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    Par DonBear
    Publié dans Archives
    22 juil. 2021
    5 min de lecture
    Activision Blizzard accusé de harcèlement sexuel et de discrimination

    Après Ubisoft l’été dernier, voilà désormais Blizzard attaqué en justice pour cause de pratiques néfastes. L’entreprise est accusée de discrimination, harcèlement sexuel, inégalités salariales et de tout un tas d’autres comportements peu reluisants.

    Activision Blizzard est une des plus grosses boites de l’industrie vidéoludique. Avec des licences comme Call of Duty, Diablo, Wacraft ou encore Overwatch, l’entreprise dispose de nombreux studios de développements et d’un parc de joueurs immense. Un poids qui se ressent sur les capacités financières du groupe : son chiffre d’affaires s’élevait à 5,7 milliards de dollars en 2019, tandis que sa capitalisation boursière équivaut à 71 milliards de dollars en 2020. Un poids lourd donc.

    Un acteur majeur avec déjà pas mal de casseroles sur le dos. L’année dernière déjà, l’entreprise était vivement critiquée pour son traitement inégal envers les différentes strates de l’entreprise. En mars dernier, on apprenait qu’Activision Blizzard licenciait environ 200 personnes alors que l’entreprise engrangeait d’énormes revenus avec une année 2020 record. L’entreprise a ainsi déclaré des revenus s’élevant à 1,93 milliard de dollars pour le premier trimestre 2020 – soit un bond de plus de 500 millions par rapport au second trimestre 2019 – et un revenu à peu près équivalent pour les deux autres trimestres. Mais ce n’est pas tout : en 2019, le géant de l’industrie se séparait de 800 personnes, soit 8% de son effectif total tout de même. Le problème dans tout ça ? Le PDG Bobby Kotick, quant à lui, a vu sa rémunération augmenter, gagnant ainsi sur l’année 154,6 millions de dollars. Une somme qui représente 1560 fois le salaire médian au sein de la boite, à un moment où les effectifs diminuent considérablement.

    Aujourd’hui, c’est encore une fois pour de mauvaises raisons que l’éditeur est sous la lumière des projecteurs. Après 2 ans d’investigations est déposé une plainte de la DFEH (Dept Fair Employment & Housing, en français le Département de l’emploi et du logement équitables) auprès de la Cour supérieure de Los Angeles sur la toxicité des comportements au sein de l’entreprise. La plainte, qui représente pas moins de 20% des employés, met en avant le fait que rejoindre l’entreprise donne le sentiment de rejoindre une fraternité avec ce que « cela induit de collaborateurs sous l’emprise de l’alcool et soumettant les employées féminines à un harcèlement sexuel sans la moindre répercussion. »

    Les employées sont soumises à un harcèlement constant, et doivent continuellement repousser les commentaires et avances sexuelles de leurs collègues et directeurs masculins. Dans un cas tragique, une employée s’est suicidée durant un voyage d’affaires avec l’un de ses superviseurs qui avait apporté avec lui des plugs anaux et du lubrifiant.

    Comme si cela n’était pas déjà assez horrible, on apprend aussi qu’il existe une forte inégalité au niveau des salaires, des promotions et des licenciements. Par exemple, on peut lire dans la plainte qu’un employé nouvellement promu s’adonnait aux joies de Call of Duty toute la journée, en déléguant à sa subordonnée les tâches qu’il devait lui-même effectuer. Ou encore que l’ancien directeur créatif de World of Wacraft, Alex Afrasiabi, s’amusait à draguer lourdement ses collègues féminins et à les tripoter, au point que sa suite personnelle soit baptisée la « Cosby Suite », en référence à l’acteur Bill Cosby, condamné pour agressions sexuelles. Certains virent les femmes des salles d’allaitements pour leurs réunions ; d’autres draguent ouvertement, font des commentaires désobligeants sur le viol et adoptent des comportements dégradants ; et quelques-uns font les deux à la fois. Belle ambiance.

