en cas de problème. Il faudra aller jusqu’au bout et porter sur votre conscience tout acte manqué. Un choix très intéressant, parce que l’écriture va souvent vous mettre face à des choix cornéliens.

    La plus grande force de Cosmic Wheel, à l’instar de Red Strings Club, c’est sa narration. À commencer par son univers à la fois simple et riche : on suit des sorcières vieilles de centaines d’années, capables de se transformer en divinités ou de changer de dimensions. Il existe des loges, qui semblent être des sortes de minies sociétés indépendantes. Tout ça avec en plus un rapport avec l’humanité plutôt intéressant. J’avais peur de l’aspect spirituel du jeu – n’étant que peu sensible à ces questions – puisqu’il est tout de même question de tarot ; mes craintes ont rapidement été effacées.

    Screenshot Cosmic Wheel Sisterhood

    L’écriture vraiment fine du jeu permet de rendre n’importe quel dialogue intéressant par tous les sous-entendus et les réflexions qu’il peut apporter. On va rencontrer au cours de notre exil de nombreux personnages qui sont tous attachants, chacun à leur façon. Et surtout, tous ont des idées et des points de vue différents sur le monde et ses règles. C’est une aventure riche en philosophie, en étant en plus très agréable à suivre. Quelques petits couacs néanmoins : j’ai trouvé certains dialogues un peu crus, notamment ceux tournant autour de la sexualité. Le but est sans doute de rendre les personnages les plus naturels possibles, mais j’ai parfois eu l’impression que le jeu essayait d’en faire trop. Après, c’est surtout une question de sensibilité et c’est à chacun de se faire propre avis sur la question. L’autre bémol arrive vers la fin de l’histoire, lorsque certains événements déboulent de nulle part sans vraiment avoir de logique en fonction de nos choix. Comme si le jeu n’avait pas pris en compte cette possibilité. Excepté ce léger désagrément, Cosmic Wheel surprend toujours par les conséquences de nos choix, en bien comme en mal.

    Pour peu que l’on connaisse les trois membres du studio, on sait dans quoi on met les pieds. Narrativement bien sûr, mais idéologiquement aussi : Cosmic Wheel est un jeu résolument politique. C’est un des rares jeux qui, selon moi, peut prétendre être réellement féministe. Énormément de personnages féminins, utilisation de l’écriture inclusive, mise en avant de discours peu entendus dans le jeu vidéo. Des éléments qui déplairont sans nul doute à certains, mais qui m’a semblé être un vent de fraîcheur. Qu’il est plaisant de voir un jeu réellement engagé ! À noter par ailleurs que le jeu ne dispose pas de doublages, mais bénéficie d’une traduction en français.

    Screenshot Cosmic Wheel Sisterhood

    Tirer son épingle du jeu

    Tout cet aspect narratif est au centre du jeu, certes, mais il y a tout un pan de gameplay non-négligeable : la création de cartes. Comme dit plus haut, le scénario va pousser Fortuna à inventer de nouvelles flèches à son arc de cartomancienne. Pour ce faire, plusieurs éléments sont à prendre en considération. Le premier étant ce qui composera votre carte : il vous est donné le choix du cadre, du personnage et d’un bonus. Pour donner un exemple, on peut créer le Red Strings Club en choisissant le bar comme endroit, le barman comme personnage, et des cocktails comme bonus. Chacun de ces composants aura une influence sur le pouvoir de la carte.

    Sauf que tout ça se choisit aussi en fonction d’un coût élémentaire. Pour chaque élément qui compose la carte, il faudra sacrifier des points élémentaires parmi les classiques terre, air, feu et eau ; chacun représentant quelque chose : le feu correspond par exemple au conflit. Ainsi, une carte créée majoritairement avec du feu sera principalement axée sur des aspects négatifs, alors qu’une carte principalement composée d’eau sera plus portée sur le dialogue et une résolution positive. Attention toutefois, car une carte coûte un certain nombre de ressources. Il faut donc bien réfléchir à la création de son deck. Un aspect du jeu très sympathique, encore une fois assez éloigné de la spiritualité qu’on pourrait imaginer, et qui a pourtant une importance capitale dans l’intrigue.

    Screenshot Cosmic Wheel Sisterhood

    Parce que c’est à travers ces cartes que vont s’effectuer les choix scénaristiques. Par exemple, une sorcière vient vous voir pour connaître son avenir. On va donc tirer les cartes, et la carte qui en résulte aléatoirement va donner lieu à plusieurs choix de réponses, qui auront bien évidemment une incidence sur la suite. Deconstructeam avait annoncé que le script de Cosmic Wheel était trois fois plus épais que celui de Red Strings Club, et au vu du nombre de possibilités, il devient largement aisé de les croire.

    Pour finir, parlons rapidement de l’aspect artistique : comme à son habitude, Deconstructeam propose un pixel-art de toute beauté. Certes, les environnements sont peu nombreux puisque le jeu est principalement un huit-clos, mais chaque personnage a une identité visuelle marquée et les quelques moments en dehors du lieu principal sont, eux aussi, très réussis. La musique de fingerspit, comme pour les précédents titres du studio, est un véritable délice musical et accompagne parfaitement l’ambiance du jeu.

    Screenshot Cosmic Wheel Sisterhood

    Points positifs


    Une histoire prenante
    Des personnages attachants
    Un jeu engagé
    La création de cartes
    Un pixel-art très joli
    La musique de qualité
    Traduit en français !

    Points négatifs


    Certains dialogues un peu crus
    La fin part en vrille sans raison

    9
    Indispensable
    The Cosmic Wheel Sisterhood réussit l'énorme défi de se différencier de The Red Strings Club tout en possédant toutes ses qualités. Une écriture fine, des personnages attachants, un cadre original, un pixel-art de qualité, des musiques enivrantes, des choix difficiles : tout est là pour que le jeu reste dans les esprits. Mon vent d'air frais de cet été. Dans cette année pourtant surchargée. The Cosmic Wheel Sisterhood a sa place sur le podium.

    Tags

    DeconstructeamPixel-artNarratif

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    DonBear

    DonBear

    Fondateur

    DÉVELOPPEUR :

    Deconstructeam

    ÉDITEUR :

    Devolver Digital

    DATE DE SORTIE :

    16 aout 2026

    PLATEFORME :

    PC, Switch

    PRIX À LA SORTIE :

    17,99

    Testé sur PC grâce à un code reçu par Cosmocover et l'éditeur

    Sommaire

    1
    Le pouvoir des trois sœurs sorcières
    2
    Tirer son épingle du jeu

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