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  • Test Triangle Strategy - Un mix entre FF Tactics et Game of Thrones

    Par DonBear
    Publié dans Tests
    24 avr. 2022
    6 min de lecture
    Test Triangle Strategy - Un mix entre FF Tactics et Game of Thrones

    Les histoires de JRPG classiques, ça pourrait se résumer à un élu qui doit sauver le monde en tentant de tuer un méchant qui pense bien faire mais qui fait mal. Il y a des variations, des exceptions, mais toujours des grandes lignes communes et des stéréotypes redondants. Les développeurs de chez Artdink et Netchubiyori, qui ont co-développé Triangle Strategy, ont voulu proposer autre chose. Une histoire plus proche d’un épisode de Game of Thrones que d’un Dragon Quest. Et pour ceux qui aiment lire, c’est sacrément réussi.

    Les aventures des Stark… Euh, des Wolffort

    L’histoire de Triangle Strategy prend place sur le continent de Norzelia, divisé entre trois grandes nations : Glenbrook, Aesfrost et Hyzante. Chacun à une manière bien spécifique de diriger, et tous se distingues nettement les uns des autres. Suite à une longue guerre engendrée par des raisons économiques, les trois puissances ont fini par trouver un terrain d’entente autour de la découverte d’une mine de sel, ressource la plus importante qui soit. Mais une certaine découverte va totalement chambouler les rapports de force…

    C’est dans ce méli-mélo politique que l’on incarne Serenor, futur héritier de la maison Wolffort, la plus puissante alliée du royaume de Glenbrook. Lorsque son père et ancien héros de guerre, Simon, voit sa santé flancher, Serenor devient le chef de famille et accessoirement celui qui doit la diriger. L’aventure se suit principalement à travers lui, et c’est avec lui que l’on découvre la myriade de personnages et d’intrigues politiques présents dans le jeu. Parce que oui, le cœur et l’attrait principal de Triangle Strategy, c’est son scénario. Dans cet univers de fantasy sans dragons ni autres bestioles terrifiantes (mais avec de la magie quand même), ce qui prime, ce ne sont pas les batailles entre des milliers de soldats ou les magiciens gris arrivés en renforts, mais bien les complots, les alliances et les trahisons. En somme, les jeux de pouvoir.

    Triangle Strategy

    Pour présenter ça de manière plus pragmatique, l’activité principale du jeu se résume à lire des dialogues. Mais attention, des dialogues bien écrits ! La tonne de personnages présents dans le scénario réussit à dévoiler tout autant de caractères et de visions très différents les uns des autres. Comme dans un épisode de Game of Thrones, on en adore certains et on en déteste d’autres ; on s’apitoie sur la mort d’un personnage central et on savoure la victoire durement acquise des gentils. Cette ressemblance avec la série d’HBO (ou les livres de Martin, comme vous voulez) se poursuit jusque dans ses travers, à savoir un manichéisme parfois pesant : les Stark et les Lannister ont bien leur équivalent dans le jeu. Il y a bien quelques protagonistes gris sur le spectre de la moralité, mais la majorité d’entre eux virent clairement vers un bord. Les gentils sont vite identifiés, et les méchants le sont tout aussi rapidement.

    Le plus gros problème que pose le scénario, finalement, c’est de réussir à rentrer dedans. Les premières heures consistent principalement à présenter les différentes factions, les personnages et leurs rôles, et comment ce beau monde fonctionne pour former un tout cohérent. Ça prend du temps, et c’est loin d’être la partie la plus intéressante. Et comme je le disais précédemment, il va falloir lire beaucoup de texte. Ceux qui étaient déjà dégoutés après avoir fini la démo peuvent déjà lâcher l’affaire, puisque c’est une bonne représentation du contenu présent dans le jeu.

    La bourse ou la vie ?

    Comme je disais, le jeu est manichéen. De fait, ça rend les twists visibles à des kilomètres, et seuls quelques-uns surprennent vraiment. Ce qui reste le plus appréciable, c’est plutôt de voir comment les héros vont se sortir d’une situation qui semble désespérée. Ça, et les choix. Parce que le deuxième grand intérêt du jeu réside dans la capacité du jeu à nous forcer à choisir entre des options extrêmes. Allez-vous abandonner Roland, prince de Glenbrook et votre meilleur ami, aux griffes de vos adversaires pour protéger la population ou décidez-vous de le défendre jusqu’au bout, au risque d’avoir des centaines de morts sur la conscience ? Allez-vous obéir au royaume qui vous demande de participer à un trafic illégal et dangereux pour obtenir son soutien, ou allez-vous l’envoyer chier et perdre au passage un allié de poids ? De ce genre de décisions cruciales, le jeu en est rempli.

    Triangle Strategy

    Heureusement, vous n’aurez nul besoin de décider seul. Le scénario introduit rapidement la balance qui offre aux protagonistes les joies de la démocratie. Dès lors qu’une décision importante doit être prise, Serenor invoque la balance et chaque membre du groupe qui l’accompagne doit voter. Ces phases représentent le deuxième élément principal de la boucle de gameplay : on suit l’histoire jusqu’à un événement important, ensuite on fait un choix, et en général la troisième phase implique des affrontements (dont je parlerais ensuite). Mais ces séquences ne se limitent pas à choisir et voir ce que les autres ont voté ; il est possible de les influencer si l’on possède les bons arguments. Et pour obtenir ces derniers, il faut explorer une zone délimitée où l’on peut discuter avec la population et ainsi en apprendre plus sur le contexte géopolitique. Ceci étant dit, cette notion de décision majoritaire ne m’a jamais empêché de choisir le résultat auquel j’aspirais, étant donné qu’il m’a suffi de convaincre les bonnes personnes.

