The Outer Worlds Spacer's Choice Edition - Bon RPG, mauvais portage

Obsidian a marqué de nombreux joueurs avec Fallout New Vegas. Le jeu fait désormais partie de ces jeux cultes, que tout fan de RPG doit au moins avoir essayé. En 2019, quand sort The Outer Worlds, l’attente était bien là. Elle fut récompensée par un RPG aussi cynique que drôle, avec de multiples possibilités de personnalisation et un univers décalé (peut-être pas tant que ça, finalement). Et s’il a bien plu en son temps, une petite cure de jouvence devrait lui faire le plus grand bien. C’est du moins ce que quelqu’un s’est dit, puisque voici sortie la Spacer’s Choice Edition, qui promet des améliorations graphiques pour une expérience toujours plus plaisante. Mais, est-ce vraiment le cas ?

Un RPG par les créateurs de Fallout New Vegas

Sorti en 2019, The Outer Worlds est un très bon RPG. On retrouve le studio Obsidian aux commandes, connu notamment pour avoir créé l’un des opus préférés des fans de Fallout, New Vegas. On y incarne un personnage tiré de sa cryogénisation par un énigmatique personnage, le scientifique Phineas Welles, alors que le vaisseau qui nous transportait flotte à la dérive dans l’espace. Il nous annonce la triste nouvelle que notre réveil, qui devait initialement avoir lieu au bout d’une dizaine d’années, aura finalement pris 70 ans à arriver. Et le monde a bien changé durant ce temps long : les mégacorporations dirigent les colonies à peu près n’importe comment, conduisant les villes à des catastrophes sociales. Phineas compte sur nous pour terminer notre mission initiale, à savoir mener à bien la colonisation de planètes.

À partir de ce triste constant, la liberté offerte est totale. On peut se la jouer gros dur, diplomate, technocrate, ou tout un tas d’autres mots finissant en « ate ». On peut déjouer les plans de Phineas en le dénonçant ou suivre ses consignes. On peut détruire des villes ou les faire prospérer, s’allier aux groupes refusant l’oligarchie et sa politique presque esclavagiste ou mettre un terme à leur résistance. The Outer Worlds propose une aventure digne des meilleurs moments d’un Fallout ou d’un Borderlands grâce à une personnalisation poussée du personnage, avec en plus un zeste d’humour. Enfin, un zeste constant et irrévérencieux, qui transpire durant chaque dialogue le cynisme que peut provoquer un univers nél-libéral. Si le jeu n’a pas de discours politique bien établi puisqu’il vous laisse le choix d’agir comme bon vous semble, les sous-entendus sont bien présents et peu difficiles à comprendre. C’en est presque un jeu provocateur, qui sait offrir des dialogues savoureux et des situations rocambolesques.

Une liberté qui se traduit aussi par un gameplay riche en possibilités. Les points à dépenser dans des caractéristiques à chaque montée de niveau permettent de se construire le personnage de ses rêves. Qu’on soit plus dans la discussion avec l’intimidation ou l’art de convaincre, dans la confrontation avec la maîtrise des armes à feu légères et lourdes ou les armes de combat au corps à corps, dans la filouterie avec le crochetage et le vol, ou dans la connaissance avec la médecine et l’ingénierie, tout ou presque est possible. RPG oblige, vous commencez relativement faible, mais les bonus débloqués par paliers atteints dans chaque domaine rendent de plus en plus puissants au fur et à mesure des niveaux gagnés. Et si ça ne suffit pas, la capacité de ralentir le temps est un excellent soutien en cas de coup dur, en plus de la possibilité d’avoir deux compagnons qui vous accompagnent dans vos pérégrinations.

Le game design est à l’image de tout le reste : très ouvert. The Outer Worlds n’est pas un monde ouvert à proprement parler puisqu’il est découpé en zones – plus ou moins grandes – mais vous permet malgré tout de vous promener à votre contenance. Au fil des quêtes terminées, vous irez de planète en planète découvrir des mondes toujours plus chatoyants grâce à une direction artistique haute en couleur. Sur l’aspect visuel, le jeu est une vraie réussite pour quiconque est à la recherche de dépaysement et de beaux environnements.

Une nouvelle édition si prometteuse, et pourtant…

The Outer Worlds Spacer’s Choice Edition paraissait donc toute choisie pour ceux qui n’avaient pas encore sauté le pas. Déjà, elle contient les deux excellents DLC Péril sur Gorgone et Meurtre sur Eridan. Le premier propose d’explorer une étrange planète astéroïde où se déroulerait de douteuses expériences, tandis que le second nous place au centre d’une enquête aussi farfelue qu’intrigante. Avec cette édition, vous avez donc accès à tout ce qui fait le charme du jeu pour le prix d’un jeu classique.

En plus, les graphismes ont été revus à la hausse pour être dignes de la génération actuelle. Des textures en 4K, des personnages retravaillés, des animations plus fluides, avec en complément une IA plus intelligente et des temps de chargement raccourcis. Tout ce qu’il faut pour être heureux, non ? À première vue, les améliorations sont non négligeables. Cependant, en creusant un peu, les améliorations graphiques ne sont pas à la hauteur des standards actuels. Et surtout, la technique est atroce.

Fort d’un PC plutôt puissant, j’ai lancé le jeu sans aucunement douter de ce qui m’attendait. Avec une RTX 3080, un Ryzen 5 7800X, 32 Go de ram et un SSD, je me suis naturellement dit que cette version tournerait sans peine puisque c’est le cas de mastodontes comme Cyberpunk 2077. Quelle ne fut pas ma surprise alors de constater d’importantes chutes de framerate dès les premières minutes de l’aventure. Au point même d’en devenir parfois injouable pendant les combats, tant les freeze persistent. Et même lorsqu’ils sont stabilisés, rares sont les moments où sont dépassés les 40 FPS en 1440p. Pour le dire simplement, cette Spacer’s Choice Edition est catastrophique sur le plan technique. Le jeu a aussi momentanément crashé plusieurs fois durant ma partie, et quelques bugs sont apparus ici et là.

Quel dommage. The Outer Worlds Spacer’s Choice Edition est la parfaite porte d’entrée sur le papier. Par contre, ce n’est pas forcément le meilleur moyen de revisiter le jeu puisque les sauvegardes ne sont pas transférables de la version d’origine à celle-ci. Alors, pour les nouveaux venus et ceux qui n’ont pas envie de repartir de zéro spécifiquement, je ne peux que vous conseiller d’attendre des patchs pour régler les problèmes techniques. Parce que la version d’origine tourne mieux, et les améliorations graphiques ne justifient pas l’inconfort apporté par les ralentissements réguliers. Si vous souhaitez découvrir le jeu avant la sortie du deuxième opus, voici tout ce que je peux vous dire : prenez votre mal en patience.