    Les superviseurs ont ignoré les restrictions médicales imposées aux employées et leur ont donné des évaluations négatives alors qu’elles étaient en congé de maternité. D’autres employées ont rapporté qu’elles étaient critiquées parce qu’elles partaient chercher leurs enfants à la garderie alors que leurs homologues masculins jouaient à des jeux vidéo et que les employées étaient expulsées des salles d’allaitement afin que les employés puissent utiliser la salle pour des réunions.

    Les employées afro-américaines semblent particulièrement visées par les discriminations :

    Une employée afro-américaine a indiqué qu’il lui a fallu deux ans pour devenir une employée permanente alors que les hommes embauchés après elle sont devenus des employés permanents. Elle était également soumise à une microgestion telle que ses collègues masculins étaient connus pour jouer à des jeux vidéo sans que son supérieur n’intervienne, mais son supérieur l’appelait pour vérifier si elle faisait une pause pour se promener. Une autre employée afro-américaine, qui travaillait dans le domaine des technologies de l’information, a été soumise à une microgestion similaire par son supérieur, contrairement aux hommes de son équipe. Lorsqu’elle demandait un congé, son supérieur lui faisait rédiger un résumé d’une page sur la façon dont elle comptait utiliser ce congé, alors que personne d’autre n’avait à le faire.

    Cerise sur le gâteau, les Ressources Humaines ne font rien pour aider les victimes, et les enfoncent même parfois :

    Les employées ont été découragées dans leur démarche, car le service des ressources humaines était réputé pour être proche des harceleurs. Une enquête menée en interne montre l’absence de confiance et leur peu d’estime portée aux ressources humaines. Sans surprise, l’une des plaintes a été traitée de façon superficielle et dédaigneuse, et n’est pas restée confidentielle.

    Ces plaintes qui ne sont pas restées confidentielles se sont retournées contre leurs auteurs. Ils se sont retrouvés « soumis à des représailles, y compris, mais sans s’y limiter, en étant privés de travail sur des projets, transférés contre leur gré dans des unités différentes et sélectionnés pour des licenciements. »

    Forcément, Blizzard Activision n’est pas resté sans rien faire devant ces accusations. Un porte-parole de l’entreprise déclare ainsi que des enquêtes seront effectuées en interne, et que certaines accusations sont fausses :

    Nous valorisons la diversité et nous nous efforçons de favoriser un lieu de travail qui offre l’inclusion pour tous. Il n’y a pas de place dans notre entreprise ou notre industrie, ou dans aucune industrie, pour une inconduite sexuelle ou un harcèlement de quelque nature que ce soit. Nous prenons chaque allégation au sérieux et enquêtons sur toutes les réclamations. Dans les cas liés à une mauvaise conduite, des mesures ont été prises pour résoudre le problème. Le DFEH comprend des descriptions déformées et dans de nombreux cas fausses du passé de Blizzard. Nous avons été extrêmement coopératifs avec le DFEH tout au long de leur enquête, notamment en leur fournissant des données détaillées et une documentation abondante, mais ils ont refusé de nous informer des problèmes qu’ils percevaient. L’image que le DFEH brosse n’est pas le lieu de travail Blizzard d’aujourd’hui.

    Bien entendu, Activision Blizzard n’a pas hésité à jouer le Caliméro, se disant victime d’un comportement irresponsable de bureaucrates :

    Nous sommes écoeurés par la façon condamnable dont le DFEH a instruit dans la plainte le suicide tragique d’une employée, dont la disparition n’a absolument aucun lien avec cette affaire, et ce sans la moindre compassion à l’égard de la famille en deuil. Bien que nous jugions ce comportement à la fois scandaleux et non-professionnel, il illustre la façon dont les enquêteurs se sont comportés tout au long de leur investigation. C’est ce type de comportement irresponsable de la part de bureaucrates d’Etat inconscients qui poussent bon nombre des meilleures entreprises de l’État à quitter la Californie.

    Voilà qui ne devrait pas redorer le blason d’Activision Blizzard, déjà bien entaché par ses licenciements massifs. Désormais, il ne reste plus qu’à attendre que la justice américaine tranche et, espérons le, fasse de ces comportements exécrable de l’histoire ancienne au sein de l’entreprise.

    Source : Bloomberg, PC Gamer et Kotaku

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