    Tous ces choix offrent donc une immersion amplifiée par l’implication dans le scénario, mais aussi une excellente rejouabilité. Parce que chacun d’entre eux impacte de manière significative le déroulement du scénario et les relations entre les personnages. Il n’y a certes que 4 fins disponibles (dont une dite « parfaite » qui nécessite de suivre une soluce pour faire les bons choix, mais les chemins pour arriver à l’une d’entre elles diffèrent de bien des manières. Faire une deuxième partie où l’on décide de faire l’inverse des choix précédemment effectués permet de vivre une aventure totalement différente.

    Triangle Strategy

    Triangle Strategy est-il un bon tactical ?

    Et bien sûr, il y a les combats, l’aspect le plus attendu au tournant par les joueurs. De ce côté-là, Triangle Strategy ne réinvente pas la roue : ceux ayant déjà joué à Final Fantasy Tactics ne seront pas dépaysés. Le gros de la stratégie consiste à choisir les bonnes unités parmi les nombreuses recrues et les placer au bon endroit pour faire mouche. Pour se faire, il faut prendre en compte les différentes classes et les harmonies entre elles. Ce qui est intéressant, c’est que chaque personnage possède un classe distincte et donc un gameplay différent, permettant des synergies variées. Bien entendu, chaque compétence utilisée coute des PT au personnage, qui se recharge de 1 point par tour. Autant dire qu’il va être compliqué de spammer les sorts de magiciens ou les soins de zone.

    Le placement est primordial dans une bataille car il donne accès à des avantages conséquents. Un archer en hauteur possède une meilleure portée et des dégâts accrus, tandis qu’un soldat au corps à corps fera plus mal en tapant le dos. Surtout que les unités se répondent entre elles : par exemple, si un ennemi se trouve entre deux alliés, il se prendra deux coups. Un coup dans le dos joint par une deuxième attaque permet de descendre efficacement le nombre de points de vie d’un adversaire retors. De la même manière, se faire encercler est rarement bon signe, et engager trop de soldats au corps à corps les laissent à la merci des mages et des archers adverses.

    Par contre, du côté de la customisation, Triangle Strategy est moins riche que ses influences. On peut aller dès qu’on le décide dans un campement, qui offre la possibilité d’améliorer ses troupes, de s’entraîner pour gagner de l’expérience et d’acheter des objets divers et variés. Seulement, les options sont très limitées : pas de changement drastique de classes, pas de mélange original, ni quoique ce soit permettant de modifier les personnages à notre convenance. Globalement, on peut améliorer leurs statistiques en ayant les ressources demandées (obtenable soit lors des combats, soit lors des phases d’exploration avant le vote), et faire évoluer leur classe vers des classes améliorées, mais c’est tout. Ne vous attendez donc pas à passer des heures à vous créer une troupe d’élite correspondant parfaitement à vos goûts.

    Triangle Strategy

    L’autre gros défaut réside dans le manque de conséquences dans une défaite. Si un personnage meurt lors d’un combat, il n’aura aucun malus pour les prochains affrontements, excepté le fait qu’il n’aura pas gagné l’expérience qu’il aurait pu avoir en achevant des ennemis. Un choix compréhensible pour les personnages clés de l’histoire, mais il aurait été appréciable d’avoir un vrai sentiment de stress face à la perte d’un personnage secondaire. Il en va de même si vous perdez une bataille : vous pouvez la recommencer sans problème, avec l’expérience accumulée dans le précédent combat. En découle une perte d’intensité dans les combats importants de l’histoire, puisqu’on sait d’avance qu’aucune conséquence ne viendra ternir l’expérience. Toutefois, on peut contraster ce léger défaut avec la difficulté parfaitement dosée. En effet, certains combats – même en normal – amèneront inéluctablement des game over, sans pour autant être frustrant grâce à la progression acquise lors des précédents échecs. C’est fluide, ça se rejoue sans problème en essayant de nouvelles stratégies, et ça ne nécessite pas de recommencer en boucle pour parvenir à la victoire.

    Clôturons ce test par un des points les plus réussis du jeu : ses graphismes. Depuis Octopath Traveler, le pixel-art en 2D HD fait des merveilles sur plusieurs titres, et Triangle Strategy n’y échappe pas. L’eau est sublime, les reflets de lumières aussi, et les personnages en pixel-art s’intègrent parfaitement dans les décors. Ces visuels s’accompagnent d’une musique puissante qui appuie toujours là où il faut, quand il faut.

    Développeur : Artdink – Éditeur : Nintendo

    Sorti le 4 mars 2022 sur Switch à 59,99 €

    Testé sur Switch.

    Points positifs


    Un scénario prenant
    Des personnages attachants
    Les choix cornéliens
    Une bonne rejouabilité
    Vraiment joli
    Une bande-son agréable
    Les affrontements simples mais très efficaces
    Une difficulté parfaitement dosée

    Points négatifs


    Long à commencer
    Beaucoup de chargements
    Les personnages recrutables très oubliables
    Des twists prévisibles
    Aucune conséquence si on perd un combat

    8
    Incroyable
    Triangle Strategy est un excellent jeu. L’aspect tactical reste classique et sans surprise, mais affiche une belle maitrise des codes et profite d’une excellente maniabilité. Là où il surprend le plus, c’est dans la richesse de son scénario : on découvre petit à petit l’univers et ses factions, et on s’attache rapidement aux personnages. On est pris dans des intrigues politiques riches en rebondissements, qui sont toutefois prévisibles à cause du manichéisme omniprésent. Un défaut très léger, au vu du plaisir ressenti à vivre cette aventure, mise en valeur par un pixel-art en HD-2D du plus bel effet. Au vu de la faible offre pour les tactical en ce moment, vous auriez tort de vous priver.

    Tags

    TacticalSquare EnixNarratifSwitch